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MONTRÉAL -Mike Condon se pinçait pour croire aux succès qu'il connaissait à titre d'adjoint à Carey Price, en début de saison.
Cinq mois plus tard, le gardien recrue des Canadiens de Montréal range ses grosses jambières en ayant peine à réaliser l'éprouvante épopée qu'il vient de terminer.

« Geez, il va me falloir passablement de temps, au moins quelques semaines, avant de digérer tout ça », a-t-il soupiré, samedi, après avoir pris part à un 55e match en saison régulière.
Condon avait le sentiment d'avoir complété deux saisons dans une.
« On dirait que le camp d'entraînement était il y a deux ans, a-t-il repris. Ç'a été une longue saison. »
La courbe d'apprentissage de Condon a été plus prononcée que pour n'importe quel autre joueur des Canadiens. Heureusement qu'il possédait un peu de vécu à l'âge de 25 ans, bientôt 26, parce qu'un jeune gardien moins bien outillé aurait pu y laisser sa peau.
Après avoir ravi le poste d'adjoint à Price à Dustin Tokarski, l'Américain natif de Holliston, au Massachusetts, était loin de se douter qu'il se retrouverait propulsé au coeur de l'action, les réflecteurs braqués sur lui.
Les 55 présences devant le filet de Condon, dont la persévérance et le dévouement lui ont valu d'être désigné le candidat du CH pour l'obtention du trophée Bill Masterton, représente un sommet pour un gardien recrue des Canadiens depuis les débuts de Ken Dryden en 1971-72.
« Vous me l'apprenez, a-t-il réagi, avant d'ajouter avec une pointe d'ironie: Oui, mais Ken Dryden a remporté beaucoup plus de matchs que moi. »
Condon n'a pas à juger sévèrement son rendement ou à se déprécier. Il a tenu le fort du mieux qu'il a pu en l'absence de Price. Il aurait présenté une fiche plus éloquente s'il avait obtenu un meilleur soutien de ses coéquipiers à l'attaque au moment où l'équipe s'enlisait en décembre et en janvier.
Le capitaine Max Pacioretty trouve qu'on l'a en quelque sorte envoyé dans la fosse aux lions.
« C'est inimaginable dans quelle position il s'est retrouvée. Il est arrivé avec nous sans expérience de la LNH et il a fini par connaître sa saison la plus occupée de toute sa carrière, a relevé Pacioretty. On m'a dit qu'il n'avait jamais autant disputé de matchs que cette saison, et de loin à part ça (48 la saison dernière à Hamilton). Il s'est bien bagarré. Nous avons apprécié tous les efforts qu'il a faits et je suis sûr que ç'a également été le cas pour les partisans. »
Au final, Condon montre des statistiques fort respectables : fiche de 21-25-6, moyenne de buts alloués de 2,71 et un pourcentage d'arrêts de ,903.
Condon a admis avoir énormément appris malgré les embûches qu'il a dû surmonter. En fier compétiteur qu'il est, il a de la difficulté à admettre être heureux de ce qu'il a accompli. La chose qu'il va cependant retenir, c'est qu'il est du calibre de la LNH.
« Avant la saison, je n'étais pas convaincu que je pouvais jouer dans la Ligue nationale, a-t-il affirmé. Vous pouvez y croire et avoir toute la confiance au monde en vos moyens, vous ne pouvez pas le savoir tant que vous n'avez pas joué. J'ai répondu à plusieurs interrogations que j'avais, aux doutes que j'entretenais. Je sais maintenant que je peux tenir mon bout dans cette ligue. Je vais redoubler d'ardeur au cours de l'été afin de me présenter au camp d'entraînement fin prêt à lutter pour un poste au sein de la formation. »