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NASHVILLE - Il y a quelque chose qui ne sent pas bon, et ce n'est pas l'haleine de P.K. Subban. Ce sont les gens qui n'ont pas le sens de l'humour, ce sont les gens incapables d'apprécier ni le sens du spectacle ni les jeux de l'esprit de la part d'un défenseur vedette alors que les projecteurs brillent de tous leurs feux sur la LNH.
Après la victoire de 5-1 des Predators de Nashville contre les Penguins de Pittsburgh décrochée à l'occasion du troisième match de la Finale de la Coupe Stanley, samedi au Bridgestone Arena, Subban s'est amené derrière le capitaine des Penguins Sidney Crosby. Il l'a poussé un peu, a saisi son chandail et lui a lancé quelques remarques.
Subban a accordé une entrevue à l'analyste de NBCSN Pierre McGuire. Elle a duré 1:20. Pendant 1:05, Subban a dit toutes les bonnes choses. Rien de cela n'a fait les manchettes. Mais on lui a ensuite demandé ce qui s'était dit entre Crosby et lui au moment où la rencontre se terminait.

Subban est resté silencieux pendant une bonne seconde avant de répondre, comme s'il essayait de réfléchir à ce qu'il allait dire. On croit deviner qu'il ne voulait probablement pas répéter ce qui s'était véritablement dit.
« Il m'a dit que j'avais mauvaise haleine, a-t-il dit. Mais je veux dire, je ne sais pas… J'ai utilisé de la Listerine avant le match. Alors je ne sais pas de quoi il parlait. »
Subban a souri. McGuire a ri.
D'autres ont hurlé. Encore Subban qui fait des siennes ! À tourner toute l'attention vers lui ! Mais qu'est-ce qu'il veut, il essaie d'obtenir une commandite de Listerine?
Les journalistes lui en ont parlé après le match et encore dimanche.
« Personne n'est parfait, non ?, a lancé Subban en souriant de nouveau. Il y a des choses sur lesquelles je dois travailler. J'imagine que m'assurer d'avoir bonne haleine sur la glace, c'en est une. »
Encore des gens qui hurlent, ou du moins qui lèvent les yeux au ciel. Encore les médias qui font une histoire avec rien ! Ne peuvent-ils pas s'en tenir au hockey ?
« Ouais, il a tout inventé, a dit Crosby dimanche. Je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas dit ça. »
Dommage. Ç'aurait été plus drôle.
« [Subban] a une haleine formidable, a lancé le défenseur des Predators Roman Josi. Il est toujours bien habillé, il sent toujours bon. »
Écoutez, Subban va parfois trop loin. Et je l'ai critiqué quand il l'a fait. Les médias sont un peu bêtes parfois. J'ai moi-même péché à cet égard à l'occasion. Je suis certain que certains estimeront que je suis fautif en ce moment.
Mais dans le cas présent, ça fait partie du spectacle des séries éliminatoires de la Coupe Stanley ou de tout autre grand événement sportif. Avez-vous déjà pris connaissance de tout ce qui se dit à l'occasion du Super Bowl?
Et, d'une certaine manière, c'est très révélateur.
Que vous l'aimiez ou non, Subban s'en balance. Il aime l'attention qu'il reçoit dans ce contexte.
Lorsqu'on l'a interrogé sur le fait d'affronter Crosby, il a répondu : « J'adore ça, j'adore ça. Je veux dire, c'est toujours formidable d'affronter les meilleurs joueurs au monde, et il est le meilleur joueur au monde. C'est toujours plaisant de jouer contre ces gars-là, c'est un défi, et ça va continuer d'être un défi non seulement pour moi, mais pour tout le monde dans notre formation. »
Mais il adore également les jeux de l'esprit, les stratégies pour avoir le dessus sur l'adversaire mentalement.
« C'est formidable, a-t-il souligné. C'est ce que les joueurs aiment, et c'est probablement ce qui leur manque le plus quand ils arrêtent de jouer, ces batailles-là, les petites batailles à l'intérieur de la grande bataille, si on peut dire. »
Il ne faut pas se leurrer : Subban sait ce qu'il fait. C'est une personne intelligente et il est probablement le joueur de la LNH qui comprend le mieux comment fonctionnent les médias. Il a joué pendant sept saisons à Montréal avec les Canadiens, dans un marché fou, où il a fait l'objet d'un nombre incalculable de chroniques et d'articles, négatifs et positifs.
Alors quand il se présente après une défaite de 4-1 subie à Pittsburgh à l'occasion du deuxième match, mercredi, déclare que les Predators allaient remporter la troisième rencontre et réduire à 2-1 l'avance des Penguins dans la série quatre de sept, il sait fort bien que les médias vont sauter là-dessus. Il est prêt à se justifier et à réitérer ses propos le lendemain. Quand il continue d'alimenter l'histoire du jour, il sait exactement ce qui arrivera ensuite.
Et ce n'est pas à des fins personnelles.
En affirmant que les Predators vont l'emporter, il s'assure que les gens parlent de sa promesse et non, par exemple, des déboires du gardien Pekka Rinne. En multipliant les blagues sur son haleine, il sait que Crosby devra commenter là-dessus après l'entraînement. Est-ce quelque chose qui va vraiment déranger Crosby ? Sans doute que non. Depuis le début de sa carrière que Crosby doit composer avec des adversaires qui tentent de le déconcentrer. Mais il n'a rien à perdre non plus.
Tout ce que cela fait, c'est de donner davantage de contenu aux journalistes, sans rien enlever aux nouvelles et aux analyses de base. Si c'est cela que vous voulez, vous en avez amplement sur LNH.com. Les avez-vous déjà lus, ces articles-là ?
J'ai demandé à Subban s'il savait que les journalistes poseraient des questions à Crosby sur son haleine.
« Allez-vous lui demander ça ? », a-t-il lancé, narquois.
J'ai gagé avec lui que quelqu'un allait le faire.
« Eh bien, ce sera intéressant de voir s'il va dire ce qu'il a dit hier soir », a-t-il dit en souriant.
Bien évidemment, quelqu'un a posé la question.
Un autre journaliste a ensuite emboîté le pas en demandant à Crosby si Subban avait souvent essayé de le déconcentrer au fil des ans.
« Ouais, entre autres choses, a dit Crosby. Il aime recevoir de l'attention et des choses du genre. Alors je veux dire, s'il veut inventer des choses, il n'y a pas grande-chose que je… Que puis-je y faire ?