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Le rêve lui échappait. Plusieurs joueurs de sa cuvée de repêchage - Aaron Ekblad des Panthers de la Floride, David Pastrnak des Bruins de Boston, Leon Draisaitl des Oilers d'Edmonton - étaient des vedettes en devenir dans la LNH à partir de la saison 2016-17, et ils commençaient à répondre aux attentes placées en eux. Et voilà que lui, le sixième choix au total du repêchage 2014 de la LNH, se retrouvait assis dans le bureau de Travis Green, alors entraîneur pour les Comets d'Utica.

Encore.
Jake Virtanen, un rapide attaquant de puissance, appartenait aux Canucks de Vancouver, l'équipe de sa ville natale, une formation en chute libre depuis sa présence en Finale de la Coupe Stanley en 2011. Les joueurs qui les avaient conduits là en étaient à leurs derniers milles, ouvrant la voie aux étoiles du futur. Virtanen était censé être l'une d'entre elles.
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Au lieu, après 55 matchs dans la LNH comme recrue en 2015-16 et 10 de plus avec Vancouver au cours de la saison 2016-17, Virtanen a été renvoyé à Utica dans la Ligue américaine de hockey (LAH) en novembre 2016. Il n'allait pas revenir dans la LNH avant la saison suivante.
Et il n'allait pas commencer à remplir sa promesse jusqu'à récemment, deux ans après ce retour à Utica, quatre ans après avoir été repêché. Ç'aura pris beaucoup plus d'années que ce qu'il avait planifié.
« Évidemment, j'ai pris un peu plus de temps, mais je trouve mon rythme actuellement et je me sens vraiment en confiance », a déclaré Virtanen, jeudi, avant le match contre les Bruins lors duquel il a marqué son sixième but de la saison, avant d'inscrire son septième samedi contre les Sabres de Buffalo.
« J'essaie de ne pas trop me comparer (aux autres joueurs de sa cuvée). J'essaie simplement de me concentrer sur moi-même et sur l'endroit où je me vois dans le futur. »
Ç'a pris de la patience.
De la part de Virtanen, des Canucks et de leurs partisans.

Jake Virtanen sign 11.11

« Il montre un visage différent », a noté le directeur général des Canucks Jim Benning. « Donc, même s'il n'a pas marqué autant de buts qu'on le croit capable, il est quand même rapide, robuste, il se rend au filet et il décoche des tirs. Quand il ne marque pas, il apporte quand même d'autres éléments à l'équipe dont nous avons besoin.
« Nous avons été patients avec lui, il a travaillé fort et il s'est amélioré chaque année. Nous allons continuer à travailler avec lui pour l'amener au niveau où nous croyons qu'il devrait être et au niveau où lui croit devoir atteindre. »
Ça n'a pas été facile d'atteindre ce point. Il aura fallu du travail et beaucoup de conversations avec Green, qui a dirigé Virtanen à Utica et qui le dirige actuellement à Vancouver. Ç'aura pris de la maturité.
Il aura fallu qu'il marie ses qualités physiques, celles qui lui ont permis de dominer dans les rangs juniors, à la force mentale nécessaire pour avoir du succès dans la LNH. Il aura eu besoin de s'attarder aux petits détails dont il n'avait pas besoin de se soucier à l'époque, mais qui sont indispensables actuellement.
« Lorsque j'ai été renvoyé à Utica, il y a quelques années, Green avait l'habitude de me rencontrer chaque jour pour me montrer ce que je pouvais faire de mieux et pour regarder des vidéos, a raconté Virtanen. J'ai eu beaucoup de réunions avec lui. C'était comme ça chaque jour. »
Le fait d'avoir autant de rencontres a créé une relation que peu de jeunes joueurs (Virtanen a 22 ans) ont avec leur entraîneur. Green a vu Virtanen lors de ses moments les plus frustrants, quand il a été renvoyé dans la LAH, quand il était témoin des succès des autres joueurs de sa cuvée dans la LNH, quand le futur dont il rêvait semblait beaucoup plus loin que les 4532 kilomètres qui séparent Utica de Vancouver.
« Ça fait partie du travail d'entraîneur de comprendre le joueur, d'apprendre à le connaître, de comprendre comment lui enseigner, de savoir quelles vidéos lui montrer, de savoir quand être dur avec lui et de savoir quand lui rendre la vie un peu plus facile, a expliqué Green. Évidemment, Jake me connait bien et je le connais bien, donc c'est probablement plus facile de lui apprendre des choses que la première fois où nous avons été réunis à Utica. »

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Green sait quand Virtanen est dans sa zone, et quand il ne l'est pas. Il s'ajuste en conséquence, diminuant ses minutes de jeu en troisième période ou en lui faisant faire plusieurs présences en prolongation. Parfois, ça survient dans le même match.
« Il a fait beaucoup de chemin par rapport à quand je l'ai dirigé à Utica, et je pense que nous n'avons pas encore vu le meilleur de lui, a dit Green. Et pour moi, c'est un bon signe. C'est excitant. Quand il est en forme, tu es fébrile. Espérons qu'il deviendra un joueur avec qui nous pourrons bâtir et qui nous permettra d'atteindre le niveau que nous voulons atteindre. »
C'est pourquoi les Canucks continuent de dédier des ressources à Virtanen, qui a connu une saison 2017-18 modeste avec les Canucks, amassant 20 points (10 buts, 10 passes) en 75 parties.
« Quand nous l'avons repêché, je trouvais qu'il était un joueur unique dans sa cuvée, a dit Benning. Évidemment, des joueurs choisis après lui sont plus talentueux et ont produit plus offensivement. Mais nous serons patients avec lui, car il est un attaquant de puissance. Il est gros et fort (6 pieds 1 pouce, 226 livres), mais il est aussi rapide et capable de suivre le tempo rapide des matchs d'aujourd'hui. Il est premier sur la rondelle et il est robuste dans les coins. »
L'espoir est que Virtanen devienne un marqueur constant de 20 buts dans la LNH. C'est ce que Benning vise pour lui, un niveau de production qu'il devrait pouvoir atteindre cette saison, lui qui cumule neuf points (sept buts, deux mentions d'aide) en 18 parties.
« Il joue avec plus de conviction en possession de la rondelle, a noté Benning. Il possède un très bon tir et il commence à comprendre qu'il peut utiliser sa vitesse pour envoyer des rondelles au filet. Il est une partie importante de notre équipe. »
Et il a du plaisir. Il se sent plus établi dans une ligue au sein de laquelle il a toujours su qu'il avait sa place, même s'il a dû attendre plus longtemps qu'espéré, plus longtemps que certains joueurs.
« Je pense que l'organisation connait mon potentiel, a mentionné Virtanen. Les Canucks ont toujours eu foi en moi, et je veux faire de mon mieux pour les rendre fiers et être fier de moi-même en même temps. »
Mais, comme Virtanen l'a dit, « ç'a été un long chemin pour être où je suis aujourd'hui. »