Pacioretty Canadiens

BROSSARD, Québec -Max Pacioretty s'est laissé aller contre son siège et a souri.
Lorsqu'il lui a été annoncé qu'il allait entendre une liste de toutes les controverses fabriquées qui l'ont impliqué depuis qu'il a été nommé le 29e capitaine des Canadiens de Montréal le 18 septembre 2015 - certes une longue liste - Pacioretty ne s'est pas mis en colère.

Il est devenu curieux.
Il voulait l'entendre, voir combien il y en avait vraiment et s'il en avait oublié.
En fait, il voulait même obtenir une copie de cette liste et la garder.
« Je vais pouvoir l'accrocher dans mon casier si tu me la donnes, a déclaré Pacioretty en riant. Ce sera une motivation supplémentaire. »
Il y a eu le regard qu'il a jeté en direction de son ancien coéquipier P.K. Subban dans le vestiaire qui s'est retrouvé sur la une des journaux. Ou la transaction qui a fait passer Subban aux Predators de Nashville et du fait que cela signifiait que les Canadiens avaient pris le parti de Pacioretty dans leur supposée rivalité, qui n'a en fait jamais existée. Ou l'histoire selon laquelle Michel Therrien aurait dit à des amis au cours de l'été qu'il était le pire capitaine de l'histoire des Canadiens. Ou lorsque l'entraîneur d'Équipe États-Unis John Tortorella a donné une évaluation honnête du rendement de Pacioretty au cours de la Coupe du monde de hockey 2016, ce qui devait vraiment dire qu'il le détestait.
Il ne s'agit que d'une fraction de cette liste. Mais Pacioretty est capable d'en rire et de continuer à faire ce qu'il fait de mieux, soit marquer des buts. Beaucoup de buts.
« Cela m'a rendu plus endurci », a expliqué Pacioretty en parlant du bruit de fond constant qui l'entoure. « Les gens regardent probablement tout cela en se disant "Tu ne devrais pas avoir à composer avec ça" ou "C'est le côté négatif de Montréal". Mais il y a tellement de positif qui est associé à la situation dans laquelle je me trouve et que mon équipe se trouve que cela domine complètement le négatif. »
Pacioretty amorce le match des Canadiens mercredi contre les Penguins de Pittsburgh au Centre Bell (19 h 30 (HE); RDS, SN1, SNE, SNO, SNP, ROOT) au sommet des buteurs de l'équipe avec 20 buts après avoir surmonté un départ difficile à l'aide d'une explosion à l'attaque au cours des deux derniers mois.

Pacioretty a inscrit son troisième but de la campagne à son 15e match le 12 novembre contre les Red Wings de Detroit. À ce moment-là, les discussions allaient bon train à Montréal à savoir que Pacioretty ralentissait, qu'il lui manquait cette explosivité qui avait fait sa renommée et que, à 28 ans, il amorçait peut-être le déclin de sa carrière.
Ce match a plutôt marqué le début de sa séquence actuelle de 17 buts en 30 matchs, et il s'est mis en marche au moment où les Canadiens en avaient le plus besoin, soit juste avant l'avalanche de blessures qui a frappé l'équipe, emportant notamment le centre numéro un Alex Galchenyuk le 4 décembre.
À partir de ce match contre les Red Wings jusqu'à aujourd'hui, les Canadiens montrent une fiche de 11-1-1 lorsque Pacioretty marque et de 4-10-4 lorsqu'il ne le fait pas. Pour l'ensemble de la saison, Pacioretty a récolté 18 buts, 15 passes et un différentiel de plus-20 au cours des 27 victoires de Montréal, ainsi que deux buts, deux passes et un différentiel de moins-13 dans les 18 défaites de l'équipe.
Les Canadiens fonctionnent au même rythme que Pacioretty. Et Pacioretty va très bien par les temps qui courent.
« Au cours des deux derniers mois, il a été phénoménal pour nous, a admis l'entraîneur des Canadiens Michel Therrien. Il joue avec passion et il est assurément un leader pour nous. C'est ce que l'on demande de notre groupe de leaders. Ils montrent le chemin au reste du groupe, et les autres vont suivre. »
Les qualités de leader de Pacioretty ont fait l'objet d'un débat animé la saison dernière.
Au cours de la conférence de presse où il a été présenté à titre de capitaine des Canadiens, Pacioretty a pleuré ouvertement. Cela illustrait ce que signifiait pour lui prendre sa place parmi les légendes qui avaient porté cette lettre sur leur chandail des Canadiens par le passé.

Pacioretty captain 5-15

Par la suite, les Canadiens ont connu le meilleur départ de l'histoire de l'équipe, puis le gardien Carey Price s'est blessé, et l'équipe a connu le plus important effondrement de son histoire, ratant les séries éliminatoires de la Coupe Stanley. Cela a mené à plusieurs changements au cours de la saison morte, notamment l'échange de Subban en retour du défenseur Shea Weber.
Pacioretty a néanmoins marqué 30 buts la saison dernière. Son total de 141 buts au cours des cinq dernières campagnes le place au cinquième rang de la LNH au cours de cette période derrière Alex Ovechkin des Capitals de Washington (207), Joe Pavelski des Sharks de San Jose (147), Steven Stamkos du Lightning de Tampa Bay (142) et Sidney Crosby des Penguins (142).
Toutefois, Pacioretty ne fait pas souvent partie des conversations quand vient le temps d'identifier les meilleurs buteurs de la LNH, et il n'a aucun problème avec cela. Cela est en partie dû à la manière dont les Canadiens se sont écroulés sous sa supervision la saison dernière, et le degré de responsabilité qu'il endosse pour cet effondrement.
« Je crois que bien souvent, les succès individuels sont le résultat des succès collectifs, et je sais que la saison dernière était ma première en tant que capitaine, et nous nous sommes écrasés, a noté Pacioretty. En tant que joueur, j'ai le sentiment que je peux être jugé sur ce bilan, et c'est juste puisque je dois être le leader de cette équipe. »
Cette déclaration montre quelque peu à quel point Pacioretty peut être dur envers lui-même, un trait de sa personnalité sur lequel il a travaillé très fort, mais qui ne va jamais disparaître.
Pacioretty donne crédit à ses parents, Ray et Annette, pour l'avoir aidé à adopter des pensées plus positives au cours de leurs discussions régulières au cours de la saison, surtout lorsque les controverses s'abattent comme c'est inévitablement le cas à Montréal.
Ce qui l'a toutefois le plus aidé à ce chapitre, c'est le fait de devenir père il y a trois ans.
« En fin de compte, regardez la vie que nous avons, regardez l'endroit où je joue, a mentionné Pacioretty. J'aime tellement jouer ici, et le fait que je sois capitaine dans cette ville, cela peut sonner comme un cliché, mais qu'est-ce qui pourrait aller mieux dans ma vie en ce moment? J'ai une famille, je fais partie d'une équipe fantastique, je suis le capitaine de la meilleure organisation au monde.
« Il faut simplement que j'aille du plaisir dans tout ça. Et c'est le cas. »
Ce plaisir survient souvent les dimanches, alors que Pacioretty peut habituellement emmener ses fils Enzo, 3 ans, et Max Jr, un an et demi, au complexe d'entraînement des Canadiens pour une petite séance de patinage. Dimanche dernier, les Canadiens ont tenu un rare entraînement, mais Pacioretty a néanmoins emmené ses fils avec lui et ils ont sauté sur la patinoire avant l'équipe, ce qui a donné à Enzo la chance de s'échanger la rondelle avec son héros Price.
« Il est tout simplement obsédé par [Price], a raconté Pacioretty ce jour-là. J'ai très hâte de lui parler, il vient de jouer avec [Price] pendant un moment, et il va en parler pour le reste de sa vie. »
Ces dimanches avec ses fils, alors qu'il patine sur la même patinoire où il travaille, apportent à Pacioretty un sentiment de paix. C'est quelque peu ironique, puisque les côtés négatifs du rôle de capitaine des Canadiens apparaissent souvent dans cet amphithéâtre, mais de patiner seul avec ses fils lui permet de se remémorer ce qui est important et ce qui ne l'est pas.
Ce bruit de fond qui entoure souvent Pacioretty est chassé par le son de deux jeunes garçons qui pratiquent le sport que leur père aime tellement. Il s'agit d'un rappel de la raison pour laquelle il est tombé en amour avec ce sport en premier lieu, et de la chance qu'il a d'être dans sa situation, soit d'être le capitaine de l'équipe de hockey la plus prolifique de l'histoire de la LNH.
« Avant d'aller à un match, je joue au hockey avec mon enfant, je l'entends agir comme s'il était moi, et il célèbre ses buts en criant "Pacioretty marque!". Comment pourrai-je m'apitoyer sur mon sort? C'est simplement fantastique, a philosophé Pacioretty. Je veux aller sur la glace et marquer pour mes enfants afin qu'ils recréent ce but à la maison plus tard.
« C'est ce qui donne un sens à ma vie. »