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PITTSBURGH - Marc-André Fleury se souvient d'un moment bien particulier de sa première saison en tant que gardien des Penguins de Pittsburgh. L'équipe affrontait l'Avalanche du Colorado au vieux Mellon Arena et Joe Sakic a filé vers lui en échappée.
Sakic était un joueur qui avait remporté le trophée Hart remis au joueur le plus utile à son équipe dans la LNH, le trophée Conn Smythe en tant que joueur le plus utile à son équipe dans les séries éliminatoires de la Coupe Stanley, ainsi que la Coupe Stanley à deux reprises. Fleury avait passé sa jeunesse à le regarder jouer.

Alors quand Sakic a essayé de le battre du revers et que Fleury a réussi à gober la rondelle du gant, le gardien recrue a laissé échapper un cri de joie : « waouh ! »
Ce n'était pas un geste d'arrogance visant à faire mal paraître l'éventuel membre du Temple de la renommée. C'était juste la réaction naturelle d'un gardien de 19 ans qui VENAIT DE RÉSISTER À JOE SAKIC EN ÉCHAPPÉE!
« Vous savez », a lancé Fleury en souriant, mercredi, « quand un joueur marque un but, il est toujours très content. »
Alors pourquoi un gardien ne serait-il pas content quand il en empêche un ?
Fleury n'a rien perdu de ce plaisir à jouer au hockey malgré ses 32 ans. Il a eu l'occasion de jouer quand Matt Murray s'est blessé au bas du corps pendant l'échauffement qui a précédé le premier match contre les Blue Jackets de Columbus, et les Penguins ont maintenant une avance de 3-1 dans leur série quatre de sept de premier tour dans l'Association de l'Est. La cinquième rencontre aura lieu jeudi soir au PPG Paints Arena (19 h (HE); TVA Sports 2, SN, NHLN, SN, ROOT, FS-O).
« C'est plaisant, a dit Fleury. J'aime vraiment ça. Tu te sens plus à l'aise quand tu peux jouer quelques matchs de suite. Je savoure le moment présent. »
Fleury a connu tellement de hauts et de bas durant sa carrière. Il a excellé et il a eu des moments difficiles. Il a été gardien partant et il a été réserviste. Il a mené les Penguins à la conquête de la Coupe Stanley en 2009, réalisant un arrêt de dernière seconde aux dépens du défenseur des Red Wings de Detroit Nicklas Lidstrom dans le septième match de la Finale, et il a encouragé ses coéquipiers du banc quand les Penguins ont cheminé vers la conquête de la Coupe le printemps dernier.
Pendant tout ce temps, il n'a jamais cessé d'être un des joueurs les plus populaires dans le vestiaire de l'équipe. C'est surtout en raison de sa personnalité. Tout le monde est différent et chacun agit d'une manière qui lui réussit. Ce qui réussit à Fleury, c'est sourire, rire, lancer des blagues, crier - pas tout le temps, mais bien souvent. Pas pour faire le spectacle, mais pour être lui-même. Pas parce qu'il ne prend pas les choses au sérieux, mais parce qu'il les prend au sérieux, justement. Il s'enlève ainsi de la pression, mais il en enlève aussi à ses coéquipiers.
« Ces matchs-là sont les bons matchs, quand tu es détendu et que tu as du plaisir, a noté Fleury. Pour moi, c'est comme ça que ça se passe. J'aime beaucoup le hockey. J'aime être sur la glace. J'aime gagner. »
Le défenseur Brian Dumoulin se souvient de la première fois que les Penguins l'ont rappelé de l'équipe-école de Wilkes-Barre/Scranton de la Ligue américaine durant la saison 2013-14. Il avait 22 ans. Il était nerveux. Ensuite, après une série de tirs et d'arrêts, Fleury a laissé échapper un cri de joie : « waouh ! »
« J'ai alors réalisé que s'il adorait ça à ce point, je devais me calmer un peu, a affirmé Dumoulin. Il est là à rire et à blaguer. C'est sûr que ça te calme quand tu es un défenseur, que tu es devant le filet et que tu entends [Fleury] hurler de joie après avoir subi un barrage de cinq ou six tirs. C'est plaisant. »
Le défenseur Ian Cole se souvient quand les Penguins ont obtenu ses services des Blues de St. Louis, le 2 mars 2015. Il avait un peu joué avec Martin Brodeur, qui avait disputé les sept derniers matchs de son illustre carrière avec les Blues en 2014-15.
« Ces deux-là sont pas mal pareils, a dit Cole. Quand je suis arrivé, [Fleury] lançait des remarques aux gars à l'entraînement. Les gars tentaient leur chance contre lui et il était du genre à dire, "Non, pas aujourd'hui!". Et ils ont tous deux ce petit accent québécois. Alors ça me rappelait Martin Brodeur, qui aimait lui aussi se moquer des gars, qui aimait être lui-même sur la glace, le contraire du gardien super-sérieux qui ne dit rien.
« [Fleury], il est tellement décontracté. Il sourit tout le temps. Il ne cherche jamais à faire mal paraître ses défenseurs. »
La remarque est importante : Fleury ne blâme jamais les autres. Il se blâme lui-même, même quand ce n'est pas mérité. Il ne faut donc pas s'en surprendre si ses coéquipiers ont invoqué les mauvais jeux défensifs qu'ils ont réalisés devant leur gardien lors des matchs no 3 et 4, quand Fleury a accordé neuf buts en 71 tirs après avoir limité les Blue Jackets à deux filets en 72 tirs à l'occasion des rencontres no 1 et no 2.
« Ceux qui ont joué au hockey depuis un certain temps, s'ils commettent une erreur, ils savent tout de suite qu'ils ont fait une erreur, a fait remarquer Cole. Alors quand le gardien te fixe du regard après un but pour s'assurer que tous les autres sachent que tu as commis une erreur, ça n'a aucune utilité selon moi.
« En tant que défenseur, tu apprécies le fait qu'un gardien ait plutôt tendance à te dire, "C'est correct mon ami. T'en fais pas." Ou encore, il va te dire, "C'est ma faute, j'aurais dû l'arrêter." Et toi, tu réponds en disant, "De quoi tu parles? C'est moi qui ai perdu la rondelle et permis une échappée". »
Dans le fond, si ses coéquipiers ne faisaient jamais d'erreurs, Fleury n'aurait jamais l'occasion de réaliser son rêve. Il n'aurait jamais pu faire l'arrêt devant Sakic, devant Lidstrom, devant bien d'autres.
« On le voit après le coup de sifflet, a noté Dumoulin. On voit qu'il a un grand sourire au visage parce qu'il adore ça. Il ne blâme personne. Il adore tout simplement ça recevoir des tirs et les arrêter. »