Colorado salute

Les Predators de Nashville ont peut-être donné une leçon à l'Avalanche du Colorado au premier tour des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, notamment lors des premier et sixième matchs, mais il y a de bonnes chances que ce soit la formation de Denver qui les donnera, les cours de hockey, dans un avenir pas si lointain.
Une élimination au premier tour des séries est souvent considérée comme un échec, mais ce n'est pas le cas de l'Avalanche. Ici, il faut plutôt y voir un signe que cette jeune équipe a pris de l'avance dans son processus de développement. Et y voir surtout un investissement dans le futur.

« Ce fut une expérience vraiment importante », a affirmé Bednar après la rencontre de dimanche soir, une défaite de 5-0 qui a mené à l'élimination en six matchs des siens. « Nous avons disputé cette saison trois matchs où nous faisions face à l'élimination, et nous avons vécu une course pour une place en séries dans le dernier droit. Nous avons eu droit à 11 ou 12 journées de hockey supplémentaires.
« À chaque match maintenant, les gars vont pouvoir puiser dans ce qu'ils ont vécu dans cette série, et aussi lors du match contre St. Louis (le dernier du calendrier régulier avec une place en séries à l'enjeu), a ajouté Bednar. La résistance physique qu'il faut avoir, la concentration, la préparation que ça prend pour être à son sommet à chaque match dans ce contexte… Ce sont des leçons que tu n'oublies pas. Plus ils peuvent apprendre des choses du genre à ce stade-ci de l'année, plus ça va aider cette organisation dans le futur. »
L'Avalanche est une équipe à ce point jeune que même si l'équipe avait raté les séries ce printemps, la saison 2017-18 aurait été considérée comme un succès, ou du moins comme une progression très prometteuse pour les années à venir. Car le Colorado a récolté 95 points au classement, 47 de plus qu'en 2016-17, pour devenir la première formation dans la LNH à connaître une amélioration de 40 points ou plus depuis que les Penguins de Pittsburgh ont affiché une progression de 47 points en 2005-06.
La formation du Colorado était la plus jeune dans la LNH au moment d'amorcer les séries, avec une moyenne d'âge de 25,8 ans. L'équipe a aligné pas moins de 11 joueurs recrues au fil de l'hiver, ceux-ci disputant un total de 419 rencontres - un sommet depuis que l'équipe s'est installée à Denver en 1995 et le total le plus élevé dans la Ligue cette saison.
« C'est très important, l'expérience que nous avons acquise (cette saison). Nous avons plusieurs joueurs qui en étaient à leur première année dans la Ligue et moi, j'en étais à ma deuxième seulement, alors je continue d'apprendre, surtout en éliminatoires puisque c'était la première fois que je goûtais à ça », a souligné Mikko Rantanen.

Rantanen, justement, est au coeur de cette jeunesse prometteuse qu'on retrouve à Denver. À 21 ans, il a évolué au sein du premier trio avec MacKinnon et il vient de connaître une saison de 84 points (29 buts, 55 passes), le deuxième total chez l'Avalanche et plus du double de sa production personnelle de la saison précédente (38 points).
Choix de premier tour de l'Avalanche en 2016, l'attaquant Tyson Jost n'a quant à lui que 20 ans, tandis que le défenseur Samuel Girard n'en a que 19 ans.
Par ailleurs, Gabriel Landeskog est un des jeunes vétérans de l'équipe, avec Tyson Barrie, mais puisque ceux-ci ont respectivement 25 et 26 ans, ils peuvent encore progresser. Tout comme Nathan MacKinnon qui, à 22 ans, vient de connaître la meilleure saison de sa carrière, et de loin, puisque ses 97 points (39 buts, 58 passes) représentent une amélioration de 35 pour cent par rapport à son sommet personnel précédent (63 points), qu'il a atteint à sa première campagne, en 2013-14. C'est aussi le total le plus élevé récolté par un joueur de l'Avalanche depuis que Joe Sakic en a amassé 100 en 2006-07.

Cela en fait d'ailleurs un candidat logique au trophée Hart, remis au joueur le plus utile à son équipe dans la LNH. « Il le mérite et je lui ai dit », a d'ailleurs fait savoir le défenseur des Predators de P.K. Subban, dimanche.
Barrie vient lui aussi d'établir un sommet personnel au chapitre des points, tandis que Landeskog est venu à trois points du sien.
Ce que tout ce monde-là a accompli à un si jeune âge est déjà admirable, alors imaginez quand ils auront atteint le sommet de leur courbe d'apprentissage… À la condition d'éviter le piège dans lequel sont tombés les Oilers d'Edmonton cette saison, eux qui ont régressé après avoir connu une progression fulgurante en 2016-17. Mais d'après Bednar, les bonnes bases sont en place à Denver pour que ça ne leur arrive pas.
« Ce que les gars ont accompli, à quel point ils ont travaillé fort cette année, à quel point ils étaient réceptifs à ce que leur disaient les entraîneurs... C'est un groupe formidable, très plaisant à diriger, a indiqué Bednar. Ils ont fait preuve de respect, ils ont réagi de la bonne façon, ils ont travaillé fort, ils étaient proches les uns des autres. Et ce, depuis le début de la saison. Ils ont affiché du leadership. »
« J'espère que nous ferons beaucoup de dommages la saison prochaine, a déclaré MacKinnon. Évidemment, les attentes à l'endroit de notre équipe vont être plus élevées. La saison prochaine, il faudra participer aux séries sinon, ce sera un échec. Il faudra regarder tout ça avec du recul et bien se servir des apprentissages que nous avons faits cette saison. »
Quand on dit que le meilleur est à venir chez l'Avalanche, c'est aussi parce que les nouvelles recrues continueront d'affluer dans les prochaines années.
Le directeur général Joe Sakic y a veillé, notamment lors de la mégatransaction à trois équipes impliquant Matt Duchene, qui a permis à l'Avalanche de renflouer encore plus sa banque d'espoirs et de choix (en plus de mettre la main sur Girard). C'est ainsi que le Colorado détient présentement neuf choix dans les trois premières rondes des deux prochains repêchages. La transaction a par ailleurs permis à l'équipe de faire l'acquisition d'espoirs prometteurs en Shane Bowers, un attaquant qui a été réclamé au premier tour (28e au total) en 2017 par les Sénateurs d'Ottawa, et Vladislav Kamenev, un attaquant de 21 ans qui a été repêché au deuxième tour (42e au total) par les Predators en 2014 et qui a participé au Championnat mondial junior à deux reprises avec la Russie.
Par ailleurs, un espoir de premier plan que l'organisation a sélectionné au quatrième rang du repêchage du mois de juin dernier et que certains comparent à Erik Karlsson, le défenseur de 19 ans Cale Makar, n'a pas encore fait ses débuts dans les rangs professionnels. Il évoluera dans la NCAA encore une fois la saison prochaine.
Devant le filet, on a fait confiance cette saison à trois vétérans, soit Semyon Varlamov (29 ans), Jonathan Bernier (29 ans) et Andrew Hammond (30 ans), ce qui a donné lieu à des résultats parfois heureux, parfois moins. Mais il faudra surveiller le parcours du Suédois de 20 ans Adam Werner. Celui-ci a évolué en deuxième division suédoise cet hiver, mais sera promu en première division la saison prochaine, avec le Färjestad BK. Il a récemment eu droit à quatre matchs d'apprentissage dans la Ligue américaine.