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Salut à toi cher partisan des Canadiens. Non, cette fois ce n'est pas le collègue Robert Laflamme qui t'écrit, mais je ne peux m'en empêcher parce que j'ai vu à quel point sa lettre de début de saison avait eu un effet apaisant sur toi.
Et Dieu sait qu'on a besoin d'un peu d'apaisement par les temps qui courent.

Tu vois, j'ai entendu dire que tu souhaitais que le directeur général Marc Bergevin échange son choix de première ronde à moins que ton équipe soit bénie et qu'elle remporte la loterie (ou la chance de repêcher le défenseur Rasmus Dahlin).
La raison? Il n'y a pas de joueur de centre susceptible de pourvoir un poste sur le premier trio dans le top-10 de cet encan. Ce fameux gros joueur de centre que tu vois soulever la Coupe dans cinq ans.
Eh bien, il n'y est pas. C'est vrai, je l'admets.
Mis à part Brady Tkachuk et Oliver Wahlstrom, qui pourraient peut-être potentiellement hypothétiquement jouer au centre un jour (lire ici que ce sont de meilleurs ailiers), il n'y en a pas de centre. Pas dans le top-10 du moins, et comme tu le sais déjà, ton équipe risque de monter sur le podium assez rapidement le 22 juin prochain à Dallas.
Et ça, c'est suffisant pour te convaincre que le directeur général doit faire une croix sur les espoirs de premier plan de cette cuvée et se servir de ce choix pour dénicher le fameux premier centre? Tu sais, ce type de joueur est difficile à trouver et les autres équipes le savent.
Quand tu l'as enfin, tu le gardes. Généralement.
Tu rêves de voir ce choix de première ronde - et peut-être d'autres atouts - se transformer en un Aleksander Barkov ou un Mark Scheifele? Ce serait spectaculaire, mais ça n'arrivera pas. Tu sais comment on déniche ce type de joueur? On le repêche et on le développe.
Une équipe ne sacrifiera pas l'un de ses meilleurs joueurs pour prendre un risque avec un espoir de 18 ans - aussi prometteur soit-il. Ce que Bergevin obtiendrait, c'est probablement un jeune joueur rempli de promesses, mais qui n'a pas encore fait ses preuves.
La transaction Mikhail Sergachev - Jonathan Drouin, ça te rappelle quelque chose? Sergachev était l'un des trois joueurs repêchés par le CH dans le top-10 depuis 2005. Les autres, tu les connais assez bien : le gardien Carey Price et l'attaquant Alex Galchenyuk. Pas mal, ce trio quand même.
Alors, tu songes toujours à passer par-dessus un jeune espoir qui pourrait devenir le visage de ta formation pour les années à venir? Tout ça pour obtenir un joueur un peu plus vieux qui aura un impact possiblement plus important à court terme, mais qui sera peut-être moins dominant à moyen et à long terme?
C'est un pensez-y-bien. Un pensez-y très bien, dirais-je même.
Parce qu'il y en a du talent dans cette cuvée, même s'il n'évolue pas au centre.
Je te vois déjà t'avancer sur le bout de ton siège quand Filip Zadina se mettra à accélérer sur le flanc droit ou quand Brady Tkachuk se frottera à son frère Matthew après avoir foncé au filet.
Même que je t'entends crier après avoir vu le tir foudroyant d'Andrei Svechnikov faire tomber la gourde de Tuukka Rask, un de ces samedis soirs au Centre Bell.
Ça, c'est sans parler de la séquence où tu vas t'exciter quand Quintin Hughes va faire deux tours de la zone adverse avant de faire une passe parfaite sur la palette de Drouin. Ne pensons même pas aux feintes incroyables de Wahlstrom, au boulet de la pointe d'Evan Bouchard ou aux relances parfaites de Noah Dobson.
Ne serait-ce pas le temps de revigorer la jeunesse et la profondeur de l'organisation avec un espoir de premier plan qui jouera à Montréal pour au moins les 10 prochaines années à un salaire qui offrira à l'état-major la possibilité de bien l'entourer?
Je sais, c'est tentant de mettre la nouvelle tapisserie en vogue pour cacher les vieilles marques qui ornent ton mur depuis si longtemps. Mais tu sais, souvent, la tapisserie ça finit par décoller. Et les grafignes, elles, restent.
Allez, sors le plâtre, le papier sablé et la peinture. Je te le dis, tu ne le regretteras pas.