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Des souvenirs.

C'est tout ce qui nous reste des dernières semaines.
Des souvenirs.
Des souvenirs que nous n'oublierons jamais, que nous partagerons et que nous chérirons à tout jamais.
Des souvenirs marqués par des moments de tension, d'euphorie et de frustration entrecoupés de moments de joie sont difficiles à comprendre, surtout après avoir vécu d'autres grandes émotions reliées à l'isolement et à la tristesse des 15 derniers mois.
Mais c'est ce qui rend le hockey si puissant, alors qu'il nous permet d'oublier ce qui se passe dans le monde le temps d'un match.
Et c'est exactement ce que nous devrions chérir une fois que nous aurons digéré ce revers: tous les moments que ce merveilleux sport nous a permis de vivre.
Ce parcours improbable de nos Glorieux ne s'est peut-être pas conclu de la manière escomptée, et donnons le crédit qui revient au Lightning de Tampa Bay, mais ces séries ne se sont pas résumées à ce qui s'est passé sur la patinoire.
La joie est revenue à l'intérieur de la ville, de la province, mais aussi à l'extérieur de ses frontières.
Les partisans des Canadiens tout autour du monde, dont plusieurs ayant les yeux cernés après avoir dû s'être levés tôt ou s'être couchés tard pour regarder leur équipe, ont retrouvé une certaine normalité et de la joie lorsqu'ils en avaient le plus besoin.
Cela devrait être suffisant pour que chaque joueur des Canadiens de Montréal puisse garder la tête bien haute.
Il y a aussi eu plusieurs beaux moments sur la glace.
Tout a commencé dès le premier match en séries par le but gagnant marqué par Paul Byron en désavantage numérique à genou.

Si plusieurs des buts ont motivé les troupes, celui de Byron a donné le ton pour le reste des séries, alors qu'il a été le premier à jouer les héros et à faire en sorte qu'on puisse espérer un long parcours éliminatoire.
Ce but a été suivi par un but qui représentait l'aspect le plus prometteur des séries: un regard vers l'avenir.

Leur but marqué en prolongation à la suite d'un 2 contre 0 lors du match 5 contre les Maple Leafs n'était pas seulement crucial, il nous rappelait que ces deux joueurs n'ont pas encore atteint leur apogée.
À seulement 21 ans, Nick Suzuki a déjà pris part à 32 matchs en séries, un nombre impressionnant et qui le devient encore plus avec le fait qu'il ait inscrit 11 buts et 13 mentions d'aide lors de ces rencontres, à un moment dans l'année où il n'y a peu d'espace offert sur la patinoire aux joueurs comme Suzuki, qui a terminé en tête des pointeurs de l'équipe en séries à ses deux premières saisons dans la Ligue.
Il ne fait pas que répondre à la pression, il en raffole et ce, grâce à ses habiletés et à son intelligence exceptionnelle.
Cela nous amène à l'autre joueur impliqué dans ce but en prolongation. Avant le début de la saison dans la NCAA, j'avais demandé à Caufield comment il allait faire face à la pression de jouer dans une ville comme Montréal.
« C'est un privilège d'être sous pression », a-t-il immédiatement affirmé avec un petit sourire en coin.
Âgé de 20 ans, Cole Caufield vient de conclure l'une des saisons les plus impressionnantes, tous espoirs confondus. En plus de tout ce qu'il a accompli dans la NCAA, incluant le Trophée Hobey Baker remis au meilleur joueur de hockey universitaire, il a terminé l'année avec une médaille d'or au Championnat du monde junior, un court passage réussi dans la LAH avec le Rocket de Laval et une audition encore meilleure avec les Canadiens, marquée par une expérience inestimable acquise dans le parcours de l'équipe en séries.

Caufield, dont plusieurs ont douté de en raison de sa taille, est ressorti du lot en faisant fi de la pression associée au fait qu'il était le deuxième plus jeune joueur des séries.
Jesperi Kotkaniemi, le troisième plus jeune joueur en séries, a aussi eu un rôle important à jouer dans les succès des Canadiens. En plus d'avoir marqué le but vainqueur en prolongation du match 6 à domicile contre les Leafs, mettant la table pour une remontée historique en première ronde, il a aussi contribué à cinq buts inscrits à forces égales, un sommet chez les attaquants de l'équipe. À l'instar de Suzuki, Kotkaniemi possède déjà beaucoup d'expérience en séries à un jeune âge, ce qui devrait être bénéfique pour lui lorsqu'il atteindra son plein potentiel d'ici quelques années.

Alexander Romanov est un autre joueur dont le meilleur est encore à venir, mais cela ne lui a pas empêché de nous montrer ce qui faisait tant sourire les dépisteurs des Canadiens au moment de sa sélection en deuxième ronde du Repêchage de 2018. Il devrait occuper un poste de régulier à la ligne bleue de l'équipe pour les prochaines années.
Pensez-y: ni Romanov, ni Kotkaniemi, ni Caufield n'étaient assez âgés pour parier lors de leur passage à Las Vegas en demi-finale. Cependant, ils pourront vous dire qu'il y a moyen de gagner dans la ville du vice.
Oui, les jeunes progressent et d'autres s'en viennent alors que l'équipe possède 11 choix lors du prochain repêchage, en plus des 29 autres espoirs sélectionnés lors des trois dernières années. Certains ne deviendront pas des joueurs de la LNH, mais de temps en temps, il arrive de trouver un talent brut. Ce fut le cas pour Jake Evans.
Mais comme nous le savons tous, l'édition 2021 des Canadiens ne se résumait pas seulement à de jeunes joueurs.
Ils ont reçu l'aide de tous les joueurs de la formation.
Comme Tyler Toffoli, qui est rapidement devenu un favori chez les partisans bien avant son but en prolongation qui a éliminé les Jets de Winnipeg en quatre matchs.

Josh Anderson a aussi eu son rôle à jouer, jouant comme tout bon attaquant de puissance, combinant vitesse et robustesse pour marquer ses buts, deux éléments tant recherchés par tous les directeurs généraux.
Brendan Gallagher, qui s'est donné corps et âme pour cette équipe, n'était peut-être pas entièrement en santé, mais son leadership et son cœur ont inspiré les partisans au même titre que ses coéquipiers.
Jeff Petry, possiblement le défenseur le plus sous-estimé de toute la LNH, a aussi su mener par l'exemple malgré s'être blessé en cours de route, un thème récurrent dans une équipe où chacun des joueurs s'est sacrifié pour ses coéquipiers. Cela s'est vu chez le capitaine Shea Weber, qui n'a pas arrêté de bloquer des tirs et de faire mal aux attaquants adverses lorsqu'ils parvenaient à entrer en zone offensive, mais aussi chez son partenaire, Ben Chiarot.
Joel Edmundson a été impeccable. Non seulement était-il robuste, il a joué de façon intelligente, ce qui a eu un impact positif chez les Canadiens à chaque match.
Brett Kulak, Erik Gustafsson et Jon Merrill, tous des joueurs qui ont été sous-estimé pour l'entièreté de leur carrière, ont aussi eu leur mot à dire dans ce qui s'est avéré être l'une des unités défensives les plus sous-estimées des dernières années en séries.
Ils n'ont pas été parfait. Aucune défensive ne l'est. Mais ils ont dû être parmi les meilleures équipes en séries pour défendre les tentatives de contre-attaques pour une raison: ils étaient gros, intimidants et ont joué au sein d'une structure forçant les joueurs adverses à lancer la rondelle en fond de territoire ou de tenter des percées avec des batailles à 1 contre 1. Ils ont rendu la vie difficile aux autres joueurs en les plaquant, mais aussi en pratiquant un style de jeu très frustrant à affronter, mais ô combien efficace.
Corey Perry nous a rappelé que même si la jeunesse finit par s'estomper, les habiletés et l'intelligence demeurent. Je ne sais pas vraiment comment le décrire, mais Perry a une étrange façon de faire en sorte que tout le monde autour de lui reste immobile, ce qui nous rappelle en quelque sorte du hockey de rue, en tournant et en pivotant autour des défenseurs avec facilité. Perry et Eric Staal ont amené de la profondeur et du leadership dans l'équipe et ce, avec aplomb. À ces deux joueurs s'ajoutent Michael Frolik, Jake Allen et Tomas Tatar qui sont restés d'excellents professionnels malgré le fait qu'ils n'aient pas joué dans les dernières semaines.

Joel Armia, qui a gagné la majorité de ses bagarres le long des bandes, a aussi marqué des buts importants lorsque son équipe en avait besoin. C'est un peu devenu sa marque de commerce depuis son arrivée à Montréal.
Phillip Danault, qui a hanté plusieurs des meilleurs joueurs de la LNH au cours des séries, est devenu l'un des meilleurs centres défensifs de la Ligue.
Et il y a aussi Artturi Lehkonen, le joueur détesté par plusieurs, mais qui s'est donné au fond tout au long des séries. Non seulement a-t-il marqué LE but qui restera dans les mémoires des partisans du Tricolore pour le restant de leur vie, mais il a aussi montré à tout le monde ce qu'il faut pour gagner ces matchs très serrés: beaucoup de travail, d'effort, mais aussi de croire en ses chances.

Finalement, que peut-on dire au sujet de Carey Price, qui a effectué un nombre incalculable d'arrêts spectaculaires lors de ce parcours en séries?
Price parlerait probablement de ses coéquipiers, et avec raison, parce que c'est ce que les grands joueurs font, mais on doit reconnaître son importance dans l'équipe.
L'espoir qui habite les partisans débute par lui, entouré par des joueurs qui ont accepté leur rôle sans poser de question. Cela a fait en sorte que ces partisans ont retrouvé le sourire et la fierté pour leur équipe après plusieurs années difficiles.

Nous avions besoin de cela et cette épopée s'est produite au moment où nous en avions le plus besoin.
Les Canadiens n'ont pas réussi à remporter leur 25e Coupe Stanley cette été, mais les dernières semaines ne consistaient pas seulement à essayer d'accrocher une nouvelle bannière au plafond du Centre Bell.
Cette équipe a permis aux partisans de vivre quelque chose de spécial. Elle nous a permis d'être tous ensemble derrière une chose commune. Elle a permis à la ville et à la province de soigner ses plaies et de retrouver une vie normale.
C'est la beauté du sport. C'est la beauté de ces souvenirs.