Price

La fenêtre d'opportunité qui donne aux Canadiens de Montréal les meilleures chances de mettre fin à la plus longue disette sans Coupe Stanley de leur histoire se referme un peu plus à chaque jour, et pourtant l'équipe est contrainte de maintenir le statu quo.
Le directeur général Marc Bergevin a annoncé jeudi que le gardien Carey Price ne serait pas en mesure de revenir au jeu avant une autre période d'au moins trois à quatre semaines, en raison d'une blessure au bas du corps qui le garde à l'écart du jeu depuis le 25 novembre. Cette annonce, dans les faits, signifie que Bergevin n'avancera pas de grosse mise au milieu de la table dans le but d'aspirer plus sérieusement à la Coupe Stanley cette saison.

Le retour au jeu de Price surviendrait bien trop près de la date limite des transactions de la LNH du 29 février pour que Bergevin puisse savoir si son joueur le plus important, qu'il a qualifié de meilleur joueur au monde, sera au sommet de son art et, plus important encore, assez solide physiquement pour résister aux affres d'un parcours prolongé en séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
Avec cela en tête, comment Bergevin pouvait-t-il miser toute sa cagnotte et échanger des atouts importants pour l'avenir afin d'obtenir une aide immédiate en vue des prochaines séries?
Ce n'est pas un scénario qu'il peut se permettre d'envisager. Pas en toute bonne conscience.
Bergevin sait très bien que les Canadiens ne peuvent espérer remporter la Coupe Stanley sans un Price qui est non seulement en santé, mais qui est aussi capable d'offrir son meilleur niveau de jeu. Si Price avait été en mesure de revenir au jeu immédiatement après la pause du Match des étoiles, comme l'entraîneur Michel Therrien l'avait auparavant laissé entendre, cela aurait donné assez de temps à Bergevin pour évaluer son gardien et son équipe avant l'arrivée de la date limite des transactions.
Mais puisque Price ne reviendra pas avant le 12 février, et que son retour se fera probablement encore plus tard que cela, la marge de manœuvre de Bergevin s'est à toutes fins utiles évaporée.
« Je ne ferai pas de transactions si je ne crois pas qu'elles puissent nous faire avancer, a déclaré Bergevin. Je ne suis pas prêt à sacrifier l'avenir des Canadiens pour une solution à court terme, ou à me départir d'un jeune joueur qui aura du succès ailleurs et que nous le regrettions pendant plusieurs années. »
Mais pendant combien de temps Bergevin peut-il vraiment attendre? Il ne veut pas hypothéquer son avenir en retour d'un possible parcours intéressant ce printemps; mais reste que la vérité c'est qu'à bien des égards, le futur c'est maintenant.
Quand on regarde la situation actuelle des Canadiens, on constate qu'ils ne peuvent se permettre de gaspiller une saison; mais c'est essentiellement ce que la blessure à Price est en voie de forcer Bergevin à faire. C'est pourquoi la situation est aussi désastreuse.
Price écoule présentement la quatrième année de son contrat de six ans au montant de 39 millions $ dont le montant annuel calculé aux fins du plafond salarial s'élève à 6,5 millions $, selon war-on-ice.com. Le meilleur marqueur de l'équipe, Max Pacioretty, en est à la troisième année d'un contrat de six ans de 27 millions $, dont la valeur annuelle pour le plafond salarial est de 4,5 millions $.
Il s'agit de deux contrats favorables pour l'organisation, et c'est là une situation dont les Canadiens doivent tirer profit en utilisant les économies faites au niveau de la masse salariale pour ajouter des pièces qui viendront bien compléter leur noyau dur de joueurs.
Price sera admissible à devenir joueur autonome sans compensation le 1er juillet 2018. Cette date-là pourrait être considérée comme la fin de la fenêtre d'opportunité optimale des Canadiens en ce qui concerne leurs espoirs de remporter la Coupe Stanley.
Avant le début du camp d'entraînement, le défenseur P.K. Subban avait évoqué la nécessité qu'on ressente un certain sentiment d'urgence chez les Canadiens cette saison, et qu'il revenait aux joueurs de forcer la main de la direction au moment où arriverait la date limite des transactions.
« Nous avons montré que nous pouvons être une équipe de premier plan dans cette ligue, et maintenant il s'agit d'aller de l'avant et de franchir la prochaine étape de notre développement », a déclaré Subban au tournoi de golf des Canadiens, le 10 septembre. « Je crois qu'il s'agit aussi de travailler de façon à ce que la direction se retrouve obligée à prendre des décisions dans le dernier droit, sur la possibilité d'aller chercher un joueur ou deux pouvant nous aider à gagner.
« Je sais que dans mon cas, je commence à ressentir de la fébrilité; je ne veux pas attendre deux ou trois ans encore avant que les gens commencent à dire que nous sommes des aspirants à la Coupe Stanley. Je veux en remporter une maintenant. »
Pendant que Subban parlait, Price était entouré de représentants des médias quelques mètres plus loin. Les deux piliers de l'organisation s'apprêtaient à mener les Canadiens vers cet objectif d'aspirer à une Coupe Stanley.
Maintenant, ces espoirs se sont pratiquement évanouis, du moins en ce qui concerne le volet où Bergevin devra prendre certaines décisions dans le dernier droit, comme Subban y faisait allusion.
Le message principal qu'a transmis Bergevin, jeudi, semble être que ceci est son équipe, pour le meilleur ou pour le pire. Il cherche à l'améliorer, mais il n'hypothéquera pas l'avenir pour y arriver.
Quand ce message a été exprimé, le compte à rebours menant vers la fin du contrat de Price s'est accéléré considérablement; et peut-être que la fenêtre d'opportunité des Canadiens pour remporter la Coupe Stanley est en voie de se refermer tout aussi rapidement.