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Choix de première ronde des Nordiques de Québec au Repêchage 1993 de la LNH, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est désormais propriétaire et directeur général du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 31 filets de la Ligue.

Chaque fois que je pense que Marc-André Fleury a démontré absolument tout ce qui fait de lui l'un des meilleurs athlètes de son époque, le gardien québécois trouve toujours le moyen d'en ajouter une couche.

C'est ce qu'il a fait encore, samedi, en signant la 80e victoire de sa carrière en séries pour rejoindre Ken Dryden au sixième rang dans l'histoire de la LNH. L'exploit à lui seul est incroyable, mais l'histoire derrière ce court gain de 2-1 de Fleury et des Golden Knights de Vegas contre les Blackhawks de Chicago le rend encore plus spécial.

Relégué au rôle d'auxiliaire de Robin Lehner depuis le début des séries éliminatoires, Fleury aurait toutes les raisons au monde d'être frustré et de le démontrer. Après tout, il est le joueur qui en a le plus fait pour la concession des Golden Knights depuis l'expansion, et c'est lui qui les a menés jusqu'en Finale de la Coupe Stanley en 2018.

Ce serait bien mal connaître l'individu : Fleury est un « pro », comme il s'en fait peu. Il a repoussé 26 lancers à son deuxième match seulement en deux semaines et a tenu le fort de solide façon en première période, alors que les Blackhawks étaient partout sur la patinoire. Son entraîneur Peter DeBoer a même affirmé, après la rencontre, qu'il avait été le meilleur joueur de sa formation. Après quatre mois de confinement, ce qu'il a réussi à faire en se retrouvant devant le filet en plein milieu d'une série est fort impressionnant.

Pour moi, Fleury est un modèle de résilience. On entend tellement souvent, dans le hockey, des parents qui trouvent que leur jeune ne joue pas suffisamment, qu'il produirait davantage s'il était jumelé à de meilleurs joueurs ou s'il obtenait plus de temps de jeu en avantage numérique. C'est constant, et je suis convaincu que certains d'entre vous ont été témoins d'une situation semblable à un moment ou à un autre.

Fleury a gagné trois fois la Coupe Stanley, il a participé cinq fois à la Finale et il a prouvé à de nombreuses reprises qu'il était un gagnant. À 35 ans, il est l'une des têtes d'affiche des Golden Knights et il n'a plus grand-chose à prouver. De voir Lehner occuper le filet alors que son équipe aspire aux grands honneurs, cette année, ça ne doit pas lui faire plaisir. Mais il ne s'en plaindra jamais et ça ne paraîtra pas dans son attitude.

Ce qu'il a fait hier, c'est un exemple parfait pour les jeunes. Il a prouvé que peu importe les circonstances et peu importe le contexte, il se présente tout le temps et il trouve le moyen de connaître du succès. C'est phénoménal. Vous savez, quand vous jouez au golf, vous ne réussissez pas toujours le coup parfait, et quand vous faites du vélo, vous n'avez pas toujours le vent dans le dos. C'est la manière de contourner ces obstacles qui compte.

Après sa victoire, Fleury a évidemment été questionné au sujet de son utilisation et de sa relation avec Lehner, qui a été acquis des Maple Leafs de Toronto à la date limite des transactions, peu de temps après que les Blackhawks l'eurent envoyé à Toronto. Sa réponse résume en quelques mots pourquoi il est aussi respecté dans la LNH, et ce qui fait de lui le meilleur coéquipier.

« Je ne crois pas que je joue contre Robin, a-t-il répondu. Je savais que je devais battre les Blackhawks, et c'était mon objectif. Je vais faire de mon mieux pour aider l'équipe à gagner la série. Robin aime jouer, j'aime jouer, mais c'est la décision de l'entraîneur. Ce sont les séries éliminatoires et tout ce qui importe est la victoire. »

VGK@CHI, #3: Fleury fait l'arrêt avec son patin

Jamais ses intérêts ne passeront avant ceux de l'équipe, et je n'étais pas surpris de l'entendre dire ça. C'est sa manière d'aborder les choses depuis ses débuts dans la LNH, et c'est la façon dont tout le monde devrait penser. En fait, c'est exactement ce que j'essaie d'inculquer aux jeunes par mon implication dans le hockey mineur et dans le junior majeur depuis la fin de ma carrière.

Je leur répète toujours que c'est correct d'améliorer son coup de patin, son lancer ou ses habiletés. Mais ce que Marc-André fait année après année, c'est une véritable leçon pour tout le monde. Si tu veux devenir un joueur de hockey et connaître une longue carrière chez les professionnels, tu te dois de penser ainsi. Tu dois faire passer l'équipe avant tout.

Peu importe le vent de face ou les embûches, quand l'entraîneur te donne une tape dans le dos parce qu'il a besoin de toi, c'est ta responsabilité de faire le travail. Marc-André a cette capacité de livrer la marchandise dans n'importe quelle situation, et c'est ce qui fait de lui un si bel exemple à suivre.

\ Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*