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Notre chroniqueur Anthony Marcotte nous parle de l'actualité chez le Rocket de Laval, ainsi que dans l'ensemble de la Ligue américaine de hockey (LAH). Il permettra aux partisans de suivre assidûment ce qui se passe dans l'antichambre de la meilleure ligue de hockey au monde.
Dire que Kevin Poulin connaît une bonne saison devant la cage du Rocket de Laval serait un euphémisme.

Confiné au rôle de gardien d'urgence à Trois-Rivières en début de saison, on se demandait si Poulin obtiendrait la chance de se faire valoir dans la Ligue américaine cette saison derrière Cayden Primeau et Michael McNiven. Mais l'absence de Carey Price, combinée à une vague de blessures ayant entraîné Jake Allen dans son sillage a ouvert la porte à Poulin à un moment où le Rocket avait besoin d'un vétéran capable d'arrêter les rondelles. En fait, sa présence n'a été rien de moins qu'une bénédiction pour cette équipe.
Les faits d'armes de Poulin cette année à Laval sont nombreux. D'abord, on n'a qu'à regarder sa fiche de 11-6-1, sa moyenne de buts alloués de 2,39 et son pourcentage d'arrêts de ,922. Pour la moyenne et le taux d'efficacité, il se classerait respectivement huitième et quatrième dans le circuit s'il avait gardé les buts suffisamment pour atteindre le seuil minimal fixé par la ligue pour qu'un gardien soit considéré dans ses statistiques. On notera également sa fiche presque immaculée de 5-0-1 au cours du mois de février qui lui a permis de remporter les honneurs du gardien du mois dans la Ligue américaine. Il est devenu le premier gardien du Rocket à obtenir cette distinction en cinq ans.
Le rendement du Montréalais de 31 ans a poussé l'organisation à se départir de McNiven afin de lui confier le rôle de mentor pour Cayden Primeau. L'entraîneur Jean-François Houle ne tarit pas d'éloges envers le vétéran.
« C'est un gars qui a énormément de vécu, a-t-il commencé par dire. Il s'est rendu dans la LNH, il a plusieurs années dans le corps dans la Ligue américaine et il a vécu son aventure en Europe. Pour toutes ces raisons, il n'y a pas grand-chose qui va réussir à le déranger. Chaque situation qui peut se présenter à lui, il y a probablement déjà goûté par le passé. Il est arrivé à un moment de notre saison où on avait vraiment besoin d'un vétéran solide devant notre filet. »
« C'est un gars avec une grande prestance dans la chambre », a mentionné son coéquipier Justin Ducharme qui l'a accompagné sur un rappel de Trois-Rivières cette saison. « Il joue un gros rôle pour nous en ce moment. C'est un vétéran qui en a vu d'autres et il remplit un rôle extrêmement important. »
Si Poulin s'attendait à être relativement occupé cette saison en faisant la navette entre Trois-Rivières et Laval, il serait faux de prétendre que de se retrouver comme principale option match après match pendant plus d'un mois à la Place Bell était dans les cartons. Depuis le 12 janvier, Poulin a été devant le filet du Rocket lors de 18 de ses 25 derniers matchs. On a remarqué au cours des dernières semaines que le vétéran ne passait pas beaucoup de temps sur la glace lors des entraînements, préférant conserver toutes ses énergies pour les situations de match. Une stratégie qui s'avère payante.
« Je me sens très bien, et malgré le calendrier chargé dernièrement, j'ai réussi à éviter les blessures », a dit le sympathique cerbère près du vestiaire du Rocket la semaine dernière. « Je pense que nous faisons du bon travail pour conserver mes énergies. J'ai une très bonne communication avec Marco Marciano (l'entraîneur des gardiens de l'équipe). Même si on joue beaucoup de matchs, je me sens bien physiquement et mentalement. »
Il faut dire que Poulin est devenu un grand voyageur du hockey après son association de cinq ans chez les professionnels avec les Islanders de New York, dont il avait été le choix de cinquième tour au repêchage de 2008. Après de brefs passages dans l'organisation du Lightning de Tampa Bay et des Flames de Calgary, Poulin a fait le saut de l'autre côté de l'Atlantique disputant des saisons au Kazakhstan, en Croatie, en Suisse ainsi qu'en Allemagne, tout en représentant le Canada aux Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018.
Après un bref retour dans la Ligue américaine en 2019-2020 à Grand Rapids (Red Wings de Detroit) et à Ontario (Kings de Los Angeles), Poulin a disputé une dernière saison européenne en Suède avant de mettre un trait définitif sur cette portion de carrière. Le nomade du hockey veut désormais se consacrer entièrement à sa famille. Le gardien de but a les yeux grands quand il parle de ses enfants.
« Pour moi l'Europe, c'est bel et bien terminé, a catégoriquement précisé Poulin. Je ne me vois pas y retourner parce que mes deux fils sont maintenant à l'école. C'est toujours plus dur quand tes enfants te demandent quand papa va rentrer à la maison. C'est vraiment une belle expérience de jouer ici, et que mes enfants puissent me voir jouer. Ils sont à l'âge de se souvenir de leur papa gardien de but au hockey. Ma priorité est vraiment de rester ici à Laval. C'est vraiment ma priorité en vue de la saison prochaine. »
Pour l'instant, le Rocket n'a toujours pas approché Poulin en vue de la prochaine saison. Les choses peuvent changer rapidement, mais tout porte à croire que Cayden Primeau sera de nouveau l'homme de confiance à Laval la saison prochaine. Les espoirs Jakub Dobes et Frederik Dichow devraient en principe poursuivre leur cheminement dans les rangs universitaires américains et en Suède. Il y a donc clairement de la place pour un vétéran de la trempe de Poulin pour continuer de servir de mentor à un gardien qui n'a pas fini son apprentissage.
« J'ai déjà été dans les souliers de Cayden par le passé, s'est souvenu Poulin. Je sais très bien ce qu'il vit. Ce n'est pas facile de vivre ces rappels et ces retours dans la Ligue américaine. Cayden est un gars un peu plus tranquille, à ses affaires. Il analyse beaucoup ses performances. Dans mon cas, mon expérience me permet d'oublier rapidement un mauvais départ et d'être capable de rebondir. Je suis là pour l'épauler et on a du fun ensemble. »
Alors que l'organisation tente d'amener une certaine stabilité difficile à obtenir dans la Ligue américaine, il y a ici une belle occasion de ramener un duo solide l'an prochain. Un duo qui pourrait donner des armes aux Lavallois en vue d'un long parcours en séries éliminatoires à compter du mois de mai.