Gretzly_1987Cup

Note de la rédaction : La liste des meilleures équipes de la LNH est réduite à 10 à la suite de trois rondes de scrutin auprès des partisans. Au cours de la Finale de la Coupe Stanley, les 10 meilleures équipes championnes de la Coupe Stanley de tous les temps seront dévoilées. Au cinquième rang, on retrouve les Oilers d'Edmonton de 1986-87.
Wayne Gretzky affirme depuis longtemps que, des quatre formations des Oilers d'Edmonton qui ont remporté la Coupe Stanley dans les années 1980, celle de 1986-87 est peut-être la plus talentueuse, bien qu'elle ait eu besoin de sept matchs pour défaire les Flyers de Philadelphie et mette la main sur la Coupe.
Un indice du niveau de talent qu'on y retrouvait : sept membres des Oilers - les attaquants Gretzky, Jari Kurri, Esa Tikkanen, Mark Messier et Glenn Anderson, le défenseur Paul Coffey et le gardien de but Grant Fuhr - ont été invités à faire partie de l'équipe 25 joueurs de la LNH qui a affronté l'Union soviétique lors de la série de deux matchs Rendez-Vous 87, disputée à Québec en février.

Les Oilers ont toutefois passé toute la saison 1986-87 à tenter d'effacer un mauvais souvenir : celui de leur étonnante élimination en Finale de la section Smythe, le printemps d'avant, aux mains de leurs grands rivaux albertains, les Flames de Calgary.
Après avoir décroché la Coupe Stanley en 1984 et 1985, et avoir terminé au premier rang du classement de la LNH avec une récolte de 119 points en 1985-86, les Oilers étaient en mission, celle d'obtenir plusieurs championnats d'affilée. Les Flames ont toutefois mis fin à leur rêve au cours d'une série dont plusieurs se souviennent en raison du filet vainqueur du septième match, inscrit quand le défenseur recrue des Oilers Steve Smith a accidentellement tiré la rondelle sur la jambe de Fuhr, le disque ricochant ensuite dans son propre filet.
La défaite avait fait terriblement mal.
Gretzky s'en souvient fort bien : retourner en Finale de la Coupe Stanley en 1987 était devenu le seul et unique objectif des joueurs.
« Dès le premier jour du camp d'entraînement, la saison n'a été qu'un long et vague souvenir - les matchs préparatoires, la saison régulière et, à toutes fins utiles, les trois premières rondes éliminatoires aussi, a-t-il fait savoir. Et ensuite, l'attitude c'était, 'OK, c'est fait. Que la Finale commence au plus vite'. Parce que c'était la seule chose qui occupait nos pensées, chez tous les joueurs sans exception. »
Le directeur général et entraîneur Glen Sather avait peaufiné sa formation en conséquence. Il avait muté Marty McSorley de la ligne bleue à un poste d'attaquant (à la place de Dave Semenko aux côtés de Gretzky), tandis qu'il avait ajouté de la profondeur à la brigade défensive en faisant l'acquisition de Reijo Ruotsalainen et Craig Muni en octobre et en donnant un poste à Jeff Beukeboom.
La plus décision la plus importante prise par Sather, toutefois, a été d'obtenir l'attaquant Kent Nilsson des North Stars du Minnesota à la date limite des transactions de la LNH. Les Oilers avaient appris à connaître Nilsson, constatant alors qu'il était un de leurs adversaires les plus talentueux, lorsque celui-ci s'alignait avec les Jets de Winnipeg dans l'Association mondiale de hockey et ensuite avec les Flames. Sa venue à Edmonton a lancé un signal aux joueurs des Oilers.
« Ça voulait dire que Glen était sérieux dans ses ambitions, a relaté Gretzky. Il savait que [Nilsson] était un joueur formidable, pas égoïste du tout. Nous étions très contents. »
Sather a jumelé Nilsson, qu'on surnommait « The Magic Man », à Messier et Anderson.
« Ils se complétaient parfaitement bien », a souligné Gretzky.
En mettant l'accent sur la Coupe et rien que sur la Coupe, les Oilers n'en ont pas moins négligé le reste. Ils ont pris le premier rang du classement de la Ligue en saison régulière, en plus d'afficher la meilleure production en attaque pour la sixième année de suite, alors qu'ils ont inscrit 372 buts, un sommet dans la Ligue, et maintenu une moyenne de 4,65 filets par rencontre - soit environ un but par match de plus que la moyenne dans la Ligue, qui s'élevait à 3,67.

Gretzky a remporté son huitième trophée Hart de suite en tant que joueur le plus utile à son équipe dans la LNH, ainsi que son septième trophée Art Ross d'affilée, remis au meilleur marqueur, en vertu d'une récolte de 183 points. Cette saison-là, il a obtenu 62 buts et, comme c'était souvent le cas, plus de mentions d'aide (121) que tous les autres joueurs dans la Ligue avaient récolté de points. Kurri (108 points) a terminé au deuxième rang des marqueurs tandis que Messier a fini à égalité en troisième place (107).
Les Oilers avaient toutefois mis un frein à leur tendance à se lancer à l'attaque sans se soucier de la défensive, ayant commencé à gagner en maturité à ce chapitre. Ils ont réduit leur nombre de buts accordés à 284, une moyenne de 3,55, comparé à la moyenne de 3,88 qu'ils avaient affichée la saison précédente.
Ils se sont inclinés à leur premier match éliminatoire, 5-2 contre les Kings de Los Angeles, puis ils ont aligné huit victoires pour ainsi les éliminer et balayer les Jets. La Finale de l'Association Campbell, disputée contre les Red Wings de Detroit, s'est avérée un plus grand défi en raison du système défensif que préconisait Jacques Demers, l'entraîneur des Red Wings.
« Le trio de Messier a vraiment transporté l'équipe sur ses épaules durant cette série-là, a souligné Gretzky. Ce trio-là a augmenté son niveau de jeu. »
Messier, Anderson et Nilsson ont chacun récolté six points durant cette série, que les Oilers ont remportée en cinq rencontres. Ils se retrouvaient donc en Finale de Coupe contre Philadelphie, obtenant du même coup ce qu'ils voulaient depuis le début, c'est-à-dire une occasion de se racheter.
Les Flyers étaient plus puissants qu'ils l'avaient montré deux ans plus tôt, alors qu'ils s'étaient inclinés en cinq matchs contre les Oilers en Finale de Coupe, surtout qu'ils alignaient maintenant Ron Hextall au poste de gardien. Après s'être trouvé en déficit de 3-1 dans la série, Philadelphie a bataillé et est revenu en force, ce qui n'arrivait jamais d'habitude contre Edmonton : soit que les Oilers balayaient une série, soit qu'ils n'échappaient qu'un match, comme c'était arrivé 18 fois sur un total de 22 dans les séries éliminatoires de la Coupe Stanley que l'équipe a disputées de 1983 à 1988.
« Si nous prenions une avance de 1-0 ou 2-0 dans une série, c'était déjà dans la poche, parce que nous cherchions tout de suite à donner le coup de grâce », a indiqué Gretzky.
Cette fois, par contre, les Oilers se sont retrouvés sur leur patinoire, à l'occasion du premier match no 7 disputé dans le cadre d'une Finale de Coupe depuis 1971. Malgré tout, les Oilers se sentaient prêts à relever le défi, selon Gretzky.
« C'était le septième match de la Finale de la Coupe Stanley, alors que tu avais toujours rêvé d'y marquer le filet vainqueur », a-t-il souligné.
Gretzky a d'ailleurs joué un rôle important dans les secondes qui ont précédé le but gagnant.
Alors qu'il restait un peu plus de cinq minutes à jouer en deuxième période et que c'était l'égalité 1-1, les Flyers n'ont pas envoyé Brad Marsh et Brad McCrimmon - les deux défenseurs chargés d'affronter le trio de Gretzky - sur la glace en vue d'une mise en jeu à l'extérieur de la ligne bleue de Philadelphie.
« D'habitude, je ne dis pas grand-chose au banc, a affirmé Gretzky. Mais là, je me suis tourné vers Slats (Sather) et je lui ai dit, 'Envoie-nous sur la glace'. »
Il a remporté la mise en jeu. Les Oilers ont dirigé la rondelle en zone adverse. Gretzky l'a récupérée le long de la bande et a fait une passe du coin vers Kurri, qui a décoché un tir sur réception du point de mise en jeu et battu Hextall. Anderson a ajouté un filet d'assurance plus tard, en route vers une victoire de 3-1, si bien que les joueurs d'Edmonton ont pu soulever le trophée argenté à nouveau.
Pendant que tout le monde célébrait sur la patinoire du Northlands Coliseum, Gretzky a été le premier à soulever la Coupe. Puis, il l'a remise à Steve Smith.
Les démons du printemps 1986 avaient été exorcisés.