Carey Price MTL

BROSSARD -- Quand Carey Price prend soin de placer ses grosses jambières devant lui avant de s'adresser aux médias, c'est qu'il s'apprête habituellement à repousser toutes les questions.
C'est exactement ce qui s'est produit, lundi. Le gardien vedette des Canadiens de Montréal s'est braqué devant les journalistes comme il le fait devant les tirs des rivaux sur la glace.
« Oui… Non… Je suis d'accord », ce sont à peu près les seuls mots qu'il a prononcés en un peu moins de deux minutes qu'a duré le supplice.

On lui a demandé s'il tentait de faire sa meilleure imitation de Marshawn Lynch, joueur de football des Seahawks de Seattle qui avait inlassablement répété la même courte réponse à toutes les questions qu'on lui avait posées avant le Super Bowl en 2015.
« Non », a-t-il répondu en esquissant un sourire.
À la fin, la situation était devenue loufoque.
Price n'a évidemment pas voulu revenir sur l'incident impliquant Chris Kreider qui l'a mis K.-O. lors de la dernière confrontation en séries éliminatoires entre les deux équipes, en finale de l'Association de l'Est en 2014.
Rappelons les faits : Match inaugural de série au Centre Bell, le 17 mai, les Rangers sont en avant 2-0 au score, début de deuxième période. Kreider se défait du défenseur Alexei Emelin au centre de la patinoire et se dirige à fond de train vers le filet de Price. Emelin lui fait perdre l'équilibre et Kreider fonce directement sur Price, qui se blesse au genou droit.
Price est demeuré dans l'action, complétant la deuxième période. Il n'est pas revenu pour le début du troisième vingt, ni pour le reste de la série. Dustin Tokarski a fait de son mieux en remplacement. Les Rangers ont finalement enlevé les honneurs de la finale de l'Est en six matchs.
L'affrontement a laissé des traces. La rivalité s'est intensifiée au cours des saisons suivantes. Les partisans du Tricolore n'ont pas oublié Kreider. Price également. Le gardien a savouré une douce revanche en renversant Kreider au cours d'un match au Centre Bell, le 15 octobre 2015.
À New York lundi, Kreider a simplement dit à la blague qu'il avait appris à freiner depuis ce temps.
« Nous avons un très bon entraîneur de patinage. Il m'a montré comment arrêter. »
Sérieusement, Kreider a mentionné qu'il n'a pas modifié son style.
« Je suis efficace quand je me dirige vers le filet adverse, a-t-il avancé. Je ne possède pas un bon tir sur réception. Je ne marque pas mes buts à distance. Je dois me rendre près du but et enfoncer la rondelle dans le but ou tenter de la faire dévier dedans. »
Retrouvailles Julien-Vigneault
Julien n'était pas à la barre des Canadiens, il y a trois ans. Son prédécesseur Michel Therrien avait eu maille à partir avec « son ami » Alain Vigneault qui est encore l'entraîneur des Rangers.
Julien et Vigneault sont également des amis, de vieilles connaissances puisqu'ils se sont connus au hockey mineur dans la région de l'Outaouais.
Ils ont évolué ensemble dans les rangs mineurs professionnels dans l'organisation des Blues de St. Louis, à Salt Lake City.
Leur chemin se sont croisés souvent comme entraîneurs dans la LNH. En 2011, leur amitié a été mise à rude épreuve par un duel en Finale de la Coupe Stanley. Julien et les Bruins de Boston ont eu le meilleur face à Vigneault et les Canucks de Vancouver, au bout de sept matchs.
« Notre relation a été entachée, mais le temps a arrangé les choses. Je voue le plus grand respect à l'endroit de Claude. »
Julien a dit que Vigneault et lui peuvent faire la part des choses et qu'ils demeurent des amis malgré tout.
C'est la première fois depuis 2011 qu'ils se retrouvent en séries éliminatoires.
« Il existe un respect mutuel entre nous. Nous jasons ensemble dès que la chance se présente. Mais en séries, nous tournons nos chapeaux de côté. Il y a le volet personnel et le volet professionnel. Nous pouvons nous lancer des flèches, ça n'a rien à voir. Nous pouvons faire la différence. »
La rivalité entre les deux comparses risque de vite renaître de ses cendres. Julien a déjà averti qu'il n'hésitera pas à se porter à la défense de ses troupiers.
Vigneault a lancé un premier pavé dans la marre en provenance de New York en affirmant que les Canadiens doivent être établis comme les favoris de la série en raison de l'excellente fin de saison qu'ils ont connue.
Les Rangers (48-28-6) ont amassé un seul point de moins que le CH (47-26-9). Ils retrouvent le CH, champion de la section Atlantique, au premier tour parce qu'ils ont dû se contenter du statut de première équipe de quatrième as de l'Association de L'Est après avoir terminé au quatrième rang de la très compétitive section Métropolitaine.
Le Tricolore a remporté ses trois matchs contre les Rangers en saison régulière. Mais comme on s'est évertué à le dire chez les joueurs lundi, ça ne veut absolument rien dire. Une nouvelle saison va s'amorcer dès mercredi.
Pas d'espionnage
Vigneault a par ailleurs révélé que les équipes avaient conclu une entente selon laquelle il leur est interdit de surveiller les séances d'entraînement de l'équipe adverse. Il y a trois ans, la présence dans les gradins du Madison Square Garden d'un membre du personnel d'entraîneurs des Rangers, Ulf Samuelsson, à une séance d'entraînement des Canadiens avait provoqué la colère de l'entraîneur Therrien. Ce qu'on avait qualifié à l'époque de « Spygate » n'avait fait qu'ajouter de l'huile sur le feu à la guerre de mots que se livraient Vigneault et Therrien.
« Il a été convenu que chacune des équipes ne peut pas assister aux séances d'entraînement de l'autre. Pour ce qui est des séances d'entraînement matinales, c'est correct, a expliqué Vigneault. Personnellement, ça ne me dérange pas du tout, mais bon c'est ce que (les directeurs généraux) Marc (Bergevin) et Jeff (Gorton) ont décidé. Ce sont les patrons. Si c'est ce qu'ils veulent, nous le ferons. »