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EDMONTON - Il est fait de briques et de mortier, mais aussi de souvenirs, de rêves et de cauchemars. Il a aussi une âme. Et maintenant, le bâtiment n'est plus qu'à quelques heures d'accueillir le dernier match de la LNH de son histoire.
Tôt mardi matin, l'aréna de 42 ans qu'on appelle Rexall Place - après qu'on l'eut tour à tour baptisé Northlands Coliseum, Edmonton Coliseum et Skyreach Centre - respirait tranquillement, alors que seulement quelques agents de sécurité et préposés à l'entretien déambulaient dans ses couloirs.

Dans les cuisines, des membres du personnel vérifiaient les listes, tranchaient de la viande et plaçaient des pains à hot-dog, alors que les préparatifs allaient bon train en vue de mercredi, alors que les Oilers d'Edmonton recevront les Canucks de Vancouver à l'occasion de ce qui sera le chant du cygne du bâtiment en ce qui a trait à la LNH (19 h (HE); SNW, SNP).
Dans la partie supérieure des gradins, entre les drapeaux du Canada et des États-Unis, un ouvrier accrochait des lettres blanches par-dessus un garde-fou. Celles-ci formaient les mots « FAREWELL REXALL » (Adieu Rexall). Deux préposés à l'entretien se sont arrêtés pour parler de leurs carrières qui ont commencé il y a une trentaine d'années dans ce bâtiment; l'un d'eux prendra bientôt sa retraite, tandis que l'autre ne sait pas encore si on lui offrira un poste pour travailler au Rogers Place, le nouvel aréna du centre-ville où évolueront les Oilers à partir de la saison prochaine.
Parmi les souvenirs - il y en a tellement - qui ont pris naissance à cette adresse :
Il y a eu le pionnier des gardiens de but de la LNH, Jacques Plante, qui a signé une victoire de 4-1 à l'occasion du match d'ouverture locale des Oilers au Northlands Coliseum en 1974-75, alors que l'équipe jouait dans l'Association mondiale de hockey.
Il y a eu Wayne Gretzky.
Il y a eu les puissantes équipes des Oilers, celles qui ont remporté la Coupe Stanley cinq fois en sept saisons de 1984 à 1990, dont quatre fois sur cette glace. Seuls les Canadiens de Montréal et les Flames de Calgary, leurs rivaux provinciaux albertains, les ont empêchés de décrocher davantage de titres durant cette séquence.
Il y a eu Wayne Gretzky.
Il y a eu des concerts ainsi qu'une série d'événements et de rodéos - les résidus toxiques de ce que produisent les vaches et les chevaux à ces occasions ayant alors détruit la glace à au moins une occasion, forçant le report d'un match de l'AMH.
Et il y a eu Wayne Gretzky.
Cet aréna avait 23 ans quand le phénomène des Oilers Connor McDavid est né. À l'instar de ses coéquipiers, McDavid savourera le dernier match, mercredi, et tentera de s'imprégner de tous les moments magiques qui passeront tout en cherchant à remporter un match de hockey.
« Ce bâtiment a des tonnes d'histoire », a déclaré McDavid, 19 ans, après la séance d'entraînement fort rythmée qu'ont tenue les Oilers mardi. « Ç'a été spécial de jouer ici, à ma première saison. J'ai hâte au dernier match afin de vivre tout ça. Ce sera spécial, c'est certain. »
Des anciens des Oilers sortiront des limbes, mercredi, alors qu'on s'attend à ce que 150 d'entre eux soient réunis en vue de la cérémonie de clôture de 90 minutes qui suivra la rencontre.
« Je ne pense pas que nous pourrons passer beaucoup de temps avec eux », a dit McDavid des légendes et des cols bleus des Oilers qui seront les vedettes de la soirée. « Mais je suis certain que nous en verrons beaucoup aux alentours et ce sera "cool" de discuter avec quelques-uns d'entre eux. Nous avons quand même un match à disputer et nous devons nous concentrer là-dessus. »
Après s'être inclinés 5-0 contre les Flames samedi, les Oilers voudront mettre fin à « l'ère Rexall » en affichant une bonne performance - pour eux, pour leurs partisans et pour l'héritage du seul domicile où ils ont évolué jusqu'ici. Seule la fierté est à l'enjeu dans cet affrontement, alors que les deux équipes sont déjà écartées des séries éliminatoires de la Coupe Stanley 2016.
Les Oilers sont assurés de terminer au dernier rang du classement de l'Association de l'Ouest pour la deuxième fois en trois ans, peu importe le résultat du match de mercredi ou de leur 82e rencontre de la saison, qui aura lieu samedi à Vancouver.
Mais les joueurs des Oilers ne manqueront pas de motivation en vue de leur dernière sortie au Rexall Place. Un resplendissant aréna à la fine pointe de la technologie les attend, mais cette équipe sait qu'elle a une dette à payer à ces murs, à la grande histoire qui s'est écrite à l'intérieur et aux joueurs légendaires qui seront dans les gradins à l'occasion d'adieux qui risquent d'être très émouvants.
McDavid ne regarde pas au-delà de mercredi, tout comme ses coéquipiers d'ailleurs. Mais on lui pose souvent des questions à propos du nouvel aréna, où de nouveaux souvenirs prendront forme.
« Le bâtiment a une allure formidable, même quand on le voit seulement de l'extérieur, a-t-il dit du nouvel aréna. Et d'après ce qu'on m'a dit, l'intérieur va être tout aussi beau. Je sais que nous avons tous hâte. Ça va être vraiment "cool" d'inaugurer ce bâtiment-là aussi.
« C'est un sentiment un peu aigre-doux, la fin du Rexall Place. Mais la fin de quelque chose, c'est toujours le début de quelque chose de nouveau. Ça va être excitant. »
McDavid s'attend à être un de derniers membres des Oilers à quitter l'aréna ce mercredi soir. Il ne sait pas encore s'il apportera quelque chose en souvenir, ou de quoi aura l'air ce souvenir.
« Je n'y ai pas encore tellement pensé, a-t-il affirmé. Je suis certain que c'est une chose à laquelle je vais penser en partant, une décision que je prendrai à la fin. »
Une victoire serait un bon début. Ce serait là un hommage approprié à un aréna où se sont déroulés bon nombre des grands moments du hockey à Edmonton - même si, ces dernières années, il y a davantage eu de moments qu'il vaudrait mieux oublier.