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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au Repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est désormais propriétaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 31 filets de la Ligue.
De toutes les choses qu'espéraient voir les Canucks de Vancouver pour renverser la vapeur et éviter de poursuivre leur lente glissade vers les bas-fonds de la section Nord, le réveil de Thatcher Demko est probablement la meilleure qui aurait pu se produire.

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Le rendement spectaculaire du gardien de 25 ans depuis le début du mois de mars permet non seulement à la formation de gagner des matchs - il a remporté huit de ses neuf départs - mais il vient aussi cacher sous le tapis d'autres aspects problématiques, à l'attaque (22e pour les buts par match) comme à la défense (21e).
Souvent, quand rien ne va plus, un gardien qui se met à faire des petits miracles peut insuffler un regain de confiance à tout le monde et remettre l'équipe sur les rails. C'est ce qui se produit à Vancouver et c'est aussi ce qu'on a vu à Montréal, il n'y a pas si longtemps.
Ce n'est pas compliqué, les Canucks peuvent espérer l'emporter en inscrivant deux buts quand Demko est devant sa cage. Disons que ça facilite grandement les choses. En huit matchs en mars, il affiche une moyenne de buts alloués de 1,74 et un fumant taux d'efficacité de ,950.
Le résultat : la troupe de Travis Green a amassé 16 points sur une possibilité de 20 au cours des trois dernières semaines et se retrouve à deux points des Canadiens de Montréal, qui occupent le quatrième et dernier rang donnant accès aux séries dans la section canadienne.
Elle a disputé quatre matchs de plus que le Tricolore, mais elle est au moins revenue dans le portrait au lieu de continuer à s'embourber. Demko a été l'élément déclencheur de cette heureuse séquence, qui fait en sorte que les Canucks peuvent continuer d'espérer prendre part aux séries. Ses chiffres sont tout simplement phénoménaux.
La grande question maintenant, c'est de savoir s'il sera en mesure de maintenir ce rythme infernal jusqu'à la fin de la saison - ou du moins pendant encore quelques semaines. L'élément fatigue entrera en ligne de compte tôt ou tard puisqu'il vient de disputer huit matchs de suite, et il ne faut pas oublier que les Canucks ne jouent pas nécessairement bien mieux qu'en début de saison devant lui.
Depuis le début du mois de mars, ils ont concédé 79 tirs de plus qu'ils en ont décochés, et les statistiques avancées montrent que Demko doit se surpasser plus que la moyenne des gardiens pour sauver des buts. Mais n'est-ce pas justement ça, l'essentiel du travail d'un gardien? Il doit réparer les erreurs des autres et le faire avec le sourire, la majorité du temps!
À mon avis, les Canucks ne sont pas bâtis pour jouer défensivement. C'est une formation jeune, rapide et basée sur les habiletés avec les Elias Pettersson, Brock Boeser, Bo Horvat et un défenseur d'avenir comme Quinn Hughes, qui est surtout porté vers l'attaque. Cela dit, une équipe ne peut pas espérer gagner des matchs si elle concède 25 chances par match - ils en ont eu la preuve en début de saison.
La clé, c'est de trouver l'équilibre dans tout ça. Pour l'instant, le brio du jeune gardien leur permet de stabiliser les choses et d'être conscientisés à l'importance du jeu défensif, tout en récoltant des points. C'est le meilleur des deux mondes. Il faut simplement que les Canucks s'améliorent au point d'être en mesure de poursuivre sur leur lancée quand Demko connaîtra une petite baisse de régime - ne serait-ce qu'à un taux d'efficacité un peu plus normal de ,920 ou ,930.
En ce moment, l'Américain joue comme un golfeur qui connaît une ronde de 62. C'est plaisant quand ça se produit, et il faut en profiter amplement. C'est toutefois une utopie de penser que ça durera éternellement. Peut-être que Demko me fera mentir, mais je protégerais mes arrières si j'étais les Canucks.
Déclic
Je répète souvent que l'essentiel se passe dans la tête pour un gardien. À ce niveau-là, tout est une question de confiance. Très inconstant depuis le début de la saison (3,28 - ,901 à ses 14 premiers matchs), Demko est finalement parvenu à coller deux départs de qualité, le 25 février et le 1er mars. Il a d'abord repoussé 31 lancers contre les Oilers d'Edmonton avant de signer un jeu blanc de 27 arrêts face aux Jets de Winnipeg.
La chaîne a rembarqué à ce moment pour celui qui avait connu d'excellentes séries éliminatoires, il y a quelques mois à peine.

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Il suffisait de faire preuve de patience et de travailler avec lui pour s'assurer de le placer dans des conditions gagnantes et favoriser le fameux déclic. Il transpire maintenant la confiance devant son filet. Il connaît d'ailleurs beaucoup de succès en demeurant assez profondément dans son filet et en limitant ses mouvements, un peu à l'image de Mike Smith chez les Oilers.
C'est une tendance qu'on observe de plus en plus - c'est notamment l'approche préconisée par Sean Burke, le nouvel entraîneur des gardiens du CH - et ça sied bien à Demko. C'était flagrant lors des tirs de barrage face aux Sénateurs, mercredi. Fait intéressant, il n'a toujours pas flanché en sept tentatives, cette saison.
Il sera maintenant intéressant de voir comment Green va gérer le partage des tâches devant le filet d'ici la fin de la campagne. Braden Holtby ne semble pas encore avoir pris son envol, et on comprend bien le pilote des Canucks de surfer sur la vague Demko pour le moment. En raison de son décevant début de saison, la formation vancouvéroise n'a plus de marge de manœuvre.
Mais tôt ou tard, il faudra renvoyer Holtby dans la mêlée - ce sera peut-être même le cas, samedi, dans le deuxième match en deux soirs face au CH. Après cette séquence inspirante de son jeune homologue, le gardien d'expérience voudra lui aussi contribuer aux succès de l'équipe.
C'est peut-être justement le déclic que ça lui prenait. Les Canucks ne s'en plaindraient pas!