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Émilie Castonguay a la vague impression que c'est un coup du destin qui l'a menée jusqu'à sa nomination comme directrice générale adjointe des Canucks de Vancouver.

En fait, sa sœur Valérie lui avait prédit un poste de direction avec les Canucks lors de la dernière conversation qu'elles ont eue avant son décès tragique, des suites d'une erreur médicale, en 2008. Depuis cette épreuve, Castonguay savait qu'elle aboutirait à Vancouver, d'une manière ou d'une autre.
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Le nom de la ville de l'Ouest canadien était inscrit, chez elle, sur un tableau de visualisation qu'elle voyait tous les jours. Et puis, le destin a cogné à sa porte.
« Quand Jim Rutherford et les Canucks m'ont appelée, ç'a été assez émotif pour moi, a raconté l'ancienne agente de joueurs en visioconférence, lundi. C'est l'une des raisons pour lesquelles je me devais d'envisager et d'écouter ce qu'il avait à me proposer. Pour la partie Vancouver, il n'a pas eu à me convaincre.
« C'est un peu l'univers qui m'a amenée là. »
Sans le savoir, le président de la formation vancouvéroise partait avec une longueur d'avance par rapport aux autres équipes de la LNH. Et quand il lui a présenté le plan qu'il avait pour elle, il a mis de bons arguments sur la table pour la convaincre de quitter l'agence Momentum Hockey pour relever un nouveau défi.
« Ça fait longtemps qu'elle parle de Vancouver et qu'elle nous dit qu'elle veut évoluer là-bas comme agente pour les raisons qu'on connaît », s'est souvenu son collègue et président de Momentum, Olivier Fortier.
« Quand l'opportunité s'est présentée, s'il y a une équipe qui avait plus de chances de la convaincre que les autres, c'étaient les Canucks. En plus, ils ont un plan qui semble être fait sur mesure pour elle. Je lui ai dit qu'il fallait qu'elle saute à pieds joints dans l'aventure. C'est difficile à croire, mais son destin semblait tracé. »
Il y a le destin, mais aussi des années de travail derrière cet accomplissement. À 37 ans seulement, Castonguay devient la deuxième femme à décrocher ce poste au sein d'une équipe de la LNH - après Angela Gorgone avec les Mighty Ducks d'Anaheim, en 1996.
« S'il y a une femme qui peut faire ça, c'est bien elle, a lancé son ancien client, Jakob Pelletier. Elle a du caractère et de la détermination. Pour une femme, de travailler dans un monde d'hommes et d'exceller comme elle le fait, ça en dit beaucoup. Elle a une sorte de drivequi fait d'elle l'une des meilleures. »
« Elle a énormément de caractère, elle est déterminée et a beaucoup d'ambitions, a renchéri Fortier. Elle trouve toujours un moyen de parvenir à ses fins. Elle va connaître du succès, et je suis convaincu qu'elle va continuer de gravir les échelons et qu'on va éventuellement la voir dans un poste encore plus important. »
Inspiration
Castonguay a fait sa place à sa manière et s'est rapidement hissée parmi les agents les plus influents, surtout au Québec, en supervisant notamment la carrière du premier choix au total en 2020, Alexis Lafrenière. Elle a gagné le respect de ses interlocuteurs de la planète hockey et n'a jamais accordé d'importance particulière à son sexe.
Elle voulait d'abord et avant tout être reconnue pour ses compétences, au même titre que ses collègues masculins, d'où l'approche « non binaire » qu'elle a adoptée en traçant sa voie.
« Je suis une personne très passionnée, je suis travaillante et je carbure aux défis, a-t-elle résumé. Je ne me suis pas laissée intimider par le fait que j'étais la seule femme dans mon parcours. Ç'a fait en sorte que ça ne m'a pas arrêtée et que je ne me suis pas mis de bâton dans les roues.
« Que tu sois un homme ou une femme, ça prend différents traits de personnalité pour faire ce genre de travail. Il faut que tu veuilles gagner. Moi, je veux gagner. Je suis une gagnante. »
La volonté de Rutherford d'amener de la diversité et des points de vue différents au sein de son équipe de gestion risque fort bien de bénéficier aux Canucks. Castonguay veut travailler dans ses forces et adopter une approche humaine à l'égard des joueurs de l'organisation, comme celle qu'elle avait avec ses clients.
C'est de cette façon qu'elle veut continuer de faire sa marque et de laisser un riche héritage à celles qui suivront ses traces ou qui rêvent de le faire.
« J'espère que ça va leur donner de l'espoir et de la motivation et qu'un jour, je puisse les croiser et travailler avec elles, a-t-elle exprimé. J'ai hâte au jour où on sera plus. Je pense qu'on a toutes notre place dans le hockey. J'espère que ça va s'améliorer peu à peu et qu'on en arrivera là assez vite. »
Crédit photo : Momentum Hockey