Matthew tkachuk CGY

CALGARY - Tout dépendant à qui vous poser la question, Matthew Tkachuk est affublé de plusieurs adjectifs.

Agitateur, ennemi, marqueur, leader, coéquipier, et maintenant joueur étoile.
L'attaquant des Flames de Calgary, qui dispute une quatrième saison dans la LNH, a été nommé au sein de l'équipe de la section Pacifique en vue du Match des étoiles Honda 2020 de la LNH qui sera présenté au Enterprise Center de St. Louis le 25 janvier (20 h (HE); NBC, CBC, SN, TVAS).
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Sa première sélection au Match des étoiles est une belle reconnaissance de son évolution, lui qui est passé de peste notoire à un joueur complet.
« Il comprend vraiment l'impact qu'il a sur cette équipe », a indiqué le défenseur Mark Giordano, qui va aussi représenter les Flames à St. Louis. « Surtout cette année, il a appris comment se rapprocher au maximum de la fine ligne entre intensité et peste. Il a prouvé qu'il pouvait marquer des buts très importants, qu'il peut être celui vers qui on se tourne dans ces moments cruciaux. Souhaitons qu'il continue ainsi. Il sait assurément quand déranger l'adversaire et quand ne pas le faire sur la glace. »
L'attaquant de 22 ans, qui a accepté un contrat de trois ans d'une valeur de 21 millions $ le 25 septembre, a amassé 38 points (15 buts, 23 passes) en 45 matchs, et il joue de manière régulière sur l'un des deux premiers trios des Flames. Il a établi un sommet en carrière avec 77 points (34 buts, 43 passes) en 80 matchs la saison dernière.
Mais lorsque le sixième choix au total du Repêchage 20016 de la LNH a fait ses débuts avec les Flames au cours de la saison 2016-17, il était surtout reconnu pour irriter et distraire ses adversaires, et non pour marquer contre eux. Il a récolté 105 minutes de punition à sa saison recrue, ce qui lui a valu le 11e rang dans toute la Ligue, mais aussi le premier rang chez les Flames et parmi les recrues de la LNH.
Le gardien des Flames Cam Talbot a pu le voir à l'œuvre à titre d'adversaire au cours de ses trois saisons passées avec les grands rivaux des Flames, les Oilers d'Edmonton.
« Lorsque vous jouez contre lui, on croirait jouer contre un rat… il est toujours en train de provoquer et déranger les meilleurs joueurs de l'autre équipe, mais il ne jette jamais les gants, a raconté Talbot. Quand je suis arrivé ici, j'ai compris qu'il réfléchissait avant d'agir, qu'il est un bon gars, le genre de joueurs que tu veux avoir dans ton équipe, mais que tu détestes affronter.
« Il est assurément très bon dans son rôle, mais j'apprécie encore plus ses aptitudes depuis que je suis ici. J'ai toujours pensé qu'il était simplement un joueur qui se postait devant le filet et un petit rat, mais il possède du talent, ce que je ne réalisais pas avant mon arrivée ici. »
Tkachuk, qui a été nommé adjoint au capitaine des Flames au début de la saison 2018-19, a mentionné que son expérience dans la LNH l'avait aidé à réaliser qu'il était nécessaire de trouver le bon équilibre dans son jeu. Ses minutes de punition ont chuté à 61 en 2017-18, puis à 62 la saison dernière. Il a passé 34 minutes au cachot jusqu'ici cette saison.
« C'est de l'apprentissage, a lancé Tkachuk. Il s'agit de ma quatrième saison, et au cours de ces années, j'ai surtout appris quand poser certains gestes, et quand ne pas le faire, pour être honnête.
« J'ai surtout appris que je ne pouvais pas jouer de cette manière pendant 82 matchs. Il y a évidemment des moments qui sont bien choisis pour le faire, mais il faut s'assurer de demeurer sur la glace, et ne pas prendre le chemin du banc des punitions. Il faut jouer de manière intense pour ses coéquipiers. Il est possible d'être égoïste, quand on veut poser certains gestes, mais il faut se souvenir que l'équipe passe en premier, et que vous devez toujours garder ce fait en tête. »
Tkachuk n'est toutefois pas prêt à laisser tomber son rôle d'agitateur, selon l'un de ses plus grands partisans.
Son père, Keith, a disputé 18 saisons dans la LNH avec les Jets de Winnipeg/Coyotes de Phoenix, les Blues de St. Louis et les Thrashers d'Atlanta, et il a récolté 1065 points (538 buts, 527 passes) en 1201 matchs de saison régulière.
Keith a pris part au Match des étoiles à cinq reprises (1997, 1998, 1999, 2004, 2009) et il en connaît un rayon à propos de la combinaison de talent et de confrontation. Il a connu deux saisons consécutives de 50 buts (50 en 1995-96, 52 en 1996-97) en plus de passer 2219 minutes au cachot en saison régulière, lui qui a écopé d'au moins 147 minutes de punition à chacune de ses sept premières saisons complètes dans la LNH (1992-99).
« Quand vous êtes jeune et que vous voulez faire votre marque en arrivant dans la Ligue, il faut s'établir en tant que joueur qui joue avec intensité, a déclaré le paternel. Bien des gens ne réalisent pas à quel point Matthew est bon avec la rondelle. Son jeu aujourd'hui ne ressemble pas à ce qu'il offrait à ses deux premières saisons. J'aime la manière dont il joue aujourd'hui, qu'il a appris à conserver une certaine dose d'intensité dans son jeu, mais un peu moins qu'avant. Il joue encore avec robustesse. »
Quand vient le temps de faire usage de cette robustesse, ce qui fait souvent en sorte qu'il faut marcher sur les pieds de certaines personnes, la clé est de bien choisir son moment, selon Keith.
« Il est intelligent aujourd'hui lorsqu'il le fait, et ça fait partie du processus de maturité, a-t-il affirmé. Ça me fâche lorsqu'il ne l'est pas. C'est ainsi qu'il doit jouer, qu'il soit un joueur recrue ou un vétéran. Ça fait en sorte qu'il joue mieux. Je ne parle pas de faire des trucs ridicules. Ce sont de petites choses.
« S'il peut se mettre sur le dos d'un joueur et lui rendre la vie dure, il peut enlever un peu de pression ;a Johnny [Gaudreau] ou à [Sean Monahan], notamment quand de gros défenseurs robustes comme (l'ancien défenseur) Chris Pronger deviennent davantage intéressés à s'en prendre à Matthew plutôt qu'à ces deux-là. Je ne pense pas que les gens réalisent que c'est ce qu'il tente de faire. C'est un joueur d'équipe. Ce sont des choses comme ça qui font en sorte qu'il est utile à son équipe. »
Il n'existe pas de meilleur exemple du talent et de l'importance de Tkachuk cette saison que son but gagnant contre les Predators de Nashville inscrit alors qu'il restait 1,6 seconde à jouer en prolongation le 31 octobre.

CGY@NSH: Tkachuk met fin au match avec style

Il s'agissait d'un geste osé de décider de tirer entre ses jambes de l'enclave, alors que son lancer a trouvé la partie supérieure du filet par-dessus l'épaule droite du gardien des Predators Pekka Rinne. Une tentative de tir d'Elias Lindholm avait été bloquée par l'attaquant de Nashville Matt Duchene avant d'atterrir devant Tkachuk, qui ne se trouvait toutefois pas dans une position optimale.
« La rondelle est venue vers moi en plein centre de mon corps, et je n'ai pas pu la contourner à temps d'un côté ou de l'autre pour tirer du revers ou sur mon coup droit, alors j'ai décidé d'opter pour cette manœuvre, a décrit Tkachuk. Ça a fonctionné, et j'étais super excité. Je savais qu'il ne restait presque plus de temps, et que je devais tirer sur réception, et c'est la manière la plus rapide, et la seule manière, que je pouvais utiliser pour mettre la rondelle au filet.
« J'effectue ce tir à l'entraînement de temps à autre, pendant l'échauffement et à quelques reprises durant les matchs. Je le fais assez souvent pour que ce soit naturel. »
Il a bien fait rire son père avec ce but.
« Je le voyais décocher des tirs comme ça quand il était enfant, et ça me rendait fou de le voir faire ça à l'entraînement, mais il s'agit de la nouvelle LNH, a philosophé Keith. Tous ces jeunes peuvent le faire. C'est excellent pour le sport. Même quand j'étais au sommet de mon art, je n'aurais jamais pu réussir ça. Je serais probablement tombé. C'est impressionnant, tant qu'il ne tente pas sa chance avec ce tir trop souvent. »
Talbot a noté que ce jeu avait servi de confirmation pour lui que les talents de Tkachuk avec la rondelle sont sous-estimés, et qu'il fait partie de la catégorie des joueurs étoiles.
« De l'endroit où il se trouvait, avec la vitesse à laquelle le disque se dirigeait vers lui, qu'il ait été en mesure de décocher ce tir, eh bien, disons que je me serais étiré l'aine si j'avais tenté la même chose, a expliqué Talbot. De tirer avec une telle vélocité et une telle précision alors qu'il ne restait presque plus de temps au tableau, c'est vraiment impressionnant. »