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TAMPA -Pendant de nombreuses années, Nicklas Backstrom s'est retrouvé à tenter d'expliquer pourquoi ç'avait mal tourné pour les Capitals de Washington dans les séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
C'est pourquoi, dans la foulée de la victoire de 4-0 des Capitals contre le Lightning de Tampa à l'occasion du septième match de la Finale de l'Association de l'Est, mercredi, Backstrom semblait savourer l'opportunité de parler des succès des siens.

Les Capitals ont atteint la Finale de la Coupe Stanley pour la première fois depuis le printemps 1998 et pour la deuxième fois de leur histoire. Ils affronteront les Golden Knights de Vegas lors du premier match, lundi, au T-Mobile Arena (20 h (HE); TVA Sports, CBC, SN, NBC).
« C'est toujours plus facile de parler de quelque chose quand c'est positif que de trouver des explications quand c'est négatif, a déclaré Backstrom. C'est évidemment formidable comme sensation. »
Pourquoi cette équipe a réussi là où les éditions précédentes ont échoué, voilà une question à laquelle il n'est pas évident de répondre. Comme l'a reconnu Backstrom, la rondelle a souvent roulé pour les Capitals.
Le tir de la ligne bleue du défenseur du Lightning Victor Hedman qui a dévié sur le patin du joueur de centre des Capitals Lars Eller et a frappé le poteau gauche au moment où les Capitals menaient 1-0 en deuxième période, mercredi, en était un bon exemple.
Mais c'est bien plus que la chance qui a mené les Capitals à quatre victoires de décrocher leur premier championnat, eux qui n'avaient pas dépassé le deuxième tour éliminatoire depuis leur seule présence en Finale de la Coupe Stanley, il y a 20 ans. Depuis que les Capitals de l'ère Alex Ovechkin-Backstrom ont fait leur première incursion en séries en 2008, ils ont eu le coeur brisé plus souvent qu'à leur tour.
Ils ont remporté le Trophée des Présidents trois fois - en 2010 (élimination au premier tour aux mains des Canadiens de Montréal) ainsi qu'en 2016 et 2017 (défaites au deuxième tour face aux Penguins de Pittsburgh) -, mais ces équipes-là n'ont pas été en mesure d'accomplir ce que celle-ci a accompli.
« C'est tout simplement comme ça que ça se passe, j'imagine, a dit Backstrom. J'aimerais bien vous expliquer pourquoi, dans les séries des années passées, nous avions la meilleure équipe sur papier et nous n'avons pas été capables de gagner. Mais j'ai le sentiment que cette équipe joue le meilleur hockey que j'ai jamais vu les Capitals jouer. Du moins, durant les 11 années où j'ai été ici, c'est le meilleur hockey que j'ai vu cette équipe disputer. »
Pour en savoir plus sur le pourquoi, il faut remonter à une réunion tenue derrière des portes closes au Pepsi Center à Denver, à la suite d'une défaite de 6-2 subie le 16 novembre aux mains de l'Avalanche du Colorado. Qui suivait un revers semblable de 6-3 devant les Predators de Nashville, le 14 novembre, et laissait les Capitals avec une fiche de 10-9-1 à la suite de leurs 20 premières rencontres de la campagne.
Jusque-là, l'entraîneur Barry Trotz avait essayé de laisser à ses joueurs le loisir de gérer entre eux la déception encore vive découlant de leur élimination aux mains des Penguins au deuxième tour éliminatoire, le printemps précédent. Cette équipe-là était censée représenter la meilleure chance de Washington de remporter la Coupe Stanley, et elle est tombée à plat lors d'un revers de 2-0 à domicile contre Pittsburgh à l'occasion du septième match.
Les émotions négatives découlant de cet échec étaient encore présentes à l'automne, et menaçaient de gâcher la campagne. Alors qu'il en était à la dernière saison de son contrat et n'était pas certain s'il avait encore beaucoup de temps à sa disposition, Trotz a décidé de mettre tout ça à l'ordre du jour à l'occasion de la réunion au Colorado et il a lancé un défi aux meilleurs joueurs des Capitals.
« Je ne savais pas s'ils allaient réagir ou non, a déclaré Trotz, mercredi. C'était une de ces discussions difficiles qu'un entraîneur doit parfois avoir avec son groupe. Ç'a été très honnête, c'était très direct et quand nous sommes revenus à la maison, nous avons disputé un de nos meilleurs matchs. »
En commençant par une victoire de 3-1 à domicile contre le Wild du Minnesota, le 18 novembre, les Capitals ont connu une séquence de 17-4-2 à leurs 23 rencontres suivantes. Ils ont complété la campagne avec une fiche de 49-26-7, ce qui leur a permis de terminer au premier rang dans la section Métropolitaine pour une troisième saison de suite.
« Nous n'allions pas grandir à moins de crever l'abcès, a dit Trotz. J'utilise le mot "puanteur" pour décrire l'atmosphère qu'il y avait dans notre vestiaire et qu'il fallait changer. En gros, ça tirait sa source de la saison précédente, c'est sorti et ça nous a permis de grandir. Il n'y aurait eu aucune chance que l'équipe grandisse si ces choses-là n'avaient pas été amenées à la surface et si les joueurs ne l'avaient pas accepté. »
Passons maintenant à la troisième période, mercredi, au moment où les Capitals menaient 3-0 et ont empêché le Lightning de décocher le moindre tir au but durant les premières 10:56 de jeu. C'était l'exemple parfait de l'engagement défensif dont sont capables les Capitals depuis qu'ils préconisent un système 1-1-3 en zone neutre.
Après avoir pris une avance de 3-0 à 0:33 de la deuxième période du cinquième match, ce qui leur a permis de l'emporter 3-2, les joueurs du Lightning n'ont plus trouvé le fond du filet par la suite. Lui qui n'avait signé aucun jeu blanc durant la saison, le gardien Braden Holtby a réalisé 24 arrêts dans une victoire de 3-0 lors du sixième match, puis 29 autres durant la septième rencontre.
« Je pense que notre groupe comprend vraiment ce que ça signifie d'être une équipe et ce que ça prend pour gagner, a affirmé Holtby. Peut-être que par le passé, nous avions plus de talent, nous étions meilleurs sur papier ou peu importe, mais dans cette équipe, tout le monde connaît son rôle… Je n'ai jamais fait partie d'une équipe où les joueurs affichent autant de confiance, et ce, dans toutes les situations, et autant de confiance les uns à l'endroit des autres. »
Et ça, ça commence avec Ovechkin. On s'attend à ce qu'il produise à l'attaque et c'est ce qu'il a fait. Les 12 buts qu'il a marqués dans les séries, dont celui qu'il a inscrit après 1:02 de jeu, mercredi, lui donnent le premier rang chez les Capitals, tandis que ses 22 points lui donnent le deuxième rang derrière Evgeny Kuznetsov, qui occupe la première place dans la LNH avec 24 points.
Mais tout aussi utile a été l'engagement d'Ovechkin à se conformer au système collectif. Il a donné le ton en affichant de la robustesse, menant le bal chez les Capitals encore une fois avec cinq mises en échec lors du septième match; et, comme tout le monde, il a sacrifié son corps en bloquant des tirs. Il a enregistré un des 15 tirs bloqués de l'équipe, mercredi.
« Tout le monde était impliqué à fond, a noté Ovechkin. Tout le monde s'est placé dans les lignes de tir. Tout le monde a sacrifié son corps. C'est tout ce que ça prend, les petits détails, les petites choses, ça donne de l'émotion à différents moments. Je pense qu'aujourd'hui, nous méritions tous la victoire. »
Holtby a hoché la tête, se montrant d'accord avec les propos d'Ovechkin pendant que celui-ci dressait la liste des éléments qui ont permis aux Capitals d'avoir du succès. La vérité, c'est qu'il n'aurait probablement pas pu dire la même chose au sujet des équipes du passé, celles qui ne se sont pas rendues aussi loin.
Ce groupe de joueurs est vraiment ensemble et ne veut pas que ce parcours prenne fin.
« Nous avons parlé du fait que nous essayons tout simplement de mériter le droit de continuer à jouer, de poursuivre ce voyage que nous faisons présentement, à chacune des rondes, le fait que nous aimons être ensemble au sein de ce groupe, a affirmé Trotz. C'est probablement là le lien le plus fort. Les gars ne veulent pas aller chacun de leur côté. »