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MONTRÉAL -Auston Matthews et William Nylander ont pratiqué ce jeu des centaines et des centaines de fois. Matthews fonce au filet, absorbe la passe soulevée de Nylander et décoche un tir des poignets qui ne laisse pratiquement aucune chance au gardien adverse.
Pendant l'entraînement, et même après alors que la plupart de leurs coéquipiers ont déjà pris le chemin du vestiaire.

Samedi, ces heures supplémentaires ont rapporté quand les deux talentueux attaquants des Maple Leafs ont effectué ce jeu à la perfection en prolongation pour permettre aux Torontois de signer une première victoire en 15 matchs face aux Canadiens, un gain de 4-3 arraché devant une salle comble très partagée au Centre Bell.
« La plupart du temps, nous nous cherchons et nous nous trouvons sur la patinoire, a expliqué Matthews qui a aussi battu Carey Price sur une superbe montée à l'emporte-pièce en première période. Notre objectif principal est de créer des chances, de réussir les jeux et c'est ce que nous faisons. »
Sur la séquence, Matthews et Nylander songeaient à retraiter au banc après avoir passé les quarante premières secondes de la prolongation sur la glace. Mais après un arrêt de Frederik Andersen face à Paul Byron, la rondelle s'est retrouvée sur la palette de Nylander qui a vu les eaux s'ouvrir devant lui.
« Je ne pouvais pas simplement laisser la rondelle là et me diriger au banc parce que j'ai vu l'occasion de surnombre. J'ai donc pris la chance, a avoué Nylander. J'étais fatigué à ce moment, mais j'ai trouvé un surplus d'énergie pour continuer. »
Il a battu Tomas Plekanec de vitesse et a noté que Matthews avait devancé Byron, qui tentait tant bien que mal de se replier. Quelques instants plus tard, le disque se retrouvait sur la bâton de Matthews - seul dans l'enclave - puis derrière Price, battu du côté du bouclier après seulement 48 secondes de jeu.
Quarante-huit longues secondes de jeu, tout dépendant du point de vue.
Surtout de celui de l'entraîneur-chef Mike Babcock, bien conscient que le résultat du match aurait pu être bien différent si Price avait réussi l'arrêt puis relancé l'attaque. La séquence d'insuccès de sa troupe face au Tricolore aurait facilement pu atteindre le vénérable - ou pas - plateau des 15 revers.
Mais lorsqu'on a sous la main deux joueurs de grand talent comme Matthews et Nylander, il faut accepter qu'ils puissent prendre des risques de temps à autre lorsqu'ils sentent l'odeur du sang.
« C'est évident qu'ils étaient rendus profondément en territoire adverse, a analysé Babcock. Nous voulions effectuer un changement, mais ça n'a pas adonné. Et ç'a bien tourné pour nous.
« Ce sont deux excellents joueurs, William a fait un très beau jeu. Ce sont deux gars qui veulent être sur la patinoire dans ces moments, ils ont fait ça toute leur vie. Ils ont simplement confiance de réussir à faire la différence dans des occasions comme celle-ci et c'est ce qu'ils ont fait. »
L'année d'expérience
La rencontre de samedi a aussi permis d'illustrer à la perfection l'effet que peut avoir une année d'expérience complète sur une jeune formation comme celle des Maple Leafs.
À pareille date l'an dernier, la formation torontoise aurait probablement échappé ce match serré en troisième période alors que les Canadiens ont accentué la pression en décochant 13 tirs sur le filet d'Andersen.
Mais ils ont réussi à fermer le jeu le plus possible pour forcer le Tricolore à tirer de l'extérieur de la zone dangereuse.
« Je ne connais pas la réponse pour être honnête avec vous, a dit Babcock questionné quant au changement d'attitude de son équipe. Nous ne sommes même pas près de jouer aussi bien qu'à la fin de la dernière saison. Mais nous jouons probablement mieux qu'à ce temps de l'année, il y a 12 mois.
« Nous avons plus de talent et nous pouvons encore beaucoup mieux jouer. C'est ce que nous prévoyons faire. »