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MONTRÉAL - Sergei Bobrovsky était dans sa bulle. Quelques heures avant la rencontre face aux Canadiens, le gardien des Blue Jackets effectuait les yeux fermés des pas de danse à la corde à danser comme s'il n'y avait pas de lendemain.
Le genre d'échauffement qui constituerait une séance d'entraînement complète pour un humain normal.

Mais comme il l'a démontré pas plus tard que samedi face aux Red Wings de Detroit en frustrant Andreas Athanasiou du bout de la jambière sur une descente à deux contre zéro en prolongation, le Russe n'est pas un humain normal.

La foule du Centre Bell en a encore eu la preuve mardi quand le dernier récipiendaire du trophée Vézina s'est dressé tel un mur en troisième période lorsque les Canadiens ont finalement décidé de se porter en attaque.
Il a peut-être cédé face à Paul Byron sur un retour de lancer lors de cet engagement, mais il a été fumant le reste du temps, réservant notamment un autre arrêt digne des faits saillants à Jacob de la Rose qui semblait n'avoir qu'à enfiler l'aiguille sur une descente à deux contre un avec Andrew Shaw.
« C'est le genre de chance dont tu profites 99 fois sur 100, a dit Byron. Je veux dire... Je ne sais même pas comment il a fait cet arrêt. C'était assez incroyable. »
Sur la séquence, Bobrovsky semblait totalement battu, mais il a laissé tomber son bâton pour ensuite effectuer une puissante poussée à sa droite et repousser le disque du bout du bouclier.

« Ça se produit parfois, je ne peux pas l'expliquer. Ta main est un peu plus légère sans bâton, tu peux bouger plus rapidement, a-t-il déclaré, comme si c'était un arrêt de routine. C'est une décision dictée par le jeu. Je ne m'en rappelle même pas, je ne peux pas revenir sur la séquence. »
Au-delà de l'aspect spectaculaire de la chose, Bobrovsky permettait alors aux siens de conserver leur mince avance de 1-0 alors qu'ils ne faisaient rien qui vaille en attaque.
« C'est la clé pour gagner dans la LNH, ton gardien doit faire le travail, a déclaré l'entraîneur John Tortorella. Vous pouvez mettre cet arrêt dans la catégorie de celui qu'il a fait contre Detroit. Il est la raison pour laquelle nous obtenons des points malgré nos difficultés en attaque.
« Bob n'abandonne jamais, c'est un athlète. Juste de le voir se déplacer d'un bord à l'autre comme ça, c'est impressionnant. Je crois que nous détenons maintenant les deux arrêts de l'année dans la LNH. Bob a été sensationnel. »
Le flamboyant portier ne s'est pas arrêté là. Sur une des séquences subséquentes, il a frustré Max Pacioretty à trois occasions en huit secondes avant de finalement mettre la main sur la rondelle. À ce moment, ils étaient plusieurs à douter que les Canadiens allaient être en mesure de s'inscrire à la marque dans cette rencontre.
Et ils étaient plusieurs au banc des Blue Jackets à penser qu'ils pourraient se sauver avec la victoire malgré le faible nombre de chances de marquer qu'ils ont générées.
« On n'est même plus surpris sur le banc, a lancé l'attaquant Pierre-Luc Dubois avec le sourire après le premier match de sa carrière au Centre Bell. On s'attend à ça maintenant, c'est juste à nous de faire en sorte qu'il en ait moins à faire chaque match. Mais quand on a un gardien comme ça, nous avons toujours une chance de gagner. »
Jusqu'à ce que son équipe trouve un moyen d'éliminer ce genre de revirements, Bobrobsky aura l'occasion d'accumuler les arrêts spectaculaires. Et nous aurons la chance de les classer.
« C'est vous qui décidez, a dit Bobrovsky lorsqu'on lui a demandé si l'arrêt face aux Canadiens était meilleur que celui face aux Red Wings. Je prends seulement les deux points et je suis content avec ça. »