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Martin Biron a connu une carrière de 15 saisons dans la LNH et il a signé 230 victoires en 508 matchs, connaissant notamment deux saisons de 30 gains et plus. Il a également atteint la finale de l'Association de l'Est avec les Flyers de Philadelphie en 2008. Le gardien natif de Lac-St-Charles a été sélectionné au 16e rang au total du repêchage 1995 par les Sabres de Buffalo. Il a évolué avec les Sabres, les Flyers, les Islanders de New York et les Rangers de New York. Martin a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com chaque semaine afin de discuter de l'univers des gardiens et d'analyser l'actualité de la LNH.

À 39 ans, Roberto Luongo est devenu cette semaine le troisième gardien le plus victorieux (485) de l'histoire de la LNH derrière Martin Brodeur (691) et Patrick Roy (551). Ce qu'il réussit à faire encore à son âge est absolument impressionnant.
Il n'y a pas de secret pour maintenir une telle longévité. Ces trois gars-là ont travaillé très fort pour rester à un tel niveau pendant aussi longtemps. J'ai joué 508 matchs dans la LNH et je ne peux même pas imaginer ce que ça prend pour en jouer 1000 comme gardien.
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Un joueur qui atteint le plateau des 1000 matchs c'est incroyable, mais un gardien ce l'est encore plus.
À toutes les étapes de sa carrière, Luongo a été en mesure de s'adapter aux nouvelles techniques et aux nouvelles tendances pour demeurer au sommet de son art et c'est pour cette raison qu'il connaît une carrière aussi remplie de succès.
Quand on analyse sa technique, on se rend compte qu'il n'est pas le plus rapide dans ses mouvements, qu'il n'est pas le plus agile dans le filet et qu'il n'a pas les meilleurs réflexes dans la LNH. Mais sa manière de se recycler année après année est ce qui lui permet de continuer à briller.
Roberto est imposant devant son filet; il a de longs bras et de longues jambes. Mais il a tellement d'expérience et de maturité que ses lectures des jeux et des tirs font en sorte qu'il a toujours une longueur d'avance sur ses adversaires.
Il est comme un jedi : il joue à des jeux mentaux avec les tireurs. C'est ce qui fait en sorte qu'il est capable de maintenir un tel niveau de jeu.
Je regardais le match des Panthers face aux Coyotes en début de semaine, et on a eu un exemple parfait de cette force mentale en prolongation. Derek Stepan a eu une occasion en or de mettre fin au match quand il s'est retrouvé pratiquement seul dans l'enclave, mais Luongo a sorti la mitaine pour le frustrer.

Ce qu'il faut savoir, c'est que Stepan l'avait déjà battu du côté de la mitaine au cours du match.

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Luongo n'avait clairement pas l'intention de refaire la même erreur. Avant même que Stepan prenne le lancer, il avait déjà fait la lecture de la direction du lancer. Il était déjà en mouvement vers le côté de la mitaine pour faire cet arrêt incroyable.
Il est tellement dominant dans l'anticipation des tirs qu'il ne se trompe pas souvent. On dirait que quand le joueur vient pour lancer, c'est comme si le jeu devenait une vidéo au ralenti, et qu'il est capable d'analyser tous les aspects : les mains, les yeux, les épaules et la tête. Il sait déjà où la rondelle va aller.
Martin Brodeur faisait ça souvent, il connaissait les tendances des joueurs : il laissait une ouverture du côté du gant, par exemple, et aussitôt que le lancer était pris, il fermait la porte. Mais c'est un jeu dangereux : il faut vraiment que tu sois bon parce que tu peux mal paraître.
Ce n'est absolument pas un problème pour Roberto.
Quand on jouait contre les Panthers, Jean-Pierre Dumont - un de ses anciens coéquipiers avec les Foreurs de Val-d'Or - nous disait toujours que sa faiblesse était entre les jambes. Et Roberto jouait à un jeu avec nos attaquants. Il savait probablement que Jean-Pierre avait vendu la mèche, alors il leur laissait l'ouverture et la refermait au dernier moment. Nous n'étions jamais capables de le battre entre les jambes.
J'ai eu la chance de côtoyer Roberto pendant plusieurs années. On s'entraînait ensemble avec François Allaire pendant l'été. Ce qui me faisait rire, c'est que Roberto n'était pas le meilleur gardien technique, mais il n'avait aucun problème à faire les arrêts quand ça comptait.
On faisait des exercices et il n'était pas rapide dans le filet. Souvent, ses mouvements n'étaient pas super précis. Mais quand il était face à un gars, personne n'était capable de le battre parce qu'il avait une lecture de tirs tellement meilleure que celle des autres gardiens.
Le seul aspect où il en arrache peut-être un peu plus, ce sont les tirs de barrage. Dans le match contre les Coyotes, j'espérais que les Panthers marquent en prolongation parce que je ne donnais pas cher de leur peau en fusillade. Roberto a cédé sur les trois tirs et les Panthers ont finalement perdu.
Ça m'a rappelé une anecdote qui date de 2003 alors que nous étions tous les deux au Championnat du monde. Sean Burke était le gardien numéro un, Roberto était son adjoint et j'étais le troisième gardien. C'était comme un beau voyage payé par Hockey Canada dans mon cas!
Mais en finale, Burke était blessé et Roberto avait amorcé le match contre la Suède. Ça s'est rendu en prolongation et je me souviens que l'entraîneur Andy Murray était venu me voir pour me dire de me réchauffer parce qu'il m'enverrait probablement dans la mêlée si le match se rendait en tirs de barrage. Pourtant, je n'étais pas une référence non plus.
Heureusement pour tout le monde, Anson Carter avait marqué le but de la victoire pour nous éviter ce supplice!
Jusqu'à 43 ans?
Roberto a encore trois autres années à écouler au contrat de 12 ans qu'il avait signé avec les Canucks en 2009. La question est de savoir s'il va se rendre jusqu'au bout.
Il n'a pas été épargné par les blessures dans les dernières années, mais je pense que sa force mentale va lui permettre de garder les filets pendant quelques années encore. Quand il est dans sa bulle, il n'y a pas grand-chose qui peut l'affecter.
Pour disputer des saisons de 60 à 70 matchs comme il l'a fait dans le passé, il faut être fort mentalement et il en fait la preuve. Souvent, dans le milieu de la trentaine, le corps te lâche un peu, mais je suis persuadé que sa force mentale va lui permettre de rester en avant de la courbe de l'âge.
Je me suis déjà demandé, il y a trois ou quatre ans, si Roberto allait continuer. Quand j'ai regardé un premier match - les Sabres contre les Canucks - sur mon divan après avoir pris ma retraite, c'est venu confirmer que j'avais pris une bonne décision. J'étais tellement bien sur mon divan et je n'avais pas envie d'être à la place de Ryan Miller ou de Roberto Luongo.
Je pensais que ce moment allait arriver dans le cas de Roberto, mais plus il continue à performer comme il le fait, plus je pense qu'il va se rendre à la fin de son contrat. Il aime jouer pour les Panthers et faire partie de cette communauté. Est-ce que ce sera dans un rôle de partant jusqu'à la fin? Probablement pas. Mais il aura la chance d'encadrer un autre gardien de but qui va arriver en Floride et cette aide-là sera fort précieuse pour l'organisation.
Seul Kinkaid change d'adresse
Sur une autre note, je ne suis pas surpris de l'inactivité du marché des gardiens lors de la date limite des transactions, lundi. Ce n'est tout simplement pas une priorité pour les équipes à ce stade-ci de la saison.
Le fait d'amener un gardien dans une équipe pour le dernier mois de l'année et les séries a rarement été bénéfique. Je me souviens quand Ryan Miller a été échangé des Sabres aux Blues, tout le monde croyait que ce serait bon pour les Blues. Ça n'a pas fonctionné. C'est difficile d'amener un gardien dans un échange et de penser que ça va changer les données.

Les équipes qui sont en séries en ce moment ou qui sont impliquées dans la course ont déjà leur gardien de confiance. Les succès d'une équipe sont directement liés à ceux de ses gardiens.
Le seul gardien qui a été échangé est Keith Kinkaid qui est passé des Devils aux Blue Jackets. Ça m'a un peu surpris de voir les Jackets faire cette transaction. Je n'ai jamais été un grand fan de Kinkaid, je trouve qu'il a beaucoup de lacunes techniques dans son jeu.
Après une bonne saison qui semble avoir été un feu de paille, les Devils ont simplement décidé de faire place à l'avenir avec l'émergence de MacKenzie Blackwood.
\Propos recueillis par Guillaume Lepage, journaliste LNH.com*