Sidney Crosby

CRANBERRY, Pennsylvanie - C'était la journée après le premier match de la Finale de la Coupe Stanley, ce qui veut dire que c'était au lendemain du 99e match que disputait Sidney Crosby depuis le mois d'octobre dernier, qu'il s'agisse du calendrier régulier ou des séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
Le capitaine des Penguins de Pittsburgh avait bien joué dans la victoire de 3-2 des siens contre les Sharks de San Jose. Tellement bien que l'entraîneur Mike Sullivan a dit de lui qu'il avait été « inspirant ».

Crosby aurait pu prendre congé de glace, mardi. Il a plutôt participé à l'entraînement optionnel en compagnie de six coéquipiers, dont un seul avait joué la veille : l'attaquant du quatrième trio Eric Fehr.
Mais personne n'était surpris de voir Crosby sur la patinoire. Ni ses entraîneurs, ni ses coéquipiers, ni les membres de sa famille.
« C'est ce que j'ai vu tout au long de mon enfance », a indiqué sa sœur Taylor, gardienne de but à St. Cloud State University, qui était dans les gradins avec ses parents. « C'est plutôt la norme à mon point de vue. »
Ce qui est normal pour Sidney Crosby ne l'est pas pour la majorité des joueurs de la LNH, encore moins pour les gens ordinaires. C'est pourquoi il a maximisé son potentiel jusqu'au point de remporter deux fois le trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe dans la ligue. C'est pourquoi on entend autant d'anecdotes à propos de ses habitudes de travail.
Il ne fait pas que s'entraîner quand il n'est pas obligé de le faire. Ce n'est pas seulement une question de respecter sa routine de travail, alors qu'il patine souvent au lendemain d'un match et s'absente plutôt de l'entraînement matinal le jour d'une rencontre, du moins pendant les séries.
Crosby est également quelqu'un qui enfile les patins pour travailler sur certaines choses précises dans le but de les mettre en pratique à des moments précis; et le moment idéal pour le faire, c'est justement quand il y a moins de coéquipiers sur la glace et qu'il n'y a aucun exercice relié au système de jeu de prévus.
« Certaines choses peuvent arriver pendant un match et tu veux te sentir à l'aise dans certaines situations sur la patinoire, a indiqué Crosby. Peut-être qu'il y a quelque chose qui est arrivé plusieurs fois et qui n'était pas arrivé depuis quelques matchs, et si ça devait arriver encore, tu veux t'assurer d'être à l'aise de le faire. »
L'entraîneur adjoint Rick Tocchet a ajouté son grain de sel à ce sujet.
« Il y a certaines choses qu'il a faites il y a une semaine ou deux, des choses qu'il voulait faire aujourd'hui parce qu'il avait le sentiment que cela pourrait rapporter des dividendes contre les Sharks, a-t-il expliqué. Alors nous avons fait certaines choses qu'il voulait faire et nous avons fait des exercices, et il s'agit de bâtir là-dessus. »
Pendant que d'autres joueurs se trouvaient à l'autre bout de la patinoire, mardi, Tocchet a pris des rondelles et les a placées le long de la bande à l'aile droite, à l'intérieur de la ligne bleue, et s'est placé comme un défenseur alors que Crosby, qui tire de la gauche, s'est mis à armer ses tirs. Crosby passait de son revers à son coup droit devant Tocchet et décochait son tir en une seule motion, encore et encore.
« Tout le monde peut tirer des rondelles, a noté Tocchet. Il le fait en appliquant un certain stress sur son corps. »
Tocchet a pris des rondelles et les a encore placées le long de la bande, pour ensuite effectuer des passes vers Crosby aux abords du cercle droit des mises en jeu afin qu'il puisse décocher des tirs sur réception. Sauf que Tocchet ne cherchait pas à faire des passes sur la lame de son bâton, et Crosby ne visait pas le milieu du filet. Tocchet faisait des passes dures vers des endroits qui mettaient Crosby en position difficile, par exemple entre ses patins et loin de son corps, tandis que le capitaine des Penguins tentait de diriger le disque dans le coin supérieur droit, dans le coin inférieur gauche, dans le petit espace sous la transversale.
« N'importe qui peut se tenir là pendant trois secondes, contrôler la rondelle et ensuite décocher un bon tir, a fait remarquer Tocchet. Ces gars-là tirent rapidement et ils tirent même s'ils sont mal placés. Je crois beaucoup à la nécessité de s'exercer à tirer la rondelle quand tu es en position difficile parce que le hockey te met parfois dans des situations difficiles. Ce n'est pas toujours dans des conditions parfaites. »
Tocchet a pris des rondelles et il les a placées le long de la bande à l'aile gauche à l'intérieur de la ligne bleue, puis il s'est placé comme un défenseur et a étiré le bâton pendant que Crosby ramenait la rondelle à lui avec le patin en se dirigeant vers le milieu de la patinoire pour finalement décocher un tir au but.
« Il y a probablement une dizaine d'autres choses que nous aurions pu faire, mais à un moment donné, il faut le chasser de la patinoire, a lancé Tocchet. Parfois, je regarde l'heure. Il connaît son corps aussi, mais il s'agit de s'assurer qu'il ne reste pas sur la glace trop longtemps. Il laisse beaucoup d'énergie sur la glace, alors il faut s'assurer qu'il obtienne le repos dont il a besoin. »
Sid, c'est ça. Ç'a toujours été Sid. Sa sœur est de huit ans et sept mois sa cadette. Elle avait six ans quand il a quitté la maison à Cole Harbour, en Nouvelle-Écosse, et elle a commencé à jouer au hockey à l'âge de 10 ans seulement. Reste qu'elle a quand même appris de lui, pas seulement en le regardant jouer, mais en observant à quel point il faisait preuve de discipline.
« Que ce soit en allant s'entraîner tôt le matin ou en mangeant les bonnes choses ou en allant se coucher tôt… C'étaient toutes des choses qu'il faisait et qui représentaient une priorité pour lui, a expliqué Taylor Crosby. Ce sont des souvenirs que je garde de lui, mais ce sont aussi des choses que j'essaie d'imiter. »
Quand les Penguins ont fait l'acquisition de l'attaquant Bill Guerin en 2008-09, Sid avait 21 ans et il en était à sa quatrième saison dans la LNH; Guerin avait 38 ans et il disputait sa 17e campagne. Sid cherchait constamment à faire du travail supplémentaire avec lui. S'ils devaient jouer ensemble, il fallait qu'ils soient sur la même longueur d'onde.
« Je venais d'une autre génération », a raconté Guerin, qui occupe maintenant le poste d'adjoint au directeur général chez les Penguins. « Je m'entraînais d'une certaine façon et j'avais des habitudes, et il m'a poussé à faire quelque chose de différent. L'approche qu'il a... Ouais, il a un plan. Il cherche à peaufiner des petites choses chaque jour. Il travaille sur des choses qu'on ne penserait pas qu'une super vedette ait besoin de peaufiner; des choses de base. Il travaille tout simplement sur son jeu. »
On peut voir les résultats dans leur ensemble, de ses mises en jeu à son tir du revers jusqu'à la façon dont il pousse la rondelle de ses patins jusqu'à son bâton - chose qu'il fait mieux que quiconque dans le hockey. On peut le voir aussi lors de phases de jeu en particulier.
Le but en avantage numérique qu'il a marqué dans le troisième match de la Finale de l'Association de l'Est contre le Lightning de Tampa Bay, quand il a décoché un boulet du cercle droit des mises en jeu qui a abouti sous la barre transversale?
« Ce but-là, c'est le résultat d'avoir pris des tirs sur réception à l'entraînement », a noté Tocchet.

Ce but qu'il a marqué dans le sixième affrontement contre le Lightning, quand il a manœuvré entre trois joueurs adverses, foncé au filet et glissé le disque entre les jambières du gardien?
« Ça, c'est en armant son tir, en travaillant sur l'équilibre de son corps et en décochant la rondelle vraiment rapidement », a indiqué Tocchet.

À l'occasion de la journée des médias de la Finale de la Coupe Stanley, dimanche, le joueur de centre des Sharks Joe Thornton a qualifié le travail acharné de « dépendance que j'ai et que la plupart des bons joueurs ont aussi, fort probablement ». Sidney Crosby n'a pas parlé de dépendance, ni sa sœur d'ailleurs. Mais on était au lendemain du 99e match de sa saison, ce qui veut dire que c'était le jour après le premier match de la Finale de la Coupe Stanley. Les Penguins ont l'avance 1-0 dans la série quatre de sept. Ils ne sont plus qu'à trois victoires de décrocher la Coupe.
« Il reste deux semaines à la saison, a noté Crosby. Ce sont des matchs importants, très importants. Alors s'il y a quelque chose que tu peux faire pour t'améliorer et t'assurer que tu es prêt à bien faire ces choses-là quand elles surviennent durant un match, tu dois saisir l'occasion de le faire. »
Il y aura bien le temps de se reposer plus tard.
« Évidemment, il connaît ses limites, a déclaré Taylor Crosby. Il n'est pas stupide. Il sait quand il a besoin d'une pause et il sait quand c'est le temps de s'économiser. Mais il a un fort esprit de compétition et il va faire tout ce qu'il faut faire pour gagner. Je pense qu'il va travailler jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable de le faire. C'est la seule façon de faire qu'il connaît. La seule approche qui existe pour lui, c'est de travailler fort. »