Bergevin

À Montréal, l'heure des bilans sonne toujours trop tôt.
Après avoir raté les séries éliminatoires, l'an passé, les Canadiens auront été incapables de franchir la première ronde.

À qui la faute?
Pas besoin de vous faire un dessin : un peu tout le monde passera au banc des accusés au cours des prochains jours, si ce n'est déjà fait.
De Marc Bergevin à ... Ginette Reno, ils vont tous y passer. Un par un.
Mais avant de donner les sentences, soyons beaux joueurs : les Rangers de New York ont mieux joué que les Canadiens. Oui, la meilleure équipe a gagné.
Henrik Lundqvist, l'homme, qui a souvent perdu son bâton, mais jamais son sang-froid et ses repères, a été supérieur à Carey Price, et l'attaque des Canadiens, avec en tête son capitaine Max Pacioretty, a été carrément déficiente dans les moments importants.
À cinq contre cinq ou en supériorité numérique, les Canadiens sont trop souvent incapables d'inscrire le but qui fait la différence. Ses meilleurs joueurs ne suffisent pas. Même ses fantômes ne répondent plus aux appels.
J'avais choisi les Canadiens en six. Je me suis planté parce que, comme bien d'autres, j'ai bêtement sous-estimé la formation d'Alain Vigneault.
Une équipe qui récolte 102 points au sein d'une section qui regroupe Washington, Pittsburgh et Columbus méritait un peu plus de respect. Ça m'apprendra.
On fait quoi?
Les partisans des Canadiens sont amèrement déçus et ils ont raison de l'être.
Ils ont un peu le sentiment d'avoir été dupés.
Ils étaient nombreux à croire en cette équipe.
Après les multiples changements apportés par le directeur général Marc Bergevin, ils étaient certainement en droit d'espérer mieux. Peut-être pas la Coupe Stanley, mais une deuxième, voire une troisième ronde en séries.
Bergevin a acquis de bons éléments en Shea Weber, qui n'a rien à se reprocher, Alexander Radulov, qui a été le meilleur attaquant de l'équipe, cette année, et Andrew Shaw, entre autres.
Il a même viré son entraîneur Michel Therrien en cours de route pour confier l'équipe à un entraîneur racé et hautement coté, Claude Julien.
Cela dit, les deux dernières saisons des Canadiens nous ont appris certaines choses; notamment, sans Price, les Canadiens forment une équipe ordinaire.
Et avec Price, ils sont de taille à mériter une place dans les séries éliminatoires, mais ils ne sont pas encore assez forts pour espérer un long parcours en séries.
À son équipe, Bergevin a ajouté du caractère, du leadership et du muscle.
Mais la preuve est faite, ce n'est pas encore assez.
Une fenêtre de ... sous-sol
Somme toute, Bergevin est de nouveau condamné à dénicher un joueur de centre sur le marché des transactions ou ailleurs.
L'homme qui a sorti Radulov de son chapeau devra réaliser un autre coup fumant.
Je vous défie de trouver une équipe qui, au cours des 20 ou 25 dernières années, a gagné la Coupe Stanley sans la présence d'un centre de haut niveau. Bonne chance.
Au centre, les Canadiens ressemblent aux rues de Montréal. T'as beau remplir les nids de poule, le problème perdure. Ça prend une solution durable, efficace.
À Bergevin de la trouver. Et vite.
Alex Galchenuyk devait être ce joueur de centre. Il ne l'est toujours pas. Le deviendra-t-il un jour? Pas sûr.
Or Bergevin ne peut s'offrir le luxe d'attendre plus longtemps.
Il est désormais engagé dans une course contre la montre.
Les Canadiens, jusqu'à preuve du contraire, disposent toujours de cette fenêtre d'opportunité.
Mais le temps presse.
La « bay-window » est en train de se transformer en fenêtre de sous-sol.
Avant longtemps, elle ne sera plus qu'un souvenir.