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Le nom de Martin Hanzal flotte dans les rumeurs d'échanges depuis l'automne. Les Coyotes de l'Arizona sont (encore) en reconstruction et, aujourd'hui âgé de 29 ans, le géant tchèque accédera cet été à l'autonomie complète. Son salaire de 3,1 millions $ représente, pour le reste de la saison, une charge d'un peu plus de 900 000$, ce qui lui permet d'être acquis par n'importe quelle équipe de la LNH sans que celle-ci ait à larguer un salaire en retour.

Il semble que si Hanzal est encore en Arizona, c'est que le DG de l'équipe, John Chayka, est des plus gourmand. Je ne veux pas m'astreindre à juger des demandes qu'on colporte à gauche et à droite, seulement à souligner que la tactique est classique. Chayka va à la pêche et quelques DG, au fil des discussions qui ont cours, laisseront savoir quel prix ils sont prêts à payer. En fin de compte, Chayka décidera : est-il résolu à ne pas ramener Hanzal l'an prochain? Si c'est le cas, le prix payé pourrait finalement être fort réduit. Entre un maigre retour et rien du tout, aussi bien prendre le peu qui passe.

Hanzal est un joueur fascinant par ce qu'il apporte autant que par ce qu'il ne peut donner. Il obtient, depuis le début de sa carrière, environ 1,5 point par heure jouée à 5-contre-5, ce qui le place à la limite de ce qu'on est en droit d'attendre d'un attaquant « top-6 ». En soi, ça n'est pas extraordinaire, mais cette production offensive honorable est ce qui en fait un joueur particulièrement intéressant au prix qu'il demande présentement. La réelle force de Hanzal se trouve du côté du jeu défensif et de l'impact sur la possession de rondelle.
Depuis son entrée dans la LNH en 2007-08, Hanzal est l'un des 235 joueurs à avoir accumulé au moins 5000 minutes de jeu à 5-contre-5. Plus précisément, il fait partie des 96 de ces joueurs à avoir à la fois augmenté la production de tirs de leur équipe et diminué celle de leurs adversaires.
Hanzal se classe 72e sur 96 pour la prime offensive donnée à son équipe : les Coyotes ont obtenu 2,3 tirs de plus par heure jouée en sa présence. Sur le plan défensif, il se classe 21e, coupant de 3,1 le nombre de tirs donnés par heure jouée. Transposé en taux de possession, cela revient à une prime de 2,4 pour cent, ce qui le classe 56e dans ce groupe restreint de 96 joueurs.
Il est intéressant de comparer ces prouesses à celles de deux autres joueurs sur le marché des transactions, Gabriel Landeskog et Matt Duchene. Ces deux attaquants ne sont évidemment pas du même calibre que Hanzal, d'abord et avant tout parce qu'ils sont beaucoup, beaucoup plus productifs.
Duchene est de loin le plus productif : ayant accumulé un peu plus de 2,1 points par heure jouée à 5-contre-5 depuis son arrivée dans la LNH, il appartient à l'élite de la ligue, alors que Landeskog, avec 1,9 point par heure jouée, se situe au niveau d'un attaquant top-3.
Duchene fait partie de ces joueurs dont l'impact est strictement offensif : sa présence sur la glace dope de quatre tirs la production de son équipe par heure jouée, mais les équipes adverses obtiennent elles aussi plus de chances, soit 1,8 tir de plus par heure. Landeskog a quant à lui un impact massif sur le taux de possession. Globalement, la prime de 4,2 pour cent qu'il donne à son équipe le classe 19e parmi les joueurs ayant obtenu plus de 5000 minutes de temps de jeu depuis 2007, un exploit peu commun pour un joueur âgé de seulement 24 ans. Cet impact massif est obtenu grâce à une contribution hors normes aux deux extrémités de la patinoire. Il offre à son équipe une prime de six tirs par heure jouée et contribue à réduire de 3,2 tirs la production de ses adversaires.
On comprend donc que Hanzal ne rapportera pas autant dans une transaction qu'un joueur comme Duchene ou Landeskog. En plus de ne pas avoir l'impact que ces deux joueurs ont sur son équipe, il est souvent blessé, n'ayant pas franchi la barre des 65 matchs joués depuis 2010-11.
Comme joueur défensif capable de produire à un rythme le situant aux marges d'un top-6, Hanzal est susceptible de contribuer aux succès d'une équipe qui peut s'offrir le luxe de l'utiliser comme troisième centre et qui serait intéressée à lui faire signer un contrat avant qu'il n'accède au marché des joueurs autonomes. Il peut, dans ce contexte, aider à stabiliser un groupe d'attaquants sans pour autant en être le pilier, rôle que sa santé ne lui permet pas de tenir de toute façon. Parce que son salaire demeure raisonnable et il est peu probable qu'il fasse sauter la banque sur le marché des joueurs autonomes, je ne serais pas surpris de voir Hanzal rester en Arizona pour jouer un rôle d'appui aux jeunes de l'organisation. Parfois, les meilleures transactions sont celles qu'on ne fait pas. L'avis est bon pour Chayka, mais aussi pour Joe Sakic…