FR_cms_dumont_20200804

La série étant égale après les deux premiers matchs « à l'étranger », les Canadiens se trouvent dans une situation fort intéressante.

Ils sont à deux matchs de se qualifier pour les séries et les preuves semblent démontrer qu'ils ont les bons éléments pour parvenir à l'étape suivante, surtout maintenant qu'ils auront droit au dernier changement. Mais il y a également des preuves qui suggèrent que des modifications soient apportées afin de mettre toutes les chances de leur côté en vue du palier suivant.
Mais chaque chose en son temps. Tout d'abord, jetons un coup d'œil au travail accompli par le troisième trio, qui a été le meilleur des Canadiens lors des deux premiers matchs.
Et ce dernier n'est mené par nul autre que le plus jeune joueur de la formation, Jesperi Kotkaniemi.
Bien que Kotkaniemi ait éprouvé certaines difficultés la saison dernière, requérant un passage dans la LAH afin de trouver son rythme - et sa confiance - il est également vrai que la critique l'entourant était basée dans l'impatience.
Il n'a pas encore tout à fait terminé deux années de carrière dans la LNH, et même s'il a connu quelques accrocs de parcours, ses 115 matchs disputés en saison avant l'âge de 20 ans devraient lui servir à long terme.
Surtout que ce sont là 115 matchs de plus que ce que la majorité des espoirs ont joué à cet âge.
Un peu à l'image d'une peinture du légendaire Bob Ross, lorsqu'il est question d'espoirs, surtout ceux très médiatisés, les juger avant qu'ils n'aient pu démontrer ce qu'ils savent faire peut être signe d'une fermeture d'esprit.
Ce qu'on sait avec certitude, c'est qu'en deux matchs de « séries », Kotkaniemi a inscrit deux buts, ce qui lui laissera probablement le temps de respirer sans être critiqué. Mais ce qui est encore plus important, c'est qu'Artturi Lehkonen, Paul Byron et lui forment présentement le trio le plus efficace des Canadiens.
En deux rencontres, le trio a contrôlé 63 pour cent des tirs, ainsi que 100 pour cent des occasions de marquer. Maintenant, il faut demeurer conscients du petit échantillon que cela représente. Par exemple, dire qu'ils ont contrôlé 100 pour cent des occasions de marquer est beaucoup plus représentatif après 10 matchs et plus, mais il est difficile d'ignorer les résultats observés lors des deux premiers affrontements de la série. Après tout, c'est une série de seulement cinq matchs. On doit également tenir compte de leur utilisation. En ce sens, le premier trio fait généralement face à une compétition de plus haut niveau que ce n'est le cas pour le troisième.
En gardant cela en tête, plongeons-nous dans les chiffres à 5-contre-5 des deux premiers matchs. Vous remarquerez que le troisième trio ne connaît pas d'égal pour l'instant.

FR_cms_5on5_dumont

Alors, comment y parviennent-ils?
Le premier aspect notable est leur agressivité en échec-avant. Que ce soit un dégagement en fond de territoire ou une rondelle libre, les trois attaquants ont alterné dans le rôle de F1 et F2 (rôles désignés d'échec-avant en fond de territoire).
Si l'on parvient à attaquer rapidement un défenseur, il aura beaucoup moins de temps pour évaluer ses options de passe, surtout s'il est en pleine récupération de rondelle.
Ici, on peut voir la rapidité avec laquelle Kotkaniemi fait pression sur Marcus Pettersson, ne lui laissant que très peu de temps et d'espace. Le résultat fut un dégagement à l'aveuglette, redonnant du même coup la possession de rondelle aux Canadiens.

cms_kotkaniemi_dumont

Le deuxième facteur notable est la vitesse en zone neutre, combinée à un positionnement défensif approprié.
Par exemple, grâce à son positionnement en milieu de patinoire, Kotkaniemi crée un revirement tôt en début de troisième période, ce qui permet à Byron de faire la transition entre son mode défensif et offensif, ouvrant une ligne de passe parfaite pour son centre, tout en effectuant une entrée de zone facile et contrôlée.
Créer du temps et de l'espace en zone offensive n'est jamais une mauvaise idée. En fait, certains diront même qu'il s'agit là d'une très bonne idée, comme des bretzels enrobés de chocolat.

cms_byron_speed_dumont

La clé ultime du succès de ce trio consiste à aller au filet pour créer des chances de marquer dangereuses, comme l'a démontré Lehkonen au premier tiers avec son tourniquet.
Combinez tous ces éléments prometteurs en un seul jeu et vous obtiendrez un très joli but, comme celui de lundi soir. Rendons le crédit à Lehkonen, qui a non seulement agi à titre de F1 sur le jeu, forçant la défensive à dégager la rondelle aveuglément, mais a aussi créé beaucoup d'espace autour de lui, de même qu'un rebond alléchant pour Kotkaniemi.
Un Carey étincellant
Je serais négligeant de ne pas mentionner combien spectaculaire Carey Price a été, lundi. En tant qu'ancien gardien n'ayant pas tout à fait réalisé les mêmes accomplissements que Price, je suis en admiration devant son habileté à s'ajuster en situations corsées. Il ne s'ajuste pas seulement vite, il le fait en ne gaspillant pas une seule goutte d'énergie.
Price a effectué 36 arrêts de tous genres, mais cette statistique seule peut porter à confusion. Les Penguins ont dirigé 71 rondelles en direction du filet et, bien que plusieurs n'aient pas atteint la cible, Price a néanmoins dû anticiper et s'ajuster à chacune d'elle.
En deux rencontres, Price a arrêté 48 des 51 tirs qu'il a reçus à 5-contre-5, ainsi que 23 des 24 tirs en désavantage numérique. La statistique à 5-contre-5 est très, très bonne, mais celle à court d'un homme est tout simplement incroyable. Aucun autre gardien n'a su avoir un tel impact en désavantage numérique, alors que Price mène la Ligue entière au chapitre du nombre d'arrêts par rapport à la moyenne (GSAA), et par beaucoup.
La suite des choses
Je suis facilement vendu aux statistiques à 5-contre-5. Après tout, la majorité d'un match se dispute à 5-contre-5… à moins d'être au cœur du tour de qualification de 2020. Les arbitres n'ont pas eu peur de faire entendre leur sifflet.
Il est très difficile pour les joueurs de générer des occasions ou une chimie à travers une utilisation accrue des unités spéciales.
À ce jour, environ 25 pour cent de la série a été jouée par les unités spéciales, ce qui met l'emphase sur le désavantage numérique, qui a été plutôt bon, et l'attaque massive, qui n'a pas été… tout à fait aussi bien.
Un peu plus de discipline ainsi que beaucoup plus de créativité et d'exécution en avantage numérique pourrait changer la donne de façon significative pour les Canadiens.
[Toutes les statistiques mentionnées sont à 5-contre-5, sauf indication contraire. Via NaturalStatTrick.com]