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MONTRÉAL - Les uns après les autres, dans diverses catégories, Carey Price a rattrapé et surpassé les meilleurs gardiens de l'histoire des Canadiens de Montréal.
Price va même rejoindre le légendaire Jacques Plante au sommet du classement des gardiens ayant disputé le plus de matchs avec les Canadiens lorsqu'il participera à sa 556e partie, dimanche, contre les Devils du New Jersey au Centre Bell (19h HE, SN, RDS, MSG+, NHL.TV).

Price a été réclamé au cinquième rang par les Canadiens lors du repêchage 2005 de la LNH. Il s'est amené à Montréal après avoir remporté la médaille d'or avec le Canada au Championnat mondial junior de la FIHG et la Coupe Calder avec Hamilton dans la Ligue américaine de hockey en 2007.
Le gardien de 30 ans, originaire d'Anahim Lake en Colombie-Britannique, a vécu son lot de hauts et de bas depuis qu'il est membre des Canadiens. Il est un joueur de concession très populaire avec des statistiques extraordinaires, mais il a aussi connu des périodes creuses et il n'a pas été épargné par les blessures.
En 2014-15, Price a réussi un exploit inégalé en remportant les trophées Hart, Vézina, William-Jennings et Ted-Lindsay. Il a gagné l'or pour le Canada aux Jeux olympiques en 2014 et il a permis à son pays de mettre la main sur le titre de la Coupe du monde de hockey en 2016.
À sa 11e campagne à Montréal et après avoir signé une prolongation de contrat de huit ans le 2 juillet, Price devrait réécrire le livre des records des gardiens des Canadiens au cours des prochaines années.

Price se concentre sur le présent, alors il n'est pas très au fait de l'histoire des Canadiens, mais il est pleinement conscient que plusieurs gardiens légendaires l'ont précédé à Montréal. Après la séance d'entraînement de jeudi, il s'est entretenu avec LNH.com dans le vestiaire vide de l'équipe sous les portraits de Plante et de sept autres gardiens des Canadiens qui ont été intronisés au Temple de la renommée du hockey. Nous avons discuté du record de matchs joués qu'il est sur le point de battre ainsi que de sa carrière et de sa vie dans cette ville.
Tu es plutôt du genre à te concentrer sur ton prochain arrêt. Tu préfères vivre le moment présent plutôt que de penser au portrait global de la situation, chose que tu entends faire quand ta carrière sera derrière toi. Pourtant, te voilà, sur le point d'égaler la marque de Jacques Plante pour le plus grand nombre de matchs joués pour la plus vieille concession de la ligue. Est-ce que l'impact de cet exploit te touche de quelconque façon?
« Un peu. Dernièrement, j'avais d'autres chats à fouetter. Je l'ai réalisé seulement quand on m'a demandé d'avoir cet entretien. Je savais que ça approchait, mais je n'y avais pas vraiment pensé. C'est un bel exploit de rejoindre Plante. Ce n'est pas facile de jouer dans la LNH et d'y rester. Avec un peu de recul, je suis très fier d'égaler Jacques. Je suis du genre à vivre au jour le jour et à y aller une étape à la fois. J'aimerais bien en être qu'à la moitié de ma carrière… Quand je suis arrivé comme recrue, je n'ai jamais essayé d'être quelqu'un d'autre. Il y avait des joueurs que j'admirais, bien entendu, comme Patrick Roy, mais je n'ai jamais essayé d'être Patrick. C'est tout simplement impossible. »

Roy-Price

Huit gardiens membres du Temple de la renommée ont leur photo dans le vestiaire : Georges Vézina à ta droite, George Hainsworth directement au-dessus de ton casier, Bill Durnan à ta gauche. Plante est 11 photos plus loin, puis il y a Gump Worsley, Ken Dryden, Roy et Rogatien Vachon. Quand tu entres dans cette pièce, quelle photo attire le plus ton attention et quel gardien t'a le plus impressionné pendant ta carrière?
« Probablement celui-là, le cinquième à partir du bout (en pointant la photo de Roy). C'est lui que j'admirais en grandissant. Il a toujours été très compétitif, comme moi, je crois. C'était génial pour moi d'être ici quand on a retiré le numéro de Patrick (le 22 novembre 2008). C'était aussi génial d'affronter Martin Brodeur (le gardien des Devils). Il y a aussi quelques gardiens que j'aimerais rencontrer, aujourd'hui, comme Mike Richter (l'ancien gardien des Rangers de New York), que j'admirais secrètement parce qu'il est Américain (rires). Il y a aussi Kirk McLean, parce que j'étais un partisan des Canucks de Vancouver quand j'étais petit. J'ai pleuré quand ils ont perdu en 1994 (lors du septième match de la finale de la Coupe Stanley contre les Rangers). »

Jacques Plante action 1

À deux reprises, tu as rendu hommage à Plante, qui a développé et popularisé le masque de gardien de but, sur ton propre masque et tu as porté chacun de ces masques une seule fois. Le 4 décembre 2009, lors d'un match célébrant le 100e anniversaire de la première partie des Canadiens dans l'Association nationale de hockey, il y avait les visages de Vézina, Hainsworth et Roy d'un côté et ceux de Durnan, Plante et Dryden de l'autre. Puis, le 20 février 2011, lors de la Classique Héritage Tim Hortons à Calgary, ton masque représentait le visage masqué de Plante. Que connais-tu de Plante et de son impact sur la position de gardien?
« Je n'en sais pas beaucoup, pour être honnête. Il a joué bien avant moi. Mon père (Jerry, un ancien gardien qui a été repêché en huitième ronde par les Flyers de Philadelphie en 1978, mais qui n'a jamais joué dans la LNH) pourrait mieux vous parler de sa carrière que moi. Je ne me suis pas encore vraiment attardé aux carrières des gardiens que j'ai mentionnés plus tôt, mais je crois que je vais devoir le faire bientôt. Tout le monde connaît les exploits de Plante et les trophées qu'il a gagnés au cours de sa carrière. Il mérite assurément d'être sur ce mur. »

Price Plante 2

Ton premier match dans la LNH le 10 octobre 2007, au Mellon Arena à Pittsburgh, une victoire de 3-2 contre les Penguins où tu avais fait 26 arrêts, a eu lieu exactement 22 ans après que Roy eut fait ses débuts dans la LNH et c'est dans ce même amphithéâtre que Dryden a disputé sa première partie en 1971. Qu'as-tu retenu de ton premier match?
« Je me souviens d'avoir été assis dans une autre pièce que le reste de mes coéquipiers. Les deux gardiens, Cristobal Huet et moi, ainsi que deux joueurs qui avaient été rayés de l'alignement après la séance d'échauffement étaient là. Le reste de l'équipe était dans le vestiaire de l'autre côté de la porte. C'était bien parce que j'ai pu me concentrer sur ce que j'avais à faire. Je me souviens que je portais un masque blanc parce que le mien n'était pas encore prêt. (En regardant la feuille de pointage) Je ne me souviens pas qui était dans les buts pour les Penguins. (Marc-André) Fleury? Je pensais que c'était l'autre, (Dany) Sabourin. Marc-André a fait ses débuts à Pittsburgh alors que je terminais mon séjour dans le junior. Même s'il n'avait que trois ans de plus que moi, je le considérais comme un de mes aînés. Il a fait le même parcours que moi, mais quelques années avant. »

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Tu as repoussé six lancers de Sidney Crosby, ce soir-là. Ton premier arrêt dans la LNH a été contre Mark Recchi 51 secondes après la mise au jeu initiale et tu as stoppé Sid sur le retour quelques secondes plus tard…
« Je crois que je me souviens de l'arrêt devant Recchi. C'était un arrêt chanceux avec le bout de mon bâton (rires). Il a visé bas du côté du bloqueur, comme il le faisait souvent. »
Tu occupes le troisième rang de l'histoire des Canadiens avec 286 victoires, trois derrière Roy; Plante est premier avec 314. Tu es quatrième pour les blanchissages avec 40, six derrière Dryden, 18 derrière Plante et 35 derrière Hainsworth, qui en a réussi 22 en 44 parties en 1928-29 avant l'introduction des passes vers l'avant. Parlons plutôt de tes minutes de punitions : avec 43, tu es troisième loin derrière les 72 de Plante et les 110 de Roy…
« Je ne sais pas combien de punitions de 10 minutes (pour mauvaise conduite) Patrick a eues, il faudrait peut-être vérifier. Je vais penser à mes statistiques personnelles seulement après ma carrière. Je ne me souviens pas qui m'a dit ça, c'était peut-être quand j'étais une recrue alors que je consultais les notes d'avant-match et les statistiques, mais il m'a dit : "Tu sais ce que c'est? C'est du futur papier hygiénique." (rires) Il ne l'a peut-être pas dit sur un ton aussi léger. Je me suis dit que c'était vrai. On peut faire dire ce qu'on veut aux statistiques. Elles peuvent dire que vous avez gagné vos cinq dernières parties, mais c'est peut-être vos cinq seules victoires en 25 matchs. »

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Tu as remporté les trophées Hart, Vézina, Jennings et Lindsay en 2014-15, tu as participé six fois au Match des étoiles de la LNH, tu as gagné l'or aux Olympiques et à la Coupe du monde de hockey et tu t'apprêtes à laisser ta marque dans l'histoire des Canadiens. Y a-t-il un moment particulier de ta carrière professionnelle qui t'a marqué?
« Je ne sais pas s'il y a un moment particulier. Être le plus ancien au sein de la formation des Canadiens est assez spécial pour moi. Quand Pleky (le centre Tomas Plekanec) a été échangé [à Toronto] à la date limite cette année, c'était le seul qui était là à ma première saison. Maintenant, je suis le plus vieux… d'une certaine façon (rires). La ligue rajeunit, mais pas moi. C'est très différent de ce que c'était quand j'avais 20 ans. »

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Les partisans des Canadiens t'ont vu grandir depuis ton arrivée il y a plus de dix ans. Tu as eu des hauts et des bas et tu as été blessé dans un marché de hockey qui n'est pas comme les autres. Tu t'es marié et tu as eu un enfant dans cette ville. Est-ce qu'il y a une chose qui a marqué ta vie en dehors de la patinoire?
« La naissance de ma fille, Liv [en 2016]. Elle m'a beaucoup changé. N'importe quel parent va vous dire à quel point ça change une vie. Elle m'apporte tellement de bonheur, c'est inimaginable pour une personne qui n'a pas d'enfant. C'est plus facile de se changer les idées avec elle. C'est plus agréable de rentrer à la maison et comme je suis plus occupé maintenant, je n'ai pas le temps de trop réfléchir. Je crois fermement qu'il faut travailler fort à l'aréna, mais ensuite, il faut laisser le travail à l'aréna. C'est épuisant mentalement quand on pense au hockey 24 heures sur 24. (Ma femme) Angela, Liv et moi, on va rester à Montréal pendant une semaine après la fin de la saison, puis on va retourner dans notre deuxième maison (à Kelowna, en Colombie-Britannique). Je ne sais pas si je vais regarder les séries éliminatoires de la Coupe Stanley. C'est difficile pour moi de regarder les autres faire ce que j'aurais voulu faire (rires). C'est comme regarder quelqu'un d'autre conduire son auto ou chevaucher son cheval. »
Vas-tu conserver un souvenir de ta 556e partie et de ta 557e, quand tu t'approprieras seul le record de matchs joués?
« Je ne suis pas un grand collectionneur. J'ai seulement quelques rondelles, des chandails et une belle collection de cartes de hockey. Je suis certain que les Canadiens vont faire quelque chose quand je vais surpasser Plante parce qu'ils ont beaucoup de classe. Je vais garder la rondelle du match, je crois. On ne peut pas tout garder (rires). Et je n'ai plus de place sur mon mur. »