Logan Couture, Matt Cullen

SAN JOSE -Le gardien Martin Jones est le meilleur joueur des Sharks de San Jose en Finale de la Coupe Stanley. Mais il ne peut tout de même pas s'impliquer à l'attaque, faire des passes ou réussir des buts. Ça, Logan Couture y voit.
Heureusement pour les Sharks parce que les trois autres grands ténors des champions de l'Ouest - Joe Thornton (trois passes), Joe Pavelski (un but) et Patrick Marleau (un but) - sont peu visibles.

Couture connaît des séries éliminatoires du tonnerre, étant le meilleur marqueur avec 29 points (9-20) en 23 matchs. Il poursuit sur sa lancée contre les Penguins de Pittsburgh, avec une récolte de cinq points (1-4) dans les cinq premiers matchs de la série.
Sa performance d'un but et de deux passes dans le match no 5 a appuyé la formidable prestation de 44 arrêts de Jones.
D'ailleurs, où seraient les Sharks sans Couture? La question est légitime parce qu'il aurait bien pu ne pas être en mesure de participer aux séries.
Couture a raté 30 matchs en saison régulière en raison de deux blessures à la jambe droite. La première, une fracture du fémur, s'est produite tôt dans la saison, le 16 octobre, au cours d'une séance d'entraînement. La seconde, à son deuxième match suivant son retour au jeu, a été beaucoup plus sérieuse. À Edmonton, le 9 décembre, il a subi ce qu'on croyait initialement être un claquage à la jambe droite.
« C'était plutôt une hémorragie interne à la suite de la rupture d'une artère », a raconté Couture, samedi, à l'issue de la séance d'entraînement des Sharks à leur complexe d'entraînement. « Les saignements n'arrêtaient pas, j'avais la jambe très enflée. Le vol de retour en Californie a été très inquiétant. On m'a transporté d'urgence à l'hôpital et j'ai dû voir une dizaine de spécialistes. C'était rendu au point où je craignais l'amputation ou même de mourir. »
Même quand on l'a rassuré et que son état de santé s'est stabilisé, on a évoqué comme pire scénario une absence de six mois. Il serait peut-être incapable de jouer actuellement, si ç'avait été le cas. Il est finalement revenu au jeu au bout de trois semaines, le 30 décembre.
Couture, un Ontarien natif de Guelph qui ne parle pas français, quitte l'anonymat en séries. Il se montre tout aussi utile pour les Sharks que l'est Anze Kopitar pour les Kings de Los Angeles ou Patrice Bergeron pour les Bruins de Boston.
« C'est un joueur de centre complet, l'encense le défenseur Marc-Édouard Vlasic. Il est très bon en supériorité numérique, en infériorité numérique, sur les mises au jeu et il bloque des tirs. Il fait toutes les petites choses qui lui permettent d'avoir du succès à l'attaque. Il est un de nos meilleurs éléments. »
Un mal pour un bien
Sa perte tôt dans la saison a été vivement ressentie par l'entraîneur Peter DeBoer, à ses débuts à la barre de l'équipe.
« Ç'a été catastrophique pour nous, réellement, a-t-il confié. Nous avions gagné nos trois premiers matchs de la saison. Tout baignait dans l'huile. Les gars campaient tous un rôle bien défini. Je voyais dans notre équipe le potentiel d'une récolte d'entre 105 à 110 points. »
Avec le recul toutefois, DeBoer a réalisé que cette malchance lui avait permis d'approfondir sa connaissance des jeunes joueurs de l'organisation, en multipliant les expérimentations.
Les Sharks ont souffert en montrant une fiche de 14-15-1 pendant ce temps.
À son retour, Couture était frais et dispos tandis que le directeur général Doug Wilson avait une idée beaucoup plus précise des besoins de l'équipe. Ça l'a aidé à procéder aux acquisitions qu'il a faites avant la date limite des transactions. Il a simplement ajouté de la profondeur aux trois positions en obtenant l'attaquant Nick Spaling, le défenseur Roman Polak et le gardien James Reimer.
« Nous savions ce que chacun de nos jeunes pouvait faire dans des situations précises », a indiqué DeBoer.
Un leader
Couture ne fait pas que se mettre en évidence sur la patinoire. Il se fait entendre également à l'extérieur. C'est un leader au sein du groupe de vétérans des Sharks, à l'âge de 27 ans seulement. DeBoer n'a pas hésité à lui confier un poste d'adjoint au capitaine Pavelski. En présence des journalistes, il ne se défile pas devant aucune question, quitte à susciter la controverse.
« Je ne vais pas mentir, a-t-il réagi, en esquissant un sourire. Vous me posez des questions, je vous réponds honnêtement. C'est ce qu'on vous enseigne quand vous êtes jeune, n'est-ce pas? »
Couture s'est retrouvé sous les feux de la rampe à l'issue de la deuxième rencontre de la série, remportée 3-2 par les Penguins en prolongation, en accusant Sidney Crosby de tricherie sur les mises au jeu.
Coïncidence ou non, depuis ce temps les Sharks ont le meilleur dans la colonne des mises au jeu. Ils ont fait augmenter leur taux de réussite de 45,9 pour cent dans les deux premières rencontres à 52,8 pour cent dans les trois dernières.
Pendant ce temps, Crosby a conservé un taux de 45,6 pour cent, après avoir été dominant dans les deux premiers duels (65 pour cent).
On dirait bien que les Sharks ont apporté les ajustements nécessaires ou qu'ils ont mis en pratique les trucs du numéro 87 des Penguins.