Mike C

EL SEGUNDO, Californie - Il y avait deux équipes de hockey professionnel qui courtisaient le gardien de l'Université Princeton qui était toujours sur les bancs d'école, à peaufiner sa thèse finale.
Une des équipes était les Steelheads de l'Idaho. L'autre se trouvait à Ontario.

L'idée de jouer en Ontario, au Canada, plaisait à Mike Condon.
« J'ai dit à l'entraîneur [Jason Christie] que je pouvais m'y rendre en auto du New Jersey dans un claquement de doigts, raconte Condon. Il m'a répondu, "Tu ne peux pas conduire jusqu'ici du New Jersey". »
Il aurait pu, dans les faits, mais ça lui aurait pris beaucoup de temps.
« Je ne croyais pas qu'il y avait une équipe de la Ligue de la Côte Est à Ontario, en Californie », avoue Condon.
C'est en Californie du Sud et dans la ECHL que la carrière professionnelle de Condon s'est amorcée. Il a abandonné sa thèse finale afin de rejoindre le Reign d'Ontario en 2012-13, jouant quatre matchs avant de ne plus jamais regarder derrière.
Depuis son passage avec le Reign, Condon a évolué au sein de deux équipes de la Ligue américaine de hockey (LAH), une autre de la ECHL ainsi que les Canadiens de Montréal, les Penguins de Pittsburgh et les Sénateurs d'Ottawa.
« Je voyage léger et je peux vite me déplacer », lance-t-il.
Sa capacité à faire ses valises et à se tourner de bord rapidement a été mise à rude épreuve cette saison.
Les Canadiens ont soumis Condon au ballottage le 10 octobre. Les Penguins l'ont réclamé le lendemain. Son séjour à Pittsburgh n'a pas duré un mois et il s'est résumé à une seule période de jeu. Il a pris fin au retour au jeu du gardien Matt Murray. Les Sénateurs ont fait l'acquisition de Condon, le 2 novembre, en retour d'un choix de cinquième tour au repêchage 2017 de la LNH.
Il a récemment déménagé d'un hôtel situé près du Centre Canadian Tire dans son propre logement. L'hôtel héberge souvent les équipes visiteuses des Sénateurs et Condon relate à la blague les rencontres inopinées qu'il a faites avec ses adversaires dans les ascenseurs.
« Vous devez avoir un tas de données afin de me localiser, dit-il. De ce temps-ci, il faut rafraîchir l'Internet afin de savoir où je me trouve. Je me réveille parfois et je fixe les murs pendant cinq secondes.
« "Dans quel fuseau horaire suis-je? Où suis-je?", que je me demande. Puis ça me revient. "Ah oui, j'ai un match ce soir". Je dois conjuguer ma vie très au présent. »
Il y a un an, Condon était le gardien de confiance des Canadiens, appelé à combler le vide laissé par la perte de Carey Price, blessé à un genou. Il a vécu un moment marquant en menant le Tricolore vers un gain de 5-1 contre les Bruins de Boston, le 1er janvier, à l'occasion de la Classique hivernale Bridgestone 2016 de la LNH au Gillette Stadium, qui est situé à environ 24 kilomètres de la résidence familiale à Holliston, au Massachusetts.
Les projecteurs se sont également braqués vers sa famille, incluant son père Ted, un sergent de la police d'État du Massachusetts qui est sur le point de prendre sa retraite, d'après ce qu'a indiqué Mike.
« Il a subi plusieurs blessures et j'estime que c'est le moment pour lui de profiter d'un repos mérité, souligne Condon. C'est un métier dangereux qu'il fait. Nous avons eu une petite discussion. Je pense qu'il n'a reçu qu'une seule plainte au civil pendant toute sa carrière. C'est plutôt rare à l'ère des téléphones intelligents et des médias sociaux. »
La retraite pourrait permettre à son père de voyager davantage à Ottawa, étant donné que Mike a finalement pu défaire ses bagages et s'installer en ville pendant une période prolongée.
Au moment de la transaction, le gardien réserviste Andrew Hammond était sur le carreau et le gardien no 1 Craig Anderson venait d'obtenir un congé afin d'être aux côtés de son épouse Nicholle qui venait de recevoir un diagnostic d'une rare forme de cancer de la gorge.
« Quand nous avons conclu la transaction, nous ignorions la disponibilité [d'Anderson] ainsi que la suite des événements, a expliqué vendredi le directeur général des Sénateurs Pierre Dorion. « Comme Pittsburgh avait un gardien en trop, nous avons saisi l'occasion d'ajouter de la profondeur. »
Condon a immédiatement fait sentir sa présence à ses débuts chez les Sénateurs, comme il l'avait fait au début de sa première saison à Montréal. Après la victoire de 4-2 d'Ottawa à San Jose le 7 décembre, il présentait une fiche de 4-1-1 avec une moyenne de buts alloués de 1,68 et un pourcentage d'arrêts de ,945.
Une fin de semaine décevante en Californie du Sud a entaché ses belles statistiques. Les Sénateurs se sont inclinés 4-1 devant les Kings de Los Angeles, samedi, et 5-1 contre les Ducks d'Anaheim, dimanche. Ottawa a cédé six buts en avantage numérique, trois à chaque équipe. L'unité en infériorité numérique des Sénateurs était classée cinquième dans la LNH, vendredi. Elle occupait le 22e rang à égalité, lundi.
Condon a été retiré du match après une période à Anaheim après avoir alloué trois buts sur 13 lancers. Les défaites consécutives ont gonflé sa moyenne de 1,68 à 2,28, et son pourcentage d'arrêts a dégringolé de ,945 à ,923.
Condon a appris à composer avec les aléas de la vie d'un athlète professionnel. Quand il y pense, la plupart de ses amis de Princeton revêtissent vestons et cravates tous les matins afin de se rendre travailler derrière un bureau à Wall Street. Ç'aurait pu être son quotidien.
« Je bavarde avec plusieurs amis, souligne Condon, et je suis heureux d'avoir la chance de jouer au hockey. »