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TAMPA -L'image qui me viendra à l'esprit quand je repenserai au fabuleux parcours des Canadiens en séries en 2021, dans cinq ans, 10 ou 15 ans, n'a rien à voir avec le hockey.

Ce sera celle de Carey Price, perdu dans ses pensées, à l'extérieur de l'entrée de l'hôtel à Tampa, plusieurs heures après le match no 5 de la Finale de Coupe Stanley.
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Il est 1 h 35 du matin, je viens de quitter le Amalie Arena, situé à quelques minutes de marche de l'hôtel. Le gardien vedette est là, vêtu d'un t-shirt et de bermuda, les mains dans les poches et adossé à un muret.
Au loin, en apercevant la silhouette, je me disais que ça ne pouvait pas être lui. Un homme en veston-cravate s'arrête brièvement pour lui parler. Je le reconnais, c'est Benoit Groulx l'entraîneur de l'équipe-école du Lightning.
L'homme à qui il s'adresse est bel et bien Carey Price. En passant près de lui, nos regards se croisent. Il me salue d'un hochement de tête et je fais de même en levant un pouce, mais pas trop haut, tout en poursuivant mon chemin.
La scène est poignante, tout autant que surréaliste. De l'autre côté des portes, à l'autre bout du lobby, des dizaines de partisans du Lightning font la fête au bar de l'hôtel.
Mais pourquoi s'inflige-t-il ça?, me suis-je demandé. J'aurais voulu être dans sa tête.
Peut-être pensait-il à l'occasion d'une carrière qui venait de lui filer entre les doigts, ou à ce qu'il aurait pu faire de différent en Finale.
Ou peut-être voulait-il simplement s'aérer l'esprit d'une liberté retrouvée, après avoir passé la première moitié de l'année dans une bulle hockey.
Peu importe, peut-être saura-t-on un jour les sentiments qui l'habitaient dans cette nuit du 8 juillet 2021. Peut-être jamais.

On a beau dire que ces millionnaires du sport sont des privilégiés de la société, on ne peut qu'avoir du respect pour tous les sacrifices qu'ils se sont imposés depuis mars 2020 afin de livrer aux amateurs des séries éliminatoires l'an dernier et une saison et des séries cette année.
Ma modeste expérience de 23 jours dans la bulle n'est en rien comparable à celle des joueurs, mais elle a été marquante à plusieurs égards.
Elle m'a permis de vérifier la différence entre l'isolement et le confinement. Ce doit être terrible d'être seul et confiné. Je suis du type solitaire, mais il y a une limite à la solitude. L'épopée m'a permis d'atteindre ma limite. Vous écrire a été une thérapie, en plus d'un privilège. Je remercie ma fille Rosalie de m'avoir incité à le faire. J'espère simplement ne pas trop vous avoir ennuyé avec mes histoires.
J'ai achevé mercredi soir ma plus longue mission professionnelle, avec seulement quelques journées de congé depuis la mi-mai.
Est-ce que je le referais? Bien sûr, mais préférablement à l'âge de 30 ans, pas 56. Ç'a été un défi éprouvant, psychologiquement et physiquement. La conclusion que j'en tire, c'est qu'il est possible de repousser ses limites à tout âge. Essayez voir. Là-dessus, on se dit à bientôt… peut-être, sans doute. J'ai pris goût à vous jaser.