Letang_raises_Cup

SAINTE-JULIE, Qc - Dans sa tête d'enfant, Alexander Letang, trois ans et demi, croyait que quand on gagnait la Coupe Stanley on pouvait garder le gros trophée pour toute la vie. Papa Kristopher a dû lui expliquer qu'il faut profiter pleinement de la journée qu'on passe avec parce qu'il faut la remettre à l'enjeu au début de la saison suivante.

« Je lui ai dit qu'on devait prendre le plus de photos possibles avec la Coupe Stanley, a relaté en riant Kristopher Letang, vendredi. Il ne comprenait pas qu'il fallait la redonner et tout recommencer pour la regagner. »

Alexander est peut-être trop jeune pour tout comprendre, mais papa s'est assuré de remplir sa boîte à souvenirs.

La journée a commencé par un petit-déjeuner fort inusité au domicile familial de Boucherville. Alexander a pu manger ses céréales préférées dans l'immense bol de la Coupe.

« Il a pensé que c'était une boite à lunch. Il y mettait tout, ses croissants, etc. », a mentionné Letang.

Ces moments privilégiés père-fils vont marquer la deuxième visite estivale de Lord Stanley pour Letang. En 2009, à l'occasion de sa première conquête du convoité trophée à l'âge de 21 ans, Letang avait fait tout ce qu'il souhaitait avec la Coupe, sans s'accorder de répit. Cette année, il voulait que la journée soit moins effrénée.

Il a tout de même tenu à en faire profiter la population de son patelin, à Sainte-Julie, sur la rive-sud de Montréal, comme il l'avait fait en 2009.

« Pour moi c'est important de redonner à la communauté. Ma journée avec la Coupe, c'est spécial, mais c'est principalement pour les membres de ma famille, les gens de mon entourage ainsi que tous ceux qui me soutiennent et m'encouragent.

« Ma journée avec la Coupe, ç'a été le 12 juin au soir sur la glace (du SAP Center de San Jose), quand je l'ai soulevée à bout de bras. Ç'a été mon 30 secondes de gloire. C'est tout ce que je voulais. Aujourd'hui, je partage le plaisir avec les autres, ma famille et les amateurs. »

Par une chaleur torride vendredi, ils ont été plus de 2000 à s'être rendus au grand rassemblement organisé par la ville de Sainte-Julie à l'école secondaire du Grand-Coteau, situé aux abords de l'autoroute 20.

Letang y a passé trois heures à se faire prendre en photo avec des centaines d'amateurs et évidemment l'invitée de la journée. Chacun a déboursé 5$, et l'argent ramassé été remis à deux organismes de soutien aux familles de la ville (Fondation Participe-Don et la Maison de l'Entraide).

« C'est ici que j'ai grandi, que j'ai vécu mes meilleurs moments de hockey avant que ça devienne plus sérieux. Je suis toujours resté proche de la ville, toujours entretenu des liens étroits avec. Mes parents y demeurent toujours. »

La mairesse de Sainte-Julie Suzanne Roy lui a fait signer le livre d'or de la ville pour la quatrième fois déjà, la deuxième à titre de champion de la Coupe Stanley. Les conseillers et les députés de la région ont assisté à la courte cérémonie.
Tous ont souligné la ténacité et la persévérance de Letang qui a surmonté des problèmes de santé au cours des dernières années, incluant un accident vasculaire cérébral (AVC) en janvier 2014.

Satisfaction plus grande

Letang a admis que cette conquête est plus gratifiante que la première sur le plan personnel en raison des nombreux obstacles qu'il a surmontés

« Avec mon dossier médical des sept dernières années, c'est le 'fun' de prouver aux gens que j'ai pu revenir à mon plus haut niveau. D'avoir obtenu la Coupe en guise de récompense, c'est un bel accomplissement. »

Après avoir participé à deux Finales de la Coupe Stanley tôt dans sa carrière, Letang a dit avoir réalisé au fil des années combien difficile c'était de mettre la main dessus.

« Nous aurions peut-être remporté la Coupe Stanley plus souvent en ayant eu le bon état d'esprit, a-t-il opiné. Nous sommes encore une jeune équipe.

« Avec des joueurs de la trempe des Sidney Crosby et Evgeni Malkin, a-t-il poursuivi, on tient pour acquis qu'on va se rendre jusqu'à la Finale à toutes les années, mais c'est loin d'être le cas. C'est comme quand ton équipe prend une avance de 3-0 dans un match. Tu t'assois dessus, c'est une réaction normale.

« Avec les années, tu finis par comprendre ce que ça prend pour gagner la Coupe Stanley et tu le savoures davantage quand ça arrive. »

Letang y a contribué d'éclatante façon en participant aux quatre buts gagnants des Penguins en Finale contre les Sharks. Un exploit que seul Wayne Gretzky pouvait auparavant se targuer d'avoir réussi dans l'histoire de la LNH.

« Ce n'est pas quelque chose dont je m'enorgueillis particulièrement ou à laquelle je repense. C'est arrivé comme ça. Je ne savais même pas que j'avais participé aux quatre buts gagnants avant qu'on me le souligne », a commenté Letang, avant de jeter un regard vers la Coupe comme pour montrer que c'est tout ce qu'il avait en tête pendant la Finale.

Arrivée en provenance de Boston vendredi matin, la Coupe va passer la fin de semaine dans la région de Montréal.

Après Sainte-Julie vendredi, elle se retrouvera pas très loin sur la Rive-Sud à Sorel, aux bons soins du gardien Marc-André Fleury, avant d'aller à Laval dimanche chez Pascal Dupuis et du côté de Rigaud lundi à l'école de hockey Jacques Martin.