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Ken Holland avait deux passions : travailler pour les Red Wings de Detroit et être directeur général dans la LNH. Il savait que le jour où il devrait choisir entre les deux approchait.

Il a fait le choix difficile quand il a quitté les Red Wings pour devenir DG des Oilers d'Edmonton, mardi. Seul le temps dira si c'était le bon choix pour lui et sa nouvelle équipe.
Le choix facile aurait été de demeurer à Detroit. Holland adorait les Red Wings. Il a passé la majorité de sa vie adulte à travailler pour eux, passant de dépisteur dans l'Ouest canadien jusqu'à DG et contribuant à bâtir l'équipe ayant connu le plus de succès de son époque.
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Il est loyal. Il a cédé sa place pour que les Red Wings puissent le remplacer par Steve Yzerman le 19 avril, car il croyait que c'était la bonne chose à faire pour l'organisation. S'il l'avait voulu, il aurait pu conserver ses nouvelles fonctions de vice-président principal indéfiniment afin d'être un Red Wing pour la vie.
« C'est difficile », a-t-il dit quand on l'a présenté aux médias à Edmonton, mardi. « J'ai 63 ans et j'ai été un Red Wing pendant 36 ans. »
Mais Holland aime le rôle de DG et tout ce qui vient avec : diriger une équipe quotidiennement, parler à ses collègues autour de la LNH, prendre des décisions pour son équipe et avoir un impact sur le jeu. Il n'était pas prêt à abandonner.
« J'ai réalisé que l'envie de partir et de diriger une autre formation était plus forte que celle de rester et d'être un vice-président principal », a-t-il expliqué.
Peut-être que son côté compétitif a été attisé par la façon dont les choses se sont terminées à Detroit.
Comme tout DG, Holland peut être critiqué. Il a fait son lot d'erreurs, il n'y a aucun doute. Mais il a reçu trop peu de mérite pour l'ascension et les succès constants des Red Wings et trop de critiques pour leur éventuel et inévitable déclin.
On parlait toujours de l'argent des propriétaires, du brio de l'entraîneur, du talent des joueurs ou du flair des dépisteurs. Holland a rarement reçu sa part de mérite.
Il a pris la relève comme DG en 1997, après que les Red Wings eurent remporté la Coupe Stanley. Il sera le premier à vous dire à quel point il a été chanceux. Mais il avait passé trois ans comme DG adjoint et sept comme directeur du dépistage amateur avant. Il a fait partie de la construction d'une équipe gagnante.
Et puis, il devait faire en sorte que ça se poursuive.
Les Red Wings ont remporté la Coupe à nouveau en 1998, 2002 et 2008, puis ils ont atteint le match no 7 de la Finale en 2009. Holland a dû composer avec de gros égos et des personnalités fortes, à commencer par les entraîneurs Scotty Bowman et Mike Babcock, tout en modifiant la formation. Seuls cinq joueurs ont fait partie de chacune de ces éditions championnes, et un seul a été intronisé au Temple de la renommée du hockey : le défenseur Nicklas Lidstrom.
L'une des critiques les plus souvent entendues est que Holland a été incapable de s'ajuster à l'ère du plafond salarial (de 2005 à aujourd'hui). Les Red Wings ont été la dernière équipe à rater les séries éliminatoires de la Coupe Stanley à partir du début de l'ère du plafond salarial. Quand ils les ont ratées en 2016-17, ç'a mis fin à une série de 25 saisons consécutives avec une participation au tournoi printanier. La fiche de Holland et ses efforts pour l'instauration d'innovations comme la prolongation à 3-contre-3 devraient faire de lui un futur membre du Temple de la renommée dans la catégorie des bâtisseurs.
Le déclin des Red Wings est-il dû à une mauvaise gestion du plafond salarial? Est-ce en raison des mauvais contrats octroyés par Holland en tentant de prolonger la séquence de participation aux séries? Ou est-ce dû au vieillissement de Lidstrom, qui a pris sa retraite en 2012, du joueur de centre Pavel Datsyuk, qui est parti pour la Russie en 2016, et du centre Henrik Zetterberg, qui a cessé de jouer en raison de problèmes de dos en 2018?

Le plus gros problème, et de loin, a été de remplacer les joueurs de premier plan. Les Red Wings ont défié les lois de la longévité parce qu'ils ont trouvé deux diamants en Datsyuk (no 171, 1998) et Zetterberg (no 210, 1999) en fin de repêchage pour remplacer Yzerman et le centre Sergei Fedorov pendant qu'ils misaient encore sur Lidstrom. Ils ont échoué à le refaire, car ils n'avaient pas assez de hauts choix au repêchage et qu'ils ont raté leurs occasions plus tard durant l'encan.
Vous pensez que les Red Wings ont trop attendu pour reconstruire? Croyez-vous que les propriétaires voulaient reconstruire au moment où ils participaient régulièrement aux séries et étaient en train de bâtir le Little Caesars Arena, qui a ouvert ses portes en 2017? Dès qu'il est devenu clair que la séquence de présences en séries éliminatoires prendrait fin, Holland a commencé à vendre, à cumuler les actifs et à ajouter de bons espoirs, liquidant les mauvais contrats et endurant des moments difficiles. Bien avant de céder sa place à Yzerman, il savait qu'il le faisait pour le prochain DG. Le fait que les propriétaires voulaient faire de Holland un Red Wing à vie indique qu'ils étaient sur la même longueur d'onde.
Cela dit, Holland a beaucoup à prouver et beaucoup de problèmes devant lui à Edmonton.
Il est légitime de se demander s'il aurait mieux cadré à Seattle, l'équipe d'expansion qui commencera à jouer en 2021-22, en raison de son style patient et stable.
Holland a ce qui lui manquait à ses dernières années à Detroit : des supervedettes comme Connor McDavid et Leon Draisaitl autour desquelles bâtir. Mais le temps presse pour profiter au maximum de leurs meilleures années et il y a beaucoup à faire, du personnel administratif aux entraîneurs en passant par la formation et la situation sous le plafond salarial. Les attentes sont élevées et la patience est mince avec une équipe qui a raté les séries éliminatoires 12 fois au cours des 13 dernières saisons.
Il s'agirait d'un défi difficile pour tout DG, et certains doutent déjà de Holland. Mais c'est peut-être ce qui le motive.
Voici la citation la plus intéressante de la conférence de presse de mardi à Edmonton de la part d'un DG accusé de s'être assis sur ses lauriers pendant des années à Detroit :
« Je suis conscient des jours glorieux et de l'histoire de cette concession, mais à partir de maintenant, il faut créer de nouveaux souvenirs, a dit Holland. Tu ne peux pas toujours vivre dans le passé. »
\ Avec la contribution du correspondant NHL.com Derek Van Diest*