Roberto Luongo, le dernier des Mohicans
Le gardien des Panthers est le dernier de la lignée des grands gardiens natifs du Québec

« C'est de la faute de François Allaire! », a lancé Luongo qui avait un grand sens de la répartie, vendredi, quand il a rencontré les journalistes dans le cadre de la journée des médias au Match des étoiles.
Le gardien des Panthers de la Floride parlait de l'entraîneur des gardiens québécois qui a révolutionné le style papillon avec Patrick Roy vers la fin des années 1980 et au début des années 1990.
Sur un ton sérieux, Luongo a expliqué qu'il n'attribue pas la diminution draconienne, voire la disparition, de la pépinière des gardiens québécois à un manque de talent ou à une quelconque baisse de la qualité du hockey mineur au Québec. Mais plutôt aux progrès que tous les pays ont réalisés depuis 20 ans.
« Quand j'étais jeune, on s'inspirait tous au Québec de Patrick Roy et de Martin Brodeur. Maintenant, partout à travers le monde, on a évolué. Il y a des 'coachs' de gardiens partout. Ce n'est pas qu'on ne produit plus autant de gardiens, c'est que partout ailleurs on nous a rattrapés. Même François Allaire va donner des camps en Europe l'été. Il y a beaucoup de gardiens qui arrivent dans la ligue qui ont déjà pris part à des camps de François Allaire. Je pense que c'est de sa faute! »
Plus tard, appelé à commenter le manque de buts dans la LNH, Luongo a répété à la blague que c'était de la faute d'Allaire.
Fierté personnelle
À l'âge de 36 ans, Luongo en est à sa cinquième présence à l'événement annuel. Il ne nourrit aucune ambition de performance. Il ne souhaite qu'avoir un plaisir fou en compagnie de ses pairs.
« Je prends ça relaxe. J'essaie de ne pas penser au nombre de buts que je vais me faire marquer. On va s'amuser. Je vais essayer de faire un arrêt ou deux pour les spectateurs, a-t-il mentionné. Je vais donner mon maximum, mais je ne vais pas prendre ça au sérieux.
« On s'impose suffisamment de pression pendant la saison régulière, a-t-il renchéri, l'objectif en fin de semaine est d'avoir du bon temps. »
Luongo connaît une saison du tonnerre chez les Panthers, lui qui montre une fiche de 22-13-4, en plus d'avoir signé quatre jeux blancs. Sa moyenne de buts accordés par match s'établit à 2,08 assorti d'un taux d'efficacité tirs-arrêts à 0,930.
Il s'enorgueillit de contribuer aux succès des Panthers, premiers de la section Atlantique et deuxièmes de l'Association de l'Est. Surtout qu'à son retour en Floride en mars 2014, en provenance de Vancouver, on lui a prêté l'intention de vouloir se la couler douce en attendant que la retraite sonne.
« Tout le monde qui me connaît sait que ce n'est pas dans ma nature de prendre les choses à la légère. Je joue pour avoir du succès. Je veux ravoir l'occasion de gagner la Coupe Stanley. Ça m'a fâché d'entendre des commentaires semblables. »
Après huit ans passés à Vancouver, Luongo a vu les Canucks l'échanger aux Panthers, avec lesquels il avait amorcé sa carrière dans la LNH en 1999-2000.
« J'avais en tête de contribuer à la relance des Panthers et c'est gratifiant de constater que ce que j'avais en tête s'est concrétisé, a-t-il élaboré. Cela dit, il nous reste beaucoup de pain sur la planche. Nous n'avons rien accompli encore. Mais l'avenir est très prometteur. Nous avons la chance d'accomplir de grandes choses au cours des prochaines saisons. »
Retrouvailles avec Schneider
À son arrivée à Nashville, Luongo a renoué avec son ancien coéquipier chez les Canucks de Vancouver Cory Schneider, qui est le gardien de confiance des Devils du New Jersey.
« Nous sommes restés d'excellents amis. À toutes les fois qu'on se rencontre, c'est comme si on s'était parlés la veille. On se demande comment on a pu en arriver ici tous les deux. Peu importe, nous sommes contents l'un pour l'autre. Pour Corey, c'est une première participation au Match des étoiles. C'est toujours un événement mémorable. »
Luongo a dit que Schneider l'avait incité à se surpasser chez les Canucks.
« Je le voyais aller à l'autre bout de la patinoire à l'entraînement et il ne laissait passer aucune rondelle. Je me disais : `tu es mieux d'élever ton niveau de jeu'. C'était pendant une période de ma carrière au cours de laquelle j'ai énormément appris sur moi-même. Corey a joué un rôle important et je ne suis pas surpris des succès qu'il connaît. Je l'avais prédit depuis longtemps. »
Schneider lui a rendu la pareille en soulignant les excellentes habitudes de travail de son ancien mentor.
« Les efforts qu'il a faits afin de modifier son style en disent long sur la volonté qui l'anime d'être le meilleur gardien possible et de gagner la Coupe Stanley. Plus jeune, il avait un style plus débridé. Depuis environ sept ans, il est plus efficace, plus en contrôle, et ça lui sert bien. Roland Melanson (l'entraîneur des gardiens des Canucks) lui a demandé s'il voulait changer son style et il l'a fait. Il était au sommet de son art et le gardien numéro un des Canucks, et il était prêt à le faire. C'est démontrer un très grand professionnalisme. »
Luongo a fait rire les journalistes quand on lui a demandé si, à titre de gardien actif totalisant le plus grand total de matchs dans la LNH, il se sentait jeune par rapport à son coéquipier des Panthers Jaromir Jagr qui est l'aîné des joueurs de la LNH.
« Il me fait sentir comme si j'ai encore la couche aux fesses », a-t-il répondu, en ne tarissant pas d'éloges à l'endroit de Jagr qui comme le bon vin s'abonnit avec l'âge.
Coupe du monde
De la façon qu'il joue lui-même, Luongo pourrait recevoir une invitation à joindre les rangs de l'équipe canadienne en vue du tournoi de la Coupe du monde de hockey qui aura lieu en septembre. D'autant que la participation de Carey Price au tournoi demeure incertaine.
« J'aimerais bien. Je possède beaucoup d'expérience et je suis bon dans le vestiaire », a réagi Luongo toujours sur une note humoristique.