macarthur celly

OTTAWA -Cet enfant, qui aura deux ans en mai, se tenait dans l'ascenseur, le dos contre la paroi. Son chandail des Sénateurs d'Ottawa était partiellement caché, il était donc difficile de voir quel joueur il avait choisi. Il a simplement admis que son père était un joueur de hockey, qu'il évoluait pour les Sénateurs, et lorsqu'il lui a été demandé si son père allait compter dans le match présenté dans la soirée, le match no 2 contre les Bruins de Boston samedi, il a répondu oui.
Dans un sens, il ne pouvait que répondre en songeant que son père avait peut-être déjà marqué des buts. Cependant, l'attaquant des Sénateurs Clarke MacArthur n'avait pas touché la cible depuis le 9 avril 2015, soit toute la durée de la vie de Gus, puisqu'il avait passé les deux dernières saisons à combattre les conséquences de quatre commotions cérébrales subies en 18 mois.

Mais soudain, à 10:57 de la deuxième période, son tir s'est retrouvé derrière le gardien des Bruins Tuukka Rask, ce qui créait l'égalité en avantage numérique. Il a levé les bras au ciel, et a célébré en compagnie de toute la population d'Ottawa.

Les paroles de son fils sont devenues réalité. Clarke MacArthur avait marqué. Ce fut un moment de joie pure pour tout le monde, pour ses coéquipiers et ses entraîneurs, pour les partisans des Sénateurs qui ont souffert avec lui, probablement pour Gus lui-même, bien que MacArthur se soit désolé plus tard qu'il « n'allait pas s'en souvenir ».
Ce ne fut qu'un détail, à la fin de la soirée.
Ce moment est tout ce qui comptait, le but le plus important et le plus lourd de sens de la carrière de MacArthur dans la LNH, un retour officiel sur une scène qu'il craignait à un certain moment avoir quitté pour toujours.
« Je serai honnête avec vous, j'avais la chair de poule et tout ce qui y est associé parce que vous savez ce qu'il a traversé, a mentionné l'entraîneur des Sénateurs Guy Boucher. Vous savez à quel point les joueurs se sentent concernés, et c'est la même chose pour moi.
« Voir tout ce qu'il a fait pour revenir au jeu est une chose, le voir jouer aussi bien en est une autre, mais de le voir marquer en séries éliminatoires, de le voir lever les bras au ciel… je pense que toute la ville a fait la même chose au même moment. »
En janvier, les Sénateurs ont annoncé que la saison de MacArthur était terminée, et que sa carrière était en péril, après qu'il eut échoué à un test de base pour une commotion cérébrale. Le directeur général Pierre Dorion avait déclaré que les médecins des Sénateurs n'avaient pas le sentiment que l'attaquant de 32 ans devait retourner sur la glace cette saison. Trop risqué, croyaient-ils. MacArthur a commencé à songer à la retraite.
Alors qu'il tentait d'effectuer un retour au jeu à la suite d'une commotion cérébrale subie le 14 octobre 2015, MacArthur en a subi une autre trois jours après le début du camp d'entraînement cette saison lorsqu'il a été frappé par son coéquipier Patrick Sieloff. Il a de nouveau essayé de renouer avec l'action, a travaillé pour retourner sur la glace, mais il semblait qu'il n'allait pas avoir autant de chance cette fois.
Malgré tout cela, il était présent à la fin de la saison régulière. Il était présent sur la glace pour les matchs no 1 et 2 contre les Bruins. Il était présent près du filet pour recevoir une passe de Bobby Ryan avant de battre Rask. Il était présent, la tête haute et les bras encore plus hauts, se laissant bercer par l'adulation et les cris de la foule.
« Fantastique, a commenté MacArthur. C'était tout simplement un sentiment incroyable. On aurait dit que tout le monde souhaitait que je marque. C'est ce que j'ai ressenti. Toute la ville semblait avoir suivi mon parcours des deux dernières années, alors que j'essayais d'effectuer des retours, et de recevoir cette ovation, c'était simplement…
« Probablement le plus beau moment de ma carrière. »
Et pas seulement pour lui.
Dion Phaneuf connaît MacArthur depuis des années, soit depuis leur passage dans les rangs juniors, et même avant alors que les deux ont grandi en Alberta. Ils ont été adversaires et coéquipiers, et sont devenus amis en cours de route. C'est pourquoi ce qui s'est produit signifie autant pour Phaneuf, un peu de MacArthur qui est passé bien près de reléguer son but gagnant en prolongation au second plan, un but que Phaneuf a qualifié de plus important de sa carrière.
Ce but a permis aux Sénateurs de l'emporter 4-3 et de créer l'égalité 1-1 dans leur série de première ronde de l'Association de l'Est. Le match no 3 sera présenté au TD Garden de Boston lundi (19 h (HE); TVA Sports, CNBC, SN, NESN).
« Il est impossible de dire assez de bien de Clarke, de la manière dont il a continué à travailler pour revenir au jeu pour notre équipe et pour tout ce qu'il a traversé, a déclaré Phaneuf. En tant qu'ami proche, de l'avoir vu surmonter toutes ces épreuves, avec toute la ville, tout l'amphithéâtre, absolument tout le monde derrière lui. Il y a une raison pour cela.
« Il est un élément important de notre équipe, et son dévouement afin de revenir au jeu et de le voir faire tout ce qu'il peut pour nous aider est simplement incroyable. »

Pour MacArthur, cette attente a semblé durer une éternité, chacun de ces jours s'étirait jusqu'au prochain, sans hockey, sans marquer, sans la certitude qu'il allait renouer un jour avec l'une ou l'autre de ces choses. Ces vides ont tous été comblés samedi, alors que ses coéquipiers l'ont entouré et que les acclamations pleuvaient, après qu'il eut réussi une chose qu'il semblait destiné à ne plus jamais réussir.
« Ce fut très spécial, a avoué Boucher. L'un des moments les plus spéciaux que j'ai vécus comme entraîneur, car tout le monde dans l'amphithéâtre, les joueurs, l'organisation célébraient à la suite d'une situation qui a certainement été très, très difficile à vivre au cours de la dernière année. »
MacArthur a été patient. Il a attendu toute la saison, a attendu d'avoir pleinement récupéré, a renoué avec l'entraînement, avec un mélange d'espoir et de détermination, même lorsque ses chances semblaient très minces.
C'est ce qui lui a permis d'être sur la glace samedi, de recevoir cette passe de Ryan, de battre Rask. C'est ce qui lui a permis de lever la tête et les bras, de marquer un premier but au cours des deux ans de vie de son fils Gus, une chose qu'il n'oubliera absolument jamais, même si Gus pourrait ne pas en garder le souvenir.
« Je ne vais assurément jamais tenir mon dernier but pour acquis, a conclu MacArthur. C'est certain. »