Torts team usa

COLUMBUS - Il n'a pas hésité. Lorsqu'on lui a demandé de quelle façon Équipe États-Unis allait devoir jouer pour remporter la Coupe du monde de hockey 2016, l'entraîneur John Tortorella a allongé le bras droit et dicté le ton à l'occasion de la première journée du camp d'entraînement au Nationwide Arena.

« Nous allons jouer de cette façon », a-t-il dit.

Droit devant. Du hockey nord-sud. Si tu n'as pas la rondelle, reprends-la. Si tu l'as, amène-la en zone adverse le plus rapidement possible et dirige-la au filet. Dresse-toi devant l'adversaire et gêne-le sans relâche.

On ne parle pas ici d'Équipe Canada, qui déborde de talent et qui est la grande favorite pour remporter le tournoi qui aura lieu chez elle au Air Canada Centre à Toronto. Et on ne parle pas d'Équipe Russie, qui est très forte à l'attaque, ni d'Équipe Suède, qui est très forte à la ligne bleue.

On parle d'Équipe États-Unis, un mélange d'habileté, de détermination et de jeu solide en zone défensive. C'est là une recette qu'on a adoptée en partie parce qu'on n'avait pas d'autre choix, en partie aussi parce qu'on le voulait ainsi.

« C'est clair que nous allons être une équipe costaude qu'il sera difficile d'affronter, a noté le défenseur Jack Johnson. Nous allons être très robustes. … Nous allons essayer de faire en sorte que la soirée va être longue pour bien des équipes. »

Le directeur général Dean Lombardi n'a pas choisi les 23 meilleurs joueurs américains. Il a sélectionné les 23 joueurs américains qui, selon lui, composeraient la meilleure équipe en vue de ce tournoi en particulier.

On lui a reproché de ne pas avoir choisi des joueurs habiles comme l'attaquant Phil Kessel et le défenseur Kevin Shattenkirk. (Kessel n'aurait pas été en mesure de jouer en bout de ligne en raison d'une blessure à la main, mais ça ne change rien à l'approche qui a été adoptée.)

Les dirigeants et les entraîneurs d'Équipe États-Unis ont étudié les formations possibles des autres équipes et quels joueurs ils pourraient leur opposer, et ils ont tenu compte du fait que ce tournoi sera disputé sur une surface aux dimensions nord-américaines, selon les règles de la LNH, sur une courte période de temps.

Il faut se l'avouer : pour remporter le tournoi, Équipe États-Unis devra probablement battre Équipe Canada, et jamais n'aurait-elle été capable de rivaliser avec celle-ci aux chapitres du talent et de la profondeur.

Équipe Canada a perdu les services de l'attaquant Jamie Benn et l'a remplacé avec Logan Couture, qui a été le meilleur pointeur des séries éliminatoires de la Coupe Stanley, le printemps dernier, avec une production de 30 points en 24 matchs au profit des Sharks de San Jose. Équipe Canada a aussi perdu les services de l'attaquant Jeff Carter et l'a remplacé avec Corey Perry, qui a remporté la Coupe Stanley, le trophée Hart à titre de joueur le plus utile à son équipe dans la LNH, ainsi que deux médailles d'or olympiques.

« Le Canada a certains des meilleurs joueurs au monde, a souligné l'attaquant d'Équipe États-Unis Zach Parisé. Aucun doute, ils ont de la profondeur. Ils continuent de perdre des joueurs mais ils continuent d'en ajouter d'autres, et tu te dis que… »

Il s'est arrêté un moment et s'est mis à rire.

« Ils ajoutent d'excellents joueurs. »

Alors que faire ? Essayer de battre les Canadiens à leur propre jeu ? Essayer d'égaler leur niveau d'habileté ?

« Il va falloir appliquer de la pression, a souligné Parisé. Il va falloir les mettre sous pression partout sur la glace. … Il s'agit de provoquer des revirements, de rendre leurs défenseurs mal à l'aise en les mettant sous pression, pour ainsi créer des ouvertures. »

Si ce tournoi était disputé sur une surface aux dimensions internationales, Lombardi aurait peut-être préconisé une autre approche. Mais ce n'est pas le cas. Lombardi a donc bâti une formation apte à jouer un style de hockey propre à la LNH.

Et puisque les équipes n'auront droit qu'à deux semaines de préparation et seulement à deux semaines de compétition au maximum, Lombardi a choisi des joueurs qui pourront bien jouer leurs rôles dans l'immédiat, plutôt que des joueurs qui auraient eu besoin d'une certaine période de temps pour s'adapter à des rôles qui leur sont plus ou moins familiers.

« Dans chaque équipe gagnante, on retrouve des joueurs qui ont des rôles bien définis, a noté l'attaquant d'Équipe États-Unis Max Pacioretty. Ce sera important pour nous de bien comprendre et connaître tout de suite le rôle que nous devrons jouer, de mettre nos égos de côté et de miser sur nos forces. Je crois que c'est pour ça que les joueurs qui ont été choisis ont été choisis, parce que ce sont des joueurs qui sont prêts à accepter des rôles différents, à faire tout ce qu'il faut faire pour aider l'équipe à gagner. Dans un tournoi aussi court que celui-ci, c'est ce qui importe. »

Cette équipe compte quand même des joueurs habiles. Lors de la première séance d'entraînement, le premier trio était composé de Pacioretty à l'aile gauche, Joe Pavelski au centre et Patrick Kane à l'aile droite. À eux trois, ces attaquants ont totalisé 114 buts et 248 points la saison dernière dans la LNH. Kane, qui a inscrit 46 buts et 106 points, a remporté le trophée Art Ross remis au meilleur pointeur de la LNH ainsi que le trophée Hart. Plusieurs autres membres de l'équipe sont capables de jouer au hockey aussi.

Mais en raison de la présence de joueurs comme Johnson, et aussi de Justin Abdelkader et Brandon Dubinsky à l'attaque - sans oublier des habitués de l'équipe américaine tels que David Backes et Ryan Kesler, qu'il est très désagréable d'affronter -, l'identité de cette équipe ne fait aucun doute.

« Nous devons jouer d'une certaine façon, c'est certain, a souligné Abdelkader. L'allure de cette équipe, c'est celle d'une équipe qui va être combative en échec avant, qui va se battre pour garder la rondelle, qui va jouer du hockey coriace à l'américaine, avec du jeu solide devant le filet et à la ligne bleue. Nous n'allons pas nous présenter sur la glace dans le but d'essayer de marquer huit buts. Si ça arrive, tant mieux. Mais nous allons surtout bien jouer en défensive et essayer de profiter de nos occasions de marquer. »

Tout simplement.

« N'en doutez pas une seconde : nous n'allons pas passer beaucoup de temps à nous préoccuper de la façon dont l'autre équipe va jouer, a indiqué Tortorella. Nous allons jouer à notre façon. Nous allons essayer de leur faire subir le jeu, d'imposer notre volonté. Ce ne sera pas très subtil comme message. »