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Quand les Canadiens de Montréal effectuent un changement d'entraîneur, la nouvelle fait couler beaucoup plus d'encre que dans n'importe quel autre marché de la LNH. Ce n'est pas suffisant de se questionner à savoir si c'était le bon moment, si l'entraîneur méritait d'être remercié ou si le nouvel entraîneur représente une meilleure option. Il faut savoir si les Canadiens ont embauché le meilleur entraîneur disponible ou bien seulement le meilleur entraîneur disponible qui parle français.
Pas cette fois. Lorsque le directeur général Marc Bergevin a remplacé Michel Therrien avec Claude Julien, mardi, il a saisi une rare occasion de mettre un crochet dans chaque case.

Les Canadiens étaient au premier rang dans la section Atlantique, mais ils connaissaient d'importantes difficultés, si bien que le gardien Carey Price avait dit aux journalistes que l'équipe semblait avoir perdu son identité. Therrien a eu sa chance après presque cinq saisons. Non seulement Julien représente une amélioration, il était le meilleur entraîneur disponible peu importe la langue - ou l'un des deux meilleurs si l'on considère Ken Hitchcock. Et il parle français.
En plus de ça, Julien a déjà été l'entraîneur des Canadiens. Il a déjà remplacé Therrien. Il a dirigé 159 matchs derrière le banc montréalais entre janvier 2003 et janvier 2006 à sa première présence dans la Ligue nationale. Il connaît donc Montréal et il sait dans quoi il s'embarque.
Il a bien plus d'expérience et de crédibilité à l'âge de 56 ans après avoir passé une saison avec les Devils du New Jersey et 10 autres avec les Bruins de Boston. Il a mené les Bruins à la conquête de la Coupe Stanley en 2011, à la finale en 2013 et au Trophée du Président en 2013-14.
Il doit être motivé. Les Bruins l'ont congédié il y a une semaine et il était toujours sous contrat avec eux jusqu'au terme de la prochaine campagne. Il aurait pu prendre son temps et attendre la bonne occasion. En acceptant ce poste, il doit voir ce que Bergevin voit: une chance de mener l'équipe la plus titrée de l'histoire à sa première Coupe Stanley depuis 1993.
Bergevin a échangé P.K. Subban pour Shea Weber l'été dernier. Il est actif sur le marché des transactions et il continuera de l'être jusqu'à la date limite du 1er mars. Mais pour plusieurs raisons, notamment le plafond salarial et le repêchage d'expansion à venir, il est difficile de conclure un échange. Changer d'entraîneur est plus facile et peut avoir un important impact. Therrien le sait trop bien.
Trois des huit dernières équipes championnes de la Coupe Stanley ont changé d'entraîneur en cours de saison. Les Penguins de Pittsburgh ont remplacé Therrien avec Dan Bylsma en 2008-09. Les Kings de Los Angeles ont remplacé Terry Murray par Darryl Sutter en 2011-12. Les Penguins ont remplacé Mike Johnston avec Mike Sullivan, la saison dernière.
Quatre équipes ont congédié leur entraîneur cette saison avant que les Canadiens ne le fassent, mardi. Les Panthers avaient une fiche de 11-10-1 sous les ordres de Gerard Gallant; ils ont un rendement de 13-10-9 avec Tom Rowe. Les trois autres formations ont une fiche globale de 16-3-2 avec leur nouvel entraîneur, bien qu'il soit encore tôt.
Les Islanders avaient une fiche de 17-17-8 avec Jack Capuano, ils montrent un rendement de 8-2-2 sous les ordres de Doug Weight. Les Blues avaient une fiche de 24-21-5 avec Ken Hitchcock, ils montrent un rendement de 5-1-0 sous les ordres de Mike Yeo. Les Bruins avaient une fiche de 26-23-6 avec Julien, ils sont parfaits en trois matchs sous les ordres de Bruce Cassidy.
Les entraîneurs portent souvent le blâme pour des problèmes plus importants, mais parfois les mêmes joueurs répondent mieux à une voix différente ou sont ramenés sur terre par le changement. C'est aussi simple que ça. L'ironie, c'est que Bergevin a pu apprécier les effets positifs d'un tel changement quand les Canadiens ont été écrasés 4-0 par les Bruins, dimanche.
Les Canadiens ont amorcé la saison avec une fiche de 13-1-1, mais ils ont connu une importante baisse de régime par la suite (18-18-7). Ils n'ont gagné que six matchs à leurs 18 dernières rencontres (6-10-2), et affichent un rendement de 1-5-1 à leurs sept derniers affrontements. Ils ont notamment été blanchis trois fois au cours de cette séquence.
Mais ils peuvent toujours compter sur Price dans les buts, sur Weber en défensive, sur Max Pacioretty à l'attaque et sur assez de profondeur pour offrir de meilleures prestations. Ils profitent présentement d'un congé de cinq jours.
Lorsqu'ils reprendront l'action contre les Jets de Winnipeg au Centre Bell samedi (14h HE; TVA Sports, CBC, SN), ils seront reposés et en santé. Ils auront un nouvel entraîneur qui a gagné la Coupe Stanley et qui jure par la discipline et la structure. On s'attendra d'eux qu'ils regagnent leur identité ou qu'ils en forgent une nouvelle, et ce, rapidement.
Les Canadiens ne sont pas les favoris pour gagner la Coupe Stanley parce que Julien est maintenant leur entraîneur. Mais il n'y a aucune raison de penser qu'ils ne puissent pas orchestrer un revirement de situation. S'ils prennent leur rythme, qui sait? Nous ne pouvons qu'espérer que les Dieux du hockey soient assez sympathiques pour nous offrir une série entre les Bruins et les Canadiens afin qu'on puisse voir Julien mener sa nouvelle équipe contre son ancienne dans un nouveau chapitre de la rivalité.
Les conférences de presse à elles seules seraient divertissantes... dans les deux langues.