Erik Karlsson

PITTSBURGH - Le défenseur Erik Karlsson fait preuve de modestie lorsqu'il parle de son impact sur les Sénateurs d'Ottawa.
« J'apporte ma contribution, et je fais de mon mieux au meilleur de mes capacités, a indiqué le double gagnant du trophée Norris. Vous espérez ensuite que tous les autres feront de même. »
Sauf que tous les autres joueurs dans la formation des Sénateurs sont influencés par leur capitaine. Le plan de match d'Ottawa repose sur la prémisse que Karlsson va apporter sa contribution, et qu'il le fera très bien.
Tout cela est voulu, puisque les aptitudes de Karlsson sont taillées sur mesure pour le système passif 1-3-1 de l'entraîneur Guy Boucher qui permet d'embouteiller la zone neutre. C'est la principale raison qui explique pourquoi les Sénateurs se retrouvent en finale de l'Association de l'Est et qu'ils se préparent à disputer le match no 1 contre les Penguins de Pittsburgh au PPG Paints Arena samedi (19 h (HE); TVA Sports, NBC, SN, CBC).

« J'ai évidemment regardé ce que nous avions sous la main, autant du côté des défenseurs que des attaquants, et j'ai bâti notre identité autour de lui et de ses forces », a expliqué Boucher en parlant de Karlsson.
Malgré toutes les louanges au sujet des jeux sublimes réalisés par Karlsson au cours des séries éliminatoires de la Coupe Stanley 2017 - ses buts importants, les passes en apparence impossibles qu'il a réussies pour mener à des buts; ses 13 points (deux buts, 11 passes), le plus haut total parmi les défenseurs - ce serait une erreur d'ignorer le système qui lui permet de s'exprimer.
Le système mis en place par l'entraîneur de première année Guy Boucher est bâti afin de forcer ou guider l'adversaire vers la gauche alors qu'il tente de traverser la patinoire, donc vers le côté fort de Karlsson. Il ne s'agit pas d'une coïncidence.
Il est bâti afin de forcer l'adversaire à prendre des décisions rapides en zone neutre, ce qui crée des revirements et qui permet aux Sénateurs d'attaquer en transition. Encore une fois, ce n'est pas une coïncidence.
« Puisque [Karlsson] est capable de se défendre et de contre-attaquer, nous formons une équipe qui contre-attaque, une équipe qui s'exprime en transition, et il cadre parfaitement là-dedans, a expliqué Boucher. J'aime que le jeu s'accélère en transition, et il n'y a aucun défenseur de la ligue qui excelle autant en transition qu'Erik Karlsson. »
Le système est aussi bâti afin de permettre à Karlsson, lorsqu'il est sur la glace, d'être celui qui récupère la rondelle lorsque l'adversaire la rejette dans sa zone. Ce système peut être déjoué, comme ce fut le cas en deuxième ronde contre les Rangers de New York, alors que ces derniers ont été en mesure de s'amener avec de la vitesse ou de remporter leurs batailles en échec-avant en envoyant plusieurs joueurs en territoire ennemi sur le même joueur d'Ottawa, ce joueur étant souvent Karlsson.
Cependant, selon ce que l'on a vu pendant ce tournoi printanier, c'est que Karlsson et le système gagneront. Son agilité, sa vision, son maniement de la rondelle et son intelligence lui permettent de dégager la rondelle de la zone aussitôt qu'elle y entre.
Il est unique en son genre, a dit l'attaquant Mark Stone. Je ne crois pas qu'il y ait quiconque dans la Ligue qui peut faire ce qu'il fait. Il est parfois facile de le tenir pour acquis, mais nous ne sommes jamais surpris quand il effectue ces jeux. Nous nous y attendons. »
Mais il y a un autre élément du jeu de Karlsson cette saison.
« Je ne peux pas lui demander de mieux jouer en défensive », a déclaré Boucher.
L'éternelle critique sur Karlsson, c'est qu'il était un défenseur vedette, mais pas un vrai défenseur. Il est désormais les deux.
Karlsson a figuré au deuxième rang dans la ligue au chapitre des tirs bloqués pendant la saison régulière avec 201 en 77 matchs, une moyenne de 2,6 par match, après en avoir enregistré 1,5 par match au cours des trois dernières campagnes. Il a enregistré 24 tirs bloqués en 12 matchs des séries (2,0 par match).
Karlsson a passé 2:09 par match en infériorité numérique cette saison après avoir passé en moyenne 1:07 en infériorité numérique par match au cours des trois dernières saisons. Ottawa a eu un taux d'efficacité de 79,7 pour cent en infériorité numérique cette saison; pas magnifique, mais meilleur que le taux de 75,8 pour cent la saison dernière.
Les Sénateurs ont écoulé 87,5 pour cent de leurs pénalités en séries éliminatoires.
Le temps de glace total de Karlsson a chuté cette saison de 27:46 lors des trois dernières saisons à 26:50 par match cette saison. Ses présences sont plus courtes, 51 secondes en moyenne, neuf secondes plus courtes que sa moyenne au cours des trois dernières saisons.
Boucher a expliqué qu'il a écourté les présences de Karlsson afin que ce dernier puisse avoir plus d'énergie quand vient le temps de jouer en territoire défensif.
Karlsson passe en moyenne 28:56 sur la glace pendant les séries éliminatoires de la Coupe Stanley 2017, mais il ne passe que 53 secondes par présence. Et cette moyenne s'est simplement hissée parce qu'il a disputé 6:27 des dernières 8:24 de la victoire de 4-2 des Sénateurs lors du match no 6 face aux Rangers mardi.
Il n'a pas été sur la glace lors des sept dernières secondes du match après que les Sénateurs eurent marqué un but dans un filet désert.
« Je pense que c'est un peu révélateur, a dit le directeur général Pierre Dorion. Si tu avais dit à tout le monde à la fin de la saison dernière qu'Erik allait jouer pendant six des huit dernières minutes d'un match avec une avance d'un but, je pense que plusieurs personnes ne t'auraient pas cru. Mais nous avons tous vu à quel point il a brillé pendant ces huit dernières minutes. »
Si tu poses des questions à ce sujet à Karlsson, il te dira qu'il ne fait que sa part. Ça pourrait être le cas, mais ses coéquipiers savent qu'il en fait bien davantage.
« Nous avons un défenseur vedette qui ouvre la voie à nous, a dit Stone. Nous marchons sur ses traces. »