Rutherford Maurice CAR

En 1984, l'entraîneur des Jets de Winnipeg Paul Maurice était un défenseur de 17 ans de Sault Ste. Marie, en Ontario, qui a été repêché par Windsor dans la Ligue de hockey de l'Ontario (OHL). Le directeur général là-bas était l'ancien gardien de la LNH Jim Rutherford. Trente-cinq ans plus tard, le lien qu'ils partagent est plus fort que jamais. C'est Rutherford qui a convaincu Maurice à accrocher ses patins et à devenir entraîneur adjoint avec Windsor en 1987. Rutherford, dans ses autres fonctions de DG, a fait de Maurice l'entraîneur de Detroit (OHL) en 1993 et l'entraîneur des Whalers de Hartford en 1995. Il l'a congédié en 2003, après que l'équipe eut été relocalisée en Caroline pour devenir les Hurricanes, avant de l'embaucher à nouveau avec les Hurricanes en 2008. « Je suis là aujourd'hui grâce à lui », a dit Maurice. Maurice nous parle de Rutherford, qui entrera au Temple de la renommée dans la catégorie des bâtisseurs lundi, dans un témoignage spécial pour le LNH.com :
C'est un fait : Jim Rutherford m'a congédié de mon poste d'entraîneur à deux reprises dans la LNH, en 2003 et 2011. Les deux fois avec les Hurricanes de la Caroline.

Voici un autre fait : si j'avais des problèmes ou si j'avais besoin de quelque chose, ou si jamais j'étais dans une situation où je ne savais pas vers qui me tourner, j'appelais Jimmy. En raccrochant le téléphone, je me sentais mieux.
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Nous rencontrons tous des difficultés dans la vie. Jim était toutefois la première personne que j'appelais. Et c'est encore le cas aujourd'hui.
Comment quelqu'un qui m'a privé de mon travail - deux fois - peut-il être aussi spécial à mes yeux?
C'est simple. Il est une personne spéciale, une personne qui mérite tellement d'être intronisée au Temple de la renommée.
Avec Jim, il faut surtout savoir que peu importe ce qu'il te dit, peu importe les actions qu'il pose, il fait ce qu'il pense être la bonne chose.
L'une des choses que nous parvenions très bien à faire, c'était de séparer la vie professionnelle de notre vie personnelle. Mais la chose qui nous a le plus liés est la suivante : je savais qu'il se souciait de moi. Lorsque je savais que j'allais être congédié, ou que les choses devenaient difficiles, nous avions une conversation pénible ensemble. Puis nous allions souper ensemble le lendemain, parce que je savais qu'il se souciait de moi.
À cet égard, à l'exception de mon père Denis, il a été l'homme qui a eu la plus grande influence dans ma vie.
La plus grande force de Jim - et c'est le cas avec tout le monde, pas seulement avec moi - c'est que ses relations sont fondées sur la confiance. Ce fur assurément le cas entre nous, et c'est encore le cas aujourd'hui. Cette confiance a commencé à être bâtie quand j'avais 17 ans. On parle d'avoir confiance que le meilleur intérêt des autres lui tient à cœur. C'est ce qu'il ressent pour moi. Et c'est ainsi que notre relation a commencé.

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Cette confiance est présente dans les bons comme dans les mauvais moments. Je lui ai toujours fait confiance. Et j'ai toujours eu raison de le faire.
Je me souviens de la première fois qu'il m'a congédié. Nous venions de revenir d'un voyage sur la côte ouest. C'était le 15 décembre 2003. Nous avions pris l'avion toute la nuit. Et je me souviens lui avoir dit : « Je suis fatigué ».
Vous devez vous rappeler le parcours de cette franchise.
Tout avait commencé à Hartford, où j'avais été embauché comme adjoint avec les Whalers en 1995 avant d'être promu au poste d'entraîneur-chef. En 1997, l'équipe a déménagé en Caroline du Nord pour devenir les Hurricanes de la Caroline. Au cours des deux premières saisons, nous avons dû jouer à Greensboro, à 90 minutes de voiture, parce que notre nouvel aréna à Raleigh n'était pas encore terminé.
De prendre cette équipe à son nouveau départ et en faire une bonne formation a été une tâche exténuante pendant neuf années de suite. Comme je l'ai dit, j'ai été congédié. Et Jim n'a pas eu tort de me montrer la porte. Je comprends pourquoi il l'a fait.
Je serais revenu travailler le lendemain et j'aurais continué de tout donner. Mais je comprenais. Il faisait la bonne chose. Je lui ai fait confiance. C'était la bonne chose à faire pour l'équipe.
Depuis mes 17 ans, chaque interaction que j'ai eue avec Jim, j'en ressortais de très bonne humeur. Il avait cette capacité de bien jauger votre état, et de dire les bonnes choses que vous aviez besoin d'entendre. Vous en ressortiez en vous sentant plus intelligent, et vous aviez une meilleure opinion de vous-même. Il vous transférait cette confiance qu'il avait en vous. Dans mon cas, il l'a fait bien avant que je possède cette confiance en moi-même.
Hey, j'ai refusé ce poste avec les Whalers trois fois. Et il continuait de revenir à la charge en me disant : « Non, ce poste est parfait pour toi ». Finalement, il avait raison. Et c'est le genre de chose qui s'est produite encore et encore au fil de ma carrière. Et il avait toujours raison.
Je suis heureux de l'avoir écouté, et ce depuis que nos chemins se sont croisés à Windsor.
J'étais alors un joueur de 20 ans, qui était victime du nombre de joueurs de mon âge. Un jour, Jim m'a fait venir dans son bureau et m'a dit que j'avais deux options. La première était qu'il m'échange aux Generals d'Oshawa, où je pouvais terminer ma carrière. La deuxième était que je demeure avec l'organisation dans un poste d'entraîneur. Ce fut une conversation difficile. Ma carrière au hockey prenait en quelque sorte fin. J'avais toujours ce rêve. Peu importe l'âge que vous avez, ce rêve est présent. Ce fut une journée terrible. Mais en raison de la manière dont il m'avait traité pendant les trois dernières années et demie, j'ai décidé de rester et de devenir entraîneur adjoint. C'est comme ça que ma carrière d'entraîneur a commencé.
À 26 ans il m'a nommé entraîneur du Compuware de Detroit. Personne n'obtient ce genre d'occasion à 26 ans, n'est-ce pas? L'année suivante, M. Karmanos a acheté les Whalers de Hartford. Peu de temps après, je suis devenu entraîneur adjoint, puis entraîneur-chef des Whalers. Chaque fois que j'ouvrais une porte, j'obtenais une autre occasion. Jim a toujours eu cru en moi, il m'a toujours fait confiance. Et c'est pourquoi vous lui faites confiance. Il a toujours raison.
Deux semaines avant l'annonce de son intronisation au Temple de la renommée, nous étions ensemble dans un hall d'hôtel au Repêchage 2019 de la LNH à Vancouver et je lui ai dit : « Il faudrait que tu commences à préparer ton discours pour ton intronisation au Temple de la renommée ». Il a répondu par une blague pour changer de sujet. Il recevait cet appel deux semaines plus tard.
Jim va entrer au Temple de la renommée dans la catégorie des bâtisseurs après avoir mené ses équipes à trois conquêtes de la Coupe Stanley - en Caroline (2006) et à Pittsburgh (2016, 2017). Mais son véritable héritage, ce sont les vies qu'il a changées en raison de son amitié.
Et ça inclut la mienne.
Félicitations Jim. Et merci.