Slafkovsky badge Chaumont

BROSSARD – Au baseball, Reggie Jackson a hérité du surnom de Monsieur octobre pour ses circuits avec les Yankees de New York lors de la Série mondiale de 1977. Au hockey, Brian Savage avait obtenu le même sobriquet, mais ce n’était pas aussi glorieux.

Savage, l’ancien numéro 49 des Canadiens, marquait à un rythme endiablé dans les premiers matchs du calendrier pour ensuite voir sa production s’essouffler.

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Né le 30 mars 2004, Juraj Slafkovsky n’a aucun souvenir de Savage dans l’uniforme du CH. L’Ontarien a joué sa dernière saison à Montréal en 2001-2002 et il a terminé sa carrière en 2005-2006 avec les Flyers de Philadelphie.

Slafkovsky n’a aucunement l’intention de suivre les traces de Savage, mais il a déjà encerclé le mois d’octobre dans son guide de préparation.

« J’ai besoin de jouer avec intensité dès le premier jour du camp », a dit Slafkovsky vendredi à sa sortie d’un match intraéquipe sur la glace du centre d’entraînement à Brossard. « Je veux faire les choses que je peux accomplir dès le début de la saison, je ne peux pas attendre plusieurs matchs pour gagner mon rythme. »

Le premier de classe du repêchage de 2022 traîne déjà une certaine réputation. À l’image d’un gros camion diesel, le gros ailier tarde à se mettre en marche depuis ses débuts dans la LNH.

Les chiffres le prouvent quand on regarde sa production jusqu’au 1er décembre à chacune de ses trois saisons avec le CH.

À sa saison recrue (2022-2023), il n’avait que 6 points (4 buts, 2 passes) après 18 matchs. Mais on lui pardonnera. Il restait un jeune attaquant de 18 ans. L’échantillon devient plus intéressant pour ses deux dernières saisons. À sa deuxième campagne, il n’a obtenu que 7 points (2 buts, 5 passes) à ses 23 premiers matchs, alors qu’il n’a récolté que 14 points (2 buts, 12 passes) en 24 matchs l’an dernier.

S’il avait des statistiques assez intéressantes l’an dernier, Slafkovsky n’affichait pas le mordant d’un ailier de puissance pour les deux premiers mois du calendrier. Il l’a reconnu à plusieurs reprises.

« Oui, j’avais les mêmes intentions et je voulais connaître un bon départ, mais ce n’était pas le cas, a rappelé le Slovaque. Il y avait des choses qui me manquaient l’an dernier en début de saison. J’ai fini par comprendre en cours de saison. Je dois avoir un engagement dès le départ.

« J’ai besoin de jouer avec intensité et je dois utiliser mon corps. Je l’ai déjà dit souvent. Je veux gagner mes batailles pour la rondelle, foncer au filet et rester fort en possession de rondelle. Je dois également marquer des buts. »

En ce début de camp, Slafkovsky a retrouvé sa place habituelle à l’aile droite du premier trio avec Nick Suzuki et Cole Caufield. En conférence de presse vendredi après-midi, Martin St-Louis a insisté sur une notion importante pour son jeune ailier, celle du sentiment d’urgence.

« Ça part avec le joueur, a affirmé St-Louis. Je ne peux pas tenir la main à tout le monde. Il n’a plus 18 ans. Il est plus vieux et plus mature. Il a de l’expérience. Comment mesures-tu si un joueur a faim? Je ne parle pas de la faim pour manger, mais de la faim pour connaître du succès. Il doit y avoir un sentiment d’urgence. Ce sentiment doit arriver aujourd’hui, pas demain. Il n’a pas à attendre les matchs préparatoires ou les premiers matchs de la saison avant de trouver ce sentiment d’urgence. Ça doit être maintenant. C’est tellement compétitif que si tu n’as pas cette mentalité, tu ne peux pas augmenter ton pourcentage d’avoir du succès.

« Ça part avec les individus. Mais on ne doit pas juste espérer. Pour moi, espérer, c’est de chercher des excuses. Ça ne t’amène nulle part. Il faut avoir de l’honnêteté. Si nous voyons que Slaf peut atteindre un autre niveau, on lui dira. On lui en parlera. J’aime ce que je vois depuis le début du camp. Les joueurs sont engagés, pas juste Slaf. »

À 21 ans, Slafkovsky a déjà trois saisons dans le corps. Pour sa quatrième année avec le CH, le numéro 20 a décrit en quoi devrait constituer la version idéale de son propre jeu.

« Je veux être moi-même. Hum, je ne sais pas. Mais je veux dominer dans cette ligue et ce jeu. Je veux aider à transporter l’équipe. »

« Je veux dominer encore plus, a-t-il mentionné lors d’une autre réponse. J’ai besoin d’aider mes coéquipiers et mes amis afin que nous connaissions une bonne saison. »

S’il a refusé de fixer des objectifs pour les buts, les passes et les points, Slafkovsky n’a pas hésité une seule seconde pour parler du but collectif.

« Une bonne saison serait de participer aux séries et de connaître un plus long parcours », a-t-il souligné.

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Sur le plan contractuel, Slafkovsky jouera la première année d’un pacte de huit ans qui lui rapportera en moyenne 7,6 millions $. Il n’aura plus son salaire de recrues dans la LNH. Avec ce nouveau contrat viendront aussi de plus grandes attentes.

« Il y a un changement dans mon compte en banque, a-t-il répliqué en riant pour expliquer la principale différence. Mais c’est probablement tout. Je ne vois pas un autre changement. Pour la pression, je m’en place toujours beaucoup sur les épaules. Je me concentre sur ce que mes coéquipiers et mes entraîneurs veulent de moi. Il n’y a pas de lien avec mon contrat. »

Slafkovsky a terminé la dernière saison avec 51 points (18 buts, 33 passes) en 79 matchs.

Une question d’intensité

Nick Suzuki a également rencontré les médias après cette victoire de 4-3 des Rouges contre les Blancs, l’équipe d’Ivan Demidov, Patrik Laine et Lane Hutson. Kirby Dach n’a pas joué cette rencontre afin de suivre le plan établi. Suzuki a reçu une multitude de questions au sujet de sa première entrevue en français avec le collègue Félix Séguin de TVA Sports.

Mais le capitaine a aussi tenté d’offrir une piste de solution pour Slafkovsky afin qu’il connaisse un bon départ.

« Juraj doit connaître un bon camp et de bons matchs préparatoires, a affirmé Suzuki. Nous remarquons déjà qu’il cherche à jouer de la bonne façon en faisant les trucs que nous voulons accomplir. Ce n’est pas facile d’arriver à un camp et de bien jouer dès le départ. Tu dois construire ton jeu. Il doit profiter du temps au camp. »

« Je crois qu’il a déjà appris bien des choses, a renchéri Cole Caufield. Il est encore un jeune joueur. Nous le savons tous, mais il a aussi de l’expérience. Il sait à quoi s’attendre de lui-même. Je crois qu’il a connu un très bon été. Il ressort depuis le début du camp. Nous voudrons tous l’aider. »