Subban_MTL_16-9

BROSSARD, Québec - Les Canadiens de Montréal semblent être à peu près les seuls à croire qu'il est encore possible pour eux de se qualifier pour les séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
S'ils veulent faire la démonstration que c'est effectivement encore possible, ils devront commencer à le faire en fin de semaine en balayant les honneurs de leur traditionnelle série de deux matchs en deux jours disputés en matinée pendant le week-end du Super Bowl, qui les verra d'abord affronter Connor McDavid et les Oilers d'Edmonton samedi (14 h HE; RDS, CBC, SN, NHL.TV).

« Je sais que nous avons deux gros matchs en fin de semaine, a déclaré le défenseur P.K. Subban. Comme je l'ai déjà dit plus tôt cette saison, nous ne pouvons pas nous permettre de regarder derrière et de nous apitoyer sur notre sort. Il faut aller de l'avant. Nous avons une occasion de donner un bon coup et de nous donner la chance d'accéder aux séries. Je ne crois pas qu'il y ait le moindre doute dans ce vestiaire que ce soit encore possible de le faire. »
Le doute provient de l'extérieur de l'équipe et il assaille les Canadiens de toutes parts. À en juger par les réactions qu'on entend aux émissions sportives à la radio et qu'on voit dans les réseaux sociaux, la forte majorité de l'imposante base de partisans du club montréalais a perdu espoir. À chaque coin de rue, les discussions ayant trait à l'équipe se limitent à ce que le directeur général Marc Bergevin devrait faire pour secouer l'équipe.
Les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants doivent trouver le moyen de faire la sourde oreille à tout cela, mais ce n'est pas nécessairement facile à faire à Montréal, pas quand tout le monde semble avoir des liens affectifs très forts avec l'équipe.
On dit souvent que lorsque les Canadiens gagnent, tout va pour le mieux à Montréal. La nourriture a meilleur goût. Les gens sont plus gentils. Il devient plus facile de supporter les rigueurs de l'hiver.
L'inverse est tout aussi vrai quand l'équipe se met à perdre, et les Montréalais n'ont jamais vu une léthargie d'une telle envergure, alors que les Canadiens sont présentement empêtrés dans une séquence de 5-20-1.
Il ne s'agit pas de la pire séquence de 26 matchs dans l'histoire des Canadiens; cet « honneur » revient à l'édition 1939-40 du club, qui a connu une séquence de 2-22-2, selon le Elias Sports Bureau. Mais la nature soudaine et tranchée de l'effondrement de l'équipe, qui était une des meilleures dans la LNH et se trouve maintenant à six points de la deuxième place de quatrième as dans l'Association de l'Est, a constitué tout un choc pour les gens ici.
Au milieu de ce tourbillon de négativisme, les Canadiens continuent d'avoir la foi. Ont-ils d'autre choix?
« On ne peut pas en vouloir aux gens, a souligné l'attaquant Brendan Gallagher. Je sais ce que c'est d'être un partisan. »
Gallagher sait aussi, toutefois, qu'en tant que joueur de hockey professionnel, il ne peut pas prêter l'oreille à ce que disent les partisans ou les journalistes. Aussi difficile cela peut-il être à Montréal, un marché où la couverture médiatique est omniprésente, Gallagher sait comment mettre les choses en perspective.
« Tout le monde doit composer avec des choses difficiles dans son travail, a-t-il noté. Si ceci est l'aspect le plus difficile de notre vie, alors il faut conclure que la vie est belle. Ça fait partie du métier. »
Les Canadiens ont encore 10 matchs à disputer d'ici la date limite des transactions de la LNH du 29 février; de façon réaliste, ils auraient besoin de remporter au moins huit de ces rencontres pour donner à Bergevin quelconque raison de croire qu'il devrait sacrifier des espoirs ou des choix au repêchage afin de mettre la main sur des renforts qui pourront aider l'équipe dans l'immédiat. Entre-temps, la réadaptation du gardien Carey Price se poursuit, lui qui tente de se remettre d'une blessure au bas du corps qui le garde à l'écart du jeu depuis le 25 novembre.
Price a patiné sans équipement pratiquement tous les jours depuis le 11 janvier, mais aucun échéancier n'a encore été établi pour son retour au jeu.
Si les Canadiens se mettent à aligner les victoires en attendant que Price revienne, peu importe à quel moment cela survient, peut-être qu'ils ont des chances. Mais la marge d'erreur est mince et ils le savent.
« Dans la position où nous nous trouvons, nous réalisons que ce sera vraiment difficile, a déclaré l'entraîneur Michel Therrien. Mais je vois le tout davantage comme un défi. C'est comme lorsque tu es dans les séries et que l'équipe tire de l'arrière trois [matchs] à un; tu sais que ce sera difficile de remporter la série. Mais vas-tu baisser les bras? Non. Tu vas tout donner. Tu vois des équipes avec un tel déficit qui reviennent et remportent la série, et notre situation est la même. »
Les Canadiens entreprendront donc la fin de semaine en sachant qu'ils ne peuvent plus perdre, et on en est à la première semaine du mois de février. Avec leur total de 24 défaites en temps réglementaire en 52 matchs, dont 20 à leurs 26 plus récentes rencontres, ils ont déjà dépassé le total de 22 défaites en temps réglementaires qu'ils ont subies en 82 matchs la saison dernière.
Les Canadiens n'ont affiché aucun signe qui permettrait de croire qu'ils sont capables de changer le cours des choses, si ce n'est qu'ils présentaient une fiche de 19-4-3 à un moment donné cette saison. Mais à ce stade-ci de la saison, tout cela semble bien lointain.
Ils devront prouver que cette séquence-là n'était pas l'effet du hasard, et ils devront le faire immédiatement.
« Il n'y a pas d'autre façon, si on veut changer ce que la ville, les gens ou le reste de la ligue pensent de nous, que de mieux jouer, qu'en étant meilleurs sur la glace, a noté Subban. C'est la meilleure façon de changer tout ça. Si nous remportons quelques matchs, tout à coup les gens vont dire que nous ne sommes pas des lâcheurs. En ce qui nous concerne, il n'est pas question de lâcher. Nous estimons avoir une chance d'atteindre les séries et tant et aussi longtemps que nous aurons des chances, nous allons continuer de lutter. »