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OTTAWA - On aurait dit, d'une certaine manière, que tout ce qu'ils avaient traversé cette saison les avait préparés à cela, à ce moment, à cette situation.
Les Sénateurs d'Ottawa, qui sont amochés depuis quelques mois, et qui ont encaissé les mauvaises nouvelles à un rythme régulier, retraitaient au vestiaire à la fin de la deuxième période, en retard par deux buts dans une série où ils avaient déjà échappé le premier match à domicile. Ils auraient pu s'effondrer, assommés par le nombre d'obstacles qu'ils ont dû surmonter cette saison et par leur malchance apparemment sans fin.

« L'adversité vous fait grandir, ou elle vous détruit, a philosophé l'entraîneur des Sénateurs Guy Boucher. Nous avons choisi de grandir grâce à elle. »
Ils ont grandi et sont devenus l'équipe qu'ils forment aujourd'hui, une équipe capable d'effacer un déficit de deux buts, de forcer la tenue de la prolongation, d'égaler leur série de première ronde de l'Association de l'Est contre les Bruins de Boston grâce à un gain de 4-3 en prolongation dans le match no 2 au Centre Canadian Tire samedi.
La série 4-de-7 est maintenant égale 1-1 et se transporte au TD Garden pour le match no 3 lundi (19 h (HE); TVAS, CNBC, SN, NESN).
La victoire de samedi a été scellée par un tir de Dion Phaneuf à 1:59 de la prolongation, 12 secondes après la fin d'une punition pour avoir retardé le match purgée par le défenseur des Bruins Zdeno Chara. Les Sénateurs ont maintenu la pression en prolongation, un tir de Kyle Turris touchant notamment la barre transversale. Ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour ne pas échapper deux matchs à domicile pour entamer la série.
Tout a commencé au deuxième entracte, avec la déception liée à la manière dont ils avaient joué et dont ils s'étaient comportés.
« Nous avons parlé toute l'année de nous recharger, mentalement, physiquement et émotivement. Il s'agit de quelque chose que nous avions de la difficulté à faire au début de l'année, a expliqué Boucher. Nous avons vu notre équipe progresser tout au long de la saison. Nous avons trouvé une âme. Nous avons développé une aptitude à surmonter l'adversité pendant les matchs et d'un match à l'autre. C'est quelque chose que nous ne possédions pas du tout au début de la campagne. »
C'est quelque chose qu'ils possèdent maintenant.
« C'est de cette manière que nous allons devoir jouer si nous voulons battre cette équipe, a indiqué le capitaine des Sénateurs Erik Karlsson. Ils ne vont pas abandonner. Ils forment une bonne équipe, même s'ils doivent composer avec plusieurs blessures.
« Ce fut assurément plaisant de répondre de la manière dont nous l'avons fait. C'est de cette façon que nous devons amorcer les matchs, et c'est également ainsi que nous devons terminer les rencontres. Espérons que nous avons appris notre leçon avant d'aller à Boston. »
Ce fut, d'une certaine manière, le reflet de ce qui s'est produit dans le match no 1 mercredi. Dans cette rencontre, les Bruins ont disputé une deuxième période atroce, ne décochant aucun tir au but, avant de revenir avec deux buts en troisième période pour prendre les devants et signer la victoire.
Au cours de l'entracte, « Il ne s'est pas dit grand-chose, a assuré Phaneuf. Nous nous sommes reconcentrés, nous avons fait le vide, repris des forces, et nous savions que nous allions devoir tout donner. C'est ce que nous avons fait. Nous avons tout donné pour les battre. »

C'est ce que les Sénateurs sont parvenus à accomplir samedi, alors que tout a commencé avec un but à 5:28 inscrit par Chris Wideman à l'aide d'un tir de la pointe gauche qui a échappé à la mitaine de Tuukka Rask. Karlsson a ensuite effectué une fantastique pièce de jeu où il a fait étalage d'une vision et d'un talent incroyables alors qu'il a repéré Derick Brassard en parfaite position pour tromper la vigilance de Rask.
« Il peut réussir des jeux que seulement une poignée de joueurs de la ligue sont capables de réaliser », a souligné Boucher.

Le pointage était égal. Ottawa était toujours en vie.

Et s'il y a une chose que les Sénateurs ont apprise cette année, c'est de profiter pleinement de leurs chances. L'amphithéâtre a subitement repris vie, vibrant au rythme des possibilités qui s'offraient à l'équipe locale, en raison du changement de momentum qui venait de s'opérer sur la glace.
Il y avait un sentiment d'urgence. Il y avait du désespoir. Et les Sénateurs se trouvaient au milieu de tout cela, tentant d'éviter d'affronter un retard de deux matchs.

« Nous avons réalisé que nous leur avions en quelque sorte donné le premier match, et que nous étions en train de leur donner celui-là aussi, a indiqué Karlsson. Nous nous sommes dit que si nous devions perdre ce match, cela n'allait pas être dû à un mauvais effort de notre part. Nous allions perdre malgré un effort optimal. »
Ils ont cessé de penser au résultat final, ils ont commencé à penser à leur prochaine présence, à leur prochain jeu. Ils ont commencé à donner tout ce qu'ils avaient à chacun des moments. Et ils ont marqué, avant de marquer à nouveau, puis une autre fois encore. Ce dernier but leur a procuré la victoire, donnant ainsi aux Sénateurs exactement ce dont ils avaient besoin.
Karlsson a perdu son calme un peu plus tôt au cours de la rencontre, alors que le défenseur avait crié après Brassard après que les Sénateurs eurent accordé un but en infériorité numérique à l'attaquant des Bruins Tim Schaller. Ce but redonnait les devants à Boston 1:42 après que Clarke MacArthur eut nivelé la marque pour Ottawa.
La frustration était évidente. La déception l'était tout autant.
Mais lorsque Karlsson et Brassard ont uni leurs efforts pour inscrire le but égalisateur, tout était revenu au beau fixe. La discorde avait disparu. Les liens avaient été renforcés. L'adversité avait, comme d'habitude, été vaincue.
« Nous devions réaliser que nous devions nous réveiller, a expliqué Karlsson en parlant de ce moment d'émotion. Nous leur avions donné ce but. Nous venions de marquer un but important sur le jeu de puissance et il était inacceptable de leur redonner immédiatement. Nous avons assurément répondu de la bonne manière en troisième, et nous avons pu décrocher la victoire. »