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BOISBRIAND - Jordan Tourigny a ce qu'on pourrait appeler un beau problème entre les mains.

D'un côté, le défenseur des Cataractes de Shawinigan a probablement plus d'expérience derrière la cravate que la grande majorité des espoirs de son âge. De l'autre, cette dite expérience a été acquise à un fort prix : celui de n'avoir passé que très peu de temps loin des patinoires et de la compétition dans les derniers mois.
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Un prix qu'il était toutefois prêt à payer et qui lui sera bénéfique à long terme.
« Je me suis peut-être moins entraîné et j'ai eu moins de temps pour me reposer qu'à l'habitude, mais je suis sûr qu'avec ce que j'ai vécu comme expériences, ça va s'équivaloir à la fin », a fait valoir l'espoir admissible au prochain repêchage, en entrevue avec LNH.com.
Après sa conquête de la Coupe du Président et sa participation au tournoi de la Coupe Memorial avec les Cataractes, en juin, il s'est tout de suite mis en mode préparation pour la Coupe Hlinka-Gretzky, lors de laquelle il a aidé le Canada à décrocher la médaille d'or, au début août.
Quelques semaines après son retour, il se remettait déjà au travail avec les Cataractes.
« Son principal problème est d'avoir trop joué, et donc, de ne pas avoir bénéficié d'un été d'entraînement, a expliqué son entraîneur Daniel Renaud. On sait à quel point l'été de 16 à 17 ans est important pour gagner en force et en masse. Pour lui, ç'a plutôt été de la gestion d'énergie.
« Je m'attends à ce qu'il frappe un mur à un certain point cette saison. C'est normal et inévitable. Les recruteurs sont assez intelligents pour savoir ce qu'il a fait à 16 ans et cet été pour ne pas laisser leur jugement être trop biaisé. »
Jusqu'à présent, la fatigue n'a pas encore rattrapé l'arrière droitier de 5 pieds 11 pouces et 164 livres.
Il affiche une récolte de 13 points, dont quatre buts, en 22 matchs et continue de bâtir sur ce qu'il a accompli à 16 ans au sein d'une équipe championne. Il avait alors rapidement gagné la confiance de son entraîneur et obtenu d'importantes responsabilités en avantage numérique, notamment.
« Je ne m'attendais vraiment pas à ça, a souligné Tourigny. C'était comme vivre dans un monde de licornes. Je ne pouvais pas demander mieux. Je suis tombé dans une équipe gagnante et le personnel d'entraîneurs m'a fait confiance du début à la fin. Ça m'a permis de m'améliorer et de gagner en maturité plus rapidement. »
« Son adaptation a été beaucoup plus rapide qu'anticipée, s'est souvenu Renaud. Il nous a forcé la main au camp d'entraînement et il a joué des minutes de top-4 dans une équipe qui a gagné le championnat. Ça s'est poursuivi jusqu'en finale et même à la Coupe Memorial. »
Le contexte a un peu changé, cette année, puisque les Cataractes amorcent un nouveau cycle après les départs de leurs trois piliers Mavrik Bourque, Xavier Bourgault et Olivier Nadeau. Les attentes et la pression envers l'équipe étant désormais moins élevées, il peut se concentrer davantage sur ses objectifs personnels.
« Je veux être un défenseur difficile à affronter que l'entraîneur peut utiliser dans toutes les situations, a-t-il confié. Je me considère déjà comme un défenseur complet. J'ai plus de facilité à l'attaque, mais je me concentre sur l'aspect défensif depuis le début de l'année. »
Des conseils d'outre-mer
D'un point de vue offensif, Tourigny n'a pas à regarder bien loin pour trouver un modèle à imiter. Son frère Miguel - le choix de septième ronde des Canadiens de Montréal au dernier encan - a été le deuxième défenseur le plus productif de la LHJMQ, l'an dernier, à 19 ans.
Même s'il évolue désormais en Slovaquie afin de poursuivre son développement, l'aîné garde un œil attentif sur son frangin et l'aide du mieux qu'il peut malgré l'océan qui les sépare.
« Je veux surtout essayer d'imiter son jeu offensif, a affirmé le plus jeune. On s'appelle ou on se texte tous les jours et on regarde nos matchs pour se donner des conseils. C'est sûr qu'il est un exemple à suivre. »
Après avoir vu Miguel être ignoré deux fois au repêchage avant d'être réclamé à sa troisième tentative, tout est en place pour que les Tourigny vivent deux moments d'extase dans la même année.
« J'ai vu tous les efforts qu'il a mis dans les deux dernières années, a conclu Jordan. Tout le monde disait qu'il était trop petit et qu'il n'était pas capable. Il a atteint son but malgré ça. Je suis fier de lui et je sais qu'il me soutient autant que je le fais là-dedans. »
Crédit photo :Cataractes de Shawinigan