ARLINGTON, Virginie – Il y a tout juste un an, Bradly Nadeau s’apprêtait à vivre la transition entre les Vees de Penticton dans la BCHL et les Black Bears de l’Université du Maine dans la NCAA.
Choix de premier tour des Hurricanes de la Caroline (30e au total) au repêchage de 2023, Nadeau n’a pas joué longtemps à l’alma mater de Paul Kariya. Son passage se résume à une seule saison.
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Et par un curieux hasard, il aura suivi le même chemin que Kariya, passant de Penticton au Maine avant de faire le saut chez les professionnels. Mais l’ancien des Mighty Ducks avait étudié pendant deux saisons.
Kariya, le quatrième choix au total à l’encan de 1993, a connu une glorieuse carrière au niveau de la LNH avec près de 1000 points (989) et près de 1000 matchs (989).
S’il y a un parallèle à tracer entre les deux joueurs, mis à part Penticton et le Maine, c’est que les deux attaquants n’ont pas la stature d’un géant. Kariya a survécu à une période où la robustesse était encore plus présente dans la LNH avec un physique de 5 pi 11 po et 180 lb. Dans le cas de Nadeau, il mesure 5 pi 10 po et il pèse 170 lb.
À son unique saison à l’Université du Maine, Nadeau a déjoué ceux qui le croyaient trop frêle avec une production de 46 points (19 buts, 27 passes) en seulement 36 rencontres. Malgré ses 18 ans, Nadeau a terminé au sommet des marqueurs de son équipe en devançant son grand frère Josh par un point. Il a aussi reçu des considérations pour le trophée Hobey-Baker, décerné au meilleur joueur de la NCAA, mais il n’a finalement pas terminé parmi les dix finalistes.
Invité à la vitrine des meilleurs espoirs de la LNH, un événement organisé conjointement par l’Association des joueurs et le fabricant de cartes, Upper Deck, à Arlington au centre d’entraînement des Capitals, le rapide ailier a résumé sa dernière saison.
« Je n’avais pas imaginé ça, a-t-il dit avec le sourire. J’arrivais de Penticton dans la BCHL et je ne savais pas trop à quoi m’attendre pour mes débuts dans la NCAA. J’ai finalement joué juste une saison à l’Université du Maine. Mais j’ai profité de bons entraîneurs et de bons coéquipiers pour réussir à m’adapter rapidement. J’ai participé à un match à la toute fin de l’année avec les Hurricanes de la Caroline. J’ai tellement aimé l’expérience. »
Nadeau a paraphé son contrat de recrues avec les Hurricanes le 7 avril dernier. Le 16 avril, il a porté l’uniforme des « Canes » pour une première fois. C’était lors du 82e et dernier match de la saison, dans un revers de 6-3 contre les Blue Jackets de Columbus.
« Je pensais que c’était le bon moment pour moi (de faire le saut chez les professionnels), a-t-il expliqué. Je savais que les Hurricanes étaient pour perdre des joueurs en raison du plafond salarial. Je croyais aussi que mon jeu était rendu prêt pour le prochain niveau. J’ai fait ce choix en prenant bien le temps d’y réfléchir. »
« J’ai connu un bon match, a-t-il continué. J’ai trouvé le rythme du jeu plus rapide, mais je m’attendais à une période d’adaptation. Les joueurs sont aussi plus gros et forts. J’ai réussi à utiliser mes forces pour bien me débrouiller. J’ai hâte de voir si je réussirai à percer la formation des Hurricanes au prochain camp. »
À ses débuts dans la LNH, Nadeau a passé près de 20 minutes sur la glace (19:08), il a décoché trois tirs, mais il a terminé avec un différentiel de -3. Les Hurricanes avaient reposé plusieurs vétérans pour ce dernier match.
Au prochain camp, le Néo-Brunswickois cherchera à se battre pour une place avec le grand club. S’il n’y parvient pas, il se retrouvera avec les Wolves de Chicago dans la Ligue américaine.
« Je ne veux pas trop y penser, a-t-il affirmé. Je souhaite juste bien me préparer et m’offrir toutes les chances. On verra ce qui arrivera. Si les Hurricanes croient que je ne suis pas prêt pour la LNH, je passerai une saison dans la Ligue américaine. Je serai aussi content de le faire. J’aurai du temps pour m’adapter au jeu chez les pros.
« C’est toujours difficile de te fixer des attentes pour la LNH. Tu ne sais jamais ce qui peut survenir durant la saison morte. Mais les Hurricanes m’ont dit de bien me préparer physiquement et d’arriver au camp dans un bon état d’esprit. Ils m’ont conseillé d’ajouter quelques livres aussi. J’aurai surtout besoin de confiance. »
La fierté d’un petit village
Dans les corridors du Medstar Capitals Iceplex, Nadeau discutait en français avec le représentant de La Presse et l’auteur de ces lignes. Olivier Rodrigue, un espoir des Oilers d’Edmonton, a appris à ce moment que le petit ailier s’exprimait dans la même langue que lui.
Nadeau est originaire de Saint-François-de-Madawaska, un petit village de 600 habitants au Nouveau-Brunswick. Il a grandi sur une ferme bovine transmise depuis trois générations de Nadeau en Nadeau.
À court terme, Bradly et son frère, Josh, consacrent toutes leurs énergies à leur carrière respective au hockey et ils ne songent pas à prendre le relais sur la terre.
« Mon père m’a toujours encouragé avec le hockey, a souligné Bradly avec son accent acadien. Mes parents (John et Manon) sont fiers de moi. Pour la ferme, c’est une autre affaire. Mes parents s’en occupent encore et ils se débrouillent bien. Après ma carrière, je pourrais penser à prendre la relève. Mais ils ne veulent pas que je me stresse avec ça. Je peux me concentrer uniquement sur le hockey. »
Josh, qui a participé au camp de développement des Canadiens cet été, jouera une deuxième saison à l’Université du Maine cette année. Il fêtera ses 21 ans le 22 octobre.
Avec sa petite expérience d’un match avec les Hurricanes, Bradly a déjà réalisé une première pour son patelin. Il est le premier joueur originaire de Saint-François-de-Madawaska à patiner sur une glace de la LNH.
« J’ai toujours reçu l’aide de ma communauté, a-t-il précisé. C’est un honneur pour moi d’être le premier. Mon village a poussé pour moi afin de me voir parcourir tout ce chemin. »