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MELBOURNE, Australie – Clayton Keller était assis sur une chaise pliante dans le corridor principal du America First Center à Henderson, au Nevada, pendant la Tournée médiatique nord-américaine des joueurs de la LNH, la semaine dernière, l’air détendu et prêt. Pourquoi ne le serait-il pas?

Au même stade, la saison dernière, Keller venait à peine de se rétablir d’une fracture du fémur, une importante blessure qui l’a fait se questionner sur la suite de sa carrière. Il avait suivi le processus de réadaptation tout au long de l’été, dans une convalescence qui l’empêchait même de marcher. Lorsqu’il avait besoin de quelque chose, tout ce qu’il pouvait faire était de texter sa mère Kelley.

Mais il est revenu de cette blessure encore plus fort et a connu sa meilleure saison dans la LNH – une campagne de 86 points qui lui a permis d’égaler le record de concession de Keith Tkachuk pour le plus de points en une saison.

Donc, quand Keller se fait demander s’il peut en inscrire 100 cette année, il affiche un sourire et il fait un clin d’œil.

« Faisons-le », lance-t-il.

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Ç’a du sens que Keller déborde de confiance en vue de la saison à venir. Ç’a du sens qu’à 25 ans, Keller soit prêt pour une autre saison record, une façon de bâtir sur les sommets qu’il a atteints en 2022-23. Ç’a du sens qu’il croit que les 100 points sont à sa portée, alors que Keller et les Coyotes de l’Arizona entament une saison plus intéressante et plus prometteuse que celles de leurs années précédentes.

Ça explique pourquoi ses yeux s’illuminent et pourquoi il affiche un visage confiant.

Ça devrait être son année, non?

« La saison dernière, il y avait tellement de points d’interrogation : allait-il être en mesure de performer? Sa jambe allait-elle tenir le coup? Cette année, il peut se concentrer sur son jeu, son rendement et l’équipe », a dit Kelley Keller.

C’est le plan.

Et ça commencera en grand. Les Coyotes amorcent leur camp d’entraînement avec un voyage à Melbourne, en Australie, pour la Série globale 2023 de la LNH, où ils disputeront deux matchs préparatoires contre les Kings de Los Angeles au Rod Laver Arena, samedi et dimanche.

« Je me sens vraiment bien, a commenté Keller. Un été complet d’entraînement et de séances sur la glace. C’est tout le contraire de l’été dernier, alors qu’il y avait beaucoup d’incertitudes concernant ma santé en vue de la saison. Je me sens super bien. Je n’ai jamais été aussi fébrile à l’approche d’une saison. »

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Aucun doute ne subsiste. Pas de points d’interrogation.

Les Coyotes devraient être meilleurs, eux aussi, après avoir terminé au septième rang de la section Centrale, avec une fiche de 28-40-14 la saison dernière. Ils pourront miser sur une infusion de jeune talent très bientôt. Leur banque d’espoirs regorge de joueurs de haut niveau. Ils ont embauché des vétérans qui vont ajouter de la profondeur à leur formation, ce qui va empêcher leurs adversaires de concentrer tous leurs efforts pour neutraliser le trio de Keller.

Il n’y a toutefois rien de garanti.

« Dans le sport, ce n’est pas parce que tu as frappé 40 circuits l’an dernier que tu vas automatiquement en frapper 40 cette année, a imagé l’entraîneur André Tourigny. C’est la même chose dans la LNH. Je blaguais avec (Shane Doan) l’an dernier, en lui demandant pourquoi il n’avait pas marqué 40 buts chaque année, puisqu’il l’avait fait une fois. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, et c’est toujours difficile de répéter ses performances, puisque les circonstances peuvent changer.

« Mais s’il y a une chose que je sais au sujet de “Kells”, c’est que peu importe combien de points il a amassés l’an dernier, il va avoir le couteau entre les dents cette année. »

Et en raison de ce qu’il a dû traverser, parce qu’il a bien pensé que tout allait s’envoler, parce qu’il a travaillé tellement dur pour connaître sa meilleure saison en carrière l’an dernier, parce qu’il a tout enduré et persévéré au cours de sa réadaptation, parce qu’il a connu du succès par la suite, plus personne ne sera surpris s’il fait encore mieux cette saison.

« Il a connu une éclosion, mais cette blessure a semé un doute dans sa tête, il se demandait s’il allait pouvoir retrouver le même niveau, a noté Tourigny. Et même s’il le savait et qu’il avait confiance en ses moyens, je pense qu’il y a une différence entre avoir confiance en soi et réaliser ce qu’on est capable de faire. »

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Cette blessure est survenue le 30 mars 2022, lorsque ses jambes sont entrées durement en contact avec la rampe contre les Sharks de San Jose. Il a été transporté à l’hôpital en ambulance, où ses vêtements ont été déchirés afin qu’il soit opéré immédiatement.

Il était tellement inquiet qu’il a demandé au médecin s’il allait pouvoir jouer à nouveau.

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Lorsqu’il a été rassuré, il s’est investi dans sa réadaptation, afin de revenir au même niveau le plus rapidement possible. Il était déterminé dans son approche, il s’est entraîné mentalement et physiquement afin de revenir au jeu le plus rapidement possible.

« Comment puis-je m’améliorer? Qu’est-ce que je dois faire?, a raconté Kelley. Il regardait toujours vers l’avant. »

Il a adopté un chien, né le 2 février 2022 et prénommé Lucky, même s’il se déplaçait en béquilles et qu’il était incapable d’aller le promener. 

Mais après tout ça, après tous les messages textes à sa mère, après toute cette réadaptation, après ce boitillement qui a guéri bien plus tard que prévu, bien des éléments demeuraient inconnus en vue de la saison 2022-23.
 
Rien de tout cela n'a eu d’importance. Keller a répondu avec une saison de 86 points (37 buts, 49 passes), battant ainsi ses marques personnelles dans la LNH – réalisées lors de sa saison recrue en 2017-18 – par 21 points. Il a disputé les 82 matchs du calendrier. 

Il avait martelé que sa blessure n’allait pas le ralentir, qu’elle ne pourrait pas le faire.

« La blessure de Clayton était majeure, et c’était tellement inspirant de voir à quel point il a travaillé fort pour revenir en force et devenir un meilleur joueur, le tout sans manquer un match », a souligné le directeur général Bill Armstrong.

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Voilà qui représente bien ce qu’est Keller : une boule de désir, d’énergie et de confiance. C’est le joueur que l’attaquant des Panthers de la Floride Matthew Tkachuk avait vu à l’œuvre lorsque les deux jouaient ensemble à St. Louis quand ils étaient enfants.

« Il était probablement le meilleur joueur au hockey mineur à ce moment, a expliqué Tkachuk. C’était un monstre, et il l’est encore. »

Même lorsqu’il était plus petit que tous ses adversaires et même quand il était surclassé d’une année, Keller n’a jamais reculé et n’a jamais été intimidé. Il a toujours cru qu’il pouvait se prouver et déjouer les probabilités.

C’est grâce à cette attitude qu’il a pu revenir en force et qu’il veut maintenant s’insérer parmi l’élite de ce sport.

« Il est tellement plus mature, a souligné Tourigny. C’est un bien meilleur leader. Il est un joueur plus complet des deux côtés de la patinoire, et il a faim. Il a toujours faim. Il désire être dominant. Il veut toujours s’améliorer. C’est ce que tu veux voir de tes leaders. Il en veut plus, il est affamé, et c’est excitant à voir. »

Tkachuck, comme plusieurs autres, croit que le plateau des 100 points est à la portée de Keller. Il sera mieux entouré grâce à l’arrivée de quelques vétérans chez les Coyotes durant la saison morte ainsi qu’à la progression des jeunes joueurs autour de lui. Il aura une meilleure occasion de se prouver.

« Quand tu te tiens avec lui, tu constates à quel point c’est un compétiteur, a affirmé Armstrong. Une des choses les plus importantes que les gens ne savent pas à propos de lui, c’est que le hockey est au centre de sa vie. Il est sur la glace durant tout l’été pour travailler sur son lancer. Il fait toutes les petites choses.

« C’est un de nos meilleurs joueurs, et un jour, il sera possiblement considéré comme le meilleur joueur de l’histoire des Coyotes. »

Avec la collaboration de la journaliste de NHL.com Tracey Myers et du correspondant indépendant Alan Robinson

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