Thompson_Lepage

Si Marc Bergevin avait possédé une DeLorean permettant de voyager dans le temps, ne serait-ce que pour se projeter quelques mois en avant, il y a fort à parier qu'il y aurait pensé deux fois avant d'échanger l'attaquant Nate Thompson aux Flyers de Philadelphie, à la date limite des transactions.

À l'époque, le directeur général des Canadiens avait agité le drapeau blanc et accepté du même coup le fait que son équipe n'avait pas les éléments nécessaires pour remonter au classement et se faufiler en séries éliminatoires.

L'année 2020 étant ce qu'elle est, voilà que les deux équipes ont rendez-vous au premier tour des séries et que les joueurs du Tricolore devront se mesurer à leur ancien coéquipier. Mais ils devront surtout faire face à un joueur qui les connaît par cœur, à compter de mercredi (20h HE; TVAS, CBC, SN, NBCSN, NHL.TV).

« Ça ne fait aucun doute que nous lui avons posé quelques questions au cours de notre préparation, a déclaré l'entraîneur des Flyers, Alain Vigneault. Nous avons voulu confirmer avec lui quelques détails que nous avons vus sur les vidéos. Je n'entrerai pas en détail dans ce qu'il nous a dit.

« Nate n'est ici que depuis un petit bout de temps, mais il nous a été fort utile. C'est un professionnel dans sa manière de se préparer et de rivaliser quand il est sur la glace. C'est un excellent coéquipier et il se présente toujours à son mieux. »

Auteur de quatre buts et 10 aides en 63 matchs avec les Canadiens, Thompson a été limité à une aide en sept matchs avant que la saison ne soit interrompue en mars. Il a cependant inscrit son premier but dans son nouvel uniforme lors du premier match du tournoi à la ronde face aux Bruins.

De toute manière, ce n'est pas dans cet aspect du jeu que le vétéran de 35 ans se démarque. Au sein de la formation montréalaise, on lui confiait surtout les mises en jeu importantes et on l'utilisait en désavantage numérique. Il avait également rapidement fait sa marque dans le vestiaire.

Surnommé « Oncle Nate », il avait rapidement créé des liens avec ses nouveaux coéquipiers après son acquisition des Kings de Los Angeles, en février 2019. Il était aussi considéré comme un excellent mentor auprès de la relève du CH incarnée par Nick Suzuki et Jesperi Kotkaniemi.

« C'est certain que ce sera un peu bizarre, a-t-il lancé avec un sourire en coin, lundi. À ce temps-ci de l'année en séries éliminatoires, il n'y a pas d'amis sur la patinoire. Ce sont deux très bons jeunes joueurs, on a pu voir qu'ils ont été un grand facteur dans la série contre Pittsburgh.

« Je l'ai dit par le passé. Ils vont connaître de longues carrières dans la Ligue nationale et ils seront d'excellents atouts pour cette équipe. Nous devons nous assurer de jouer contre eux avec intensité, comme ils vont le faire contre nous. »

Victime de la formule

Il n'y a pas d'amis, certes, mais on a senti un petit malaise quand Thompson s'est fait demander en quoi il avait pu être utile aux Flyers dans leur préparation. Il est plutôt rare que des situations comme celle-ci surviennent en séries, et il ne veut assurément pas passer pour un traître, ou plutôt pour une taupe.

Reste que tout s'est fait dans les règles de l'art et que le joueur de centre se retrouve maintenant pris entre deux chaises en raison de la formule exceptionnelle des séries éliminatoires de cette année - et de la surprise qu'a causée le Tricolore en ronde de qualification.

Il est une taupe en règle.

« Je ne sais pas si ça fait une différence. Les équipes font tellement d'analyse vidéo et les entraîneurs sont tellement bien préparés, surtout à ce temps-ci de l'année, a-t-il répondu avant de détourner le sujet. Je crois que nous devons simplement nous concentrer sur notre jeu. Pour moi, rien ne va changer dans mon style.

« Je pense que notre équipe peut jouer encore un peu mieux. Nous avons connu un bon tournoi à la ronde (3-0), mais nous pouvons aller chercher une petite coche de plus. J'espère que nous pourrons faire ça contre une très bonne équipe. »