Jonathan Drouin

Jonathan Drouin a fait ce que bien peu d'athlètes professionnels ont eu le courage de faire, à ce jour, en abordant de front les problèmes de santé mentale qui l'ont poussé à prendre une pause du hockey lors de la dernière saison.

L'attaquant des Canadiens de Montréal s'est confié sur les troubles d'anxiété et d'insomnie avec lesquels il devait composer depuis quelques années, au cours d'une entrevue réalisée par la journaliste Chantal Machabée et diffusée lundi sur les ondes du Réseau des sports (RDS).
« C'était de prendre du recul, d'avoir un mode de vie qui était plus facile. Il y a des moments où je pouvais passer trois soirées sans dormir et aller jouer deux matchs en deux soirs, a affirmé le Québécois de 26 ans. Ce n'est pas quelque chose qui est normal pour n'importe quel humain et je devais changer ça un peu. »
Le déclic s'est fait quelque temps après qu'il eut participé à la séance d'échauffement qui précédait un match face aux Flames de Calgary, le 23 avril. Il n'avait finalement pas pris part au match, et le Tricolore avait annoncé qu'il serait à l'écart de l'équipe pour une période indéterminée, cinq jours plus tard.
« Ce sont des années d'anxiété et de problèmes d'insomnie, a-t-il raconté. La semaine qu'on venait de passer à Calgary avait été difficile pour moi. Je suis tombé malade au point où je ne contrôlais plus vraiment mon corps. Ç'a été le bout où j'ai eu besoin de prendre du recul et de faire un pas en arrière.
« J'ai joué avec ça pendant plusieurs années sans savoir nécessairement ce que c'était. Ç'a été difficile d'aller chercher de l'aide. Même moi, je ne reconnaissais pas mes problèmes. J'ai cliqué l'année passée et je suis allé chercher de l'aide et des gens pour m'entourer. Je suis bien mieux équipé maintenant que je l'étais avant.
« Je voulais aussi dire que je ne suis jamais allé dans un programme de réhabilitation. Je ne sais pas quelles sont les rumeurs, mais je n'ai pas eu de problème de drogues ou d'alcool. »
Le numéro 92, qui avait jusque-là amassé deux buts et 23 points en 44 matchs, a finalement raté le reste de la saison et l'entièreté des séries éliminatoires. Il a assisté à distance au parcours des siens jusqu'en Finale de la Coupe Stanley, mais il a toujours senti qu'il faisait partie de l'équipe.
« Le soutien était là, et je ne pouvais rien demander de mieux, a-t-il dit. J'étais content pour toute l'équipe - Dominique (Ducharme), Marc (Bergevin) - avec les séries qu'on a eues cette année. […] Ce n'était pas dur pour moi de regarder les matchs.
« C'est sûr que tu veux être là et jouer dans ces matchs-là. C'est pour ça que tu joues au hockey. J'avais pris la décision de prendre du recul et de prendre soin de moi. J'étais content avec cette décision et je respectais ma décision. Pour moi c'était simplement d'apporter mon soutien à mes coéquipiers. »