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Tous les jeudis de la saison régulière, LNH.com présentera un espoir admissible au prochain repêchage de la LNH. Aujourd'hui, l'un des meilleurs espoirs québécois: Tristan Luneau, des Olympiques de Gatineau.

GATINEAU - Tristan Luneau s'enfonce dans le divan du lounge des joueurs des Olympiques de Gatineau, et un sourire gêné se dessine sur son visage. Clairement, il ne s'attendait pas à la question qu'on vient de lui poser.
« Ah, Louis (Robitaille) t'a parlé de ça? », lance-t-il en riant. Oui, son entraîneur a effectivement peut-être un peu trop parlé - à notre plus grand plaisir. « Ça », c'est le cahier de notes que le défenseur remplit soigneusement dès qu'il voit quelque chose qui pourrait l'aider à s'approcher de son but ultime.
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Ce peut-être le beau jeu d'un défenseur qu'il admire, une information utile sur l'alimentation ou le sommeil, une citation inspirante, ses objectifs de la semaine ou des aspects de son jeu qu'il doit travailler. Luneau a déjà lu quelque part que Zdeno Chara prenait beaucoup de notes. Il a simplement décidé de s'en inspirer.
« Comme ça, je peux avoir un suivi sur la façon dont je me suis amélioré dans la semaine », explique-t-il le plus normalement du monde. « Ça m'aide à avoir une vision claire de ce que je vais faire. Si tu veux dominer dans la LNH, tu dois avoir quelque chose de différent des autres, avoir une coche sur l'opposition. »
Pour lui, c'est la norme. La méthode Luneau, en quelque sorte. Pour ceux qui gravitent dans le monde du hockey depuis longtemps, c'est plutôt une exception. Rares sont les jeunes de son âge qui sont autant minutieux et prêts à en faire autant pour parvenir à leur but.
Ceux qui ont du plaisir à le faire sont encore plus rares.
« C'est un gars avec une maturité incroyable », résume d'emblée Robitaille, l'entraîneur et directeur général des Olympiques, bien assis dans son bureau fraîchement peint du tout nouveau Centre Slush Puppie.
« Par la manière dont il fait les choses tous les jours, il est un exemple de préparation. J'ai rarement vu ça, que ce soit chez les professionnels ou dans le giron de Hockey Canada, un jeune aussi dédié à faire les détails. Il met toutes les chances de son côté et c'est ce qui me fait dire qu'il aura une longue carrière. »
Elle ne fait peut-être que commencer, mais le natif de Victoriaville laisse sa trace partout où il passe depuis plusieurs années déjà. Sa passion et son obsession - disons les choses comme elles sont - du hockey font partie de lui, de son identité.
C'est toujours la première chose qui ressort des discussions avec ceux qui l'ont côtoyé le long de son parcours. Même chez ceux qui ont fait sa connaissance alors qu'il avait l'âge à laquelle les longues soirées sur Fortnite ont un peu plus la cote que les bonnes et longues nuits de sommeil.
« On en voit passer des bons joueurs chez nous, mais il y en a pour qui l'aspect hors glace, les habitudes de vie et de travail font défaut. Ça finit toujours par les rattraper. Même en bas âge, Tristan savait ce qu'il voulait et il faisait les sacrifices nécessaires. Ça laissait présager de bonnes choses », s'est souvenu Frédéric Lavoie, qui l'a dirigé pendant deux saisons avec les Estacades de Trois-Rivières dans le midget AAA.
Il faut préciser ici que Luneau a joint les rangs de l'organisation dès l'âge de 14 ans puisqu'on avait jugé qu'il serait bon pour son développement qu'il soit surclassé au lieu de jouer une autre année au niveau bantam. Il était donc le plus jeune de son équipe, mais déjà un exemple à suivre.
« Il mange du hockey: il était le premier sur la glace et le dernier sorti. Je me souviens que ses habitudes de travail m'avaient vraiment impressionné », a souligné son ancien coéquipier des Estacades, Zachary Bolduc - le choix de premier tour des Blues de St. Louis au dernier repêchage.
« Il faisait déjà absolument tous les petits détails qui l'aidaient à performer de match en match. C'était impressionnant de sa part, et sa manière de faire les choses a eu un effet positif sur le reste de l'équipe. »
Pas très surprenant qu'on ait apposé le « C » de capitaine sur son chandail, l'année suivante, et qu'il risque fort bien d'arborer une lettre sur son chandail des Olympiques à sa deuxième saison dans le circuit junior québécois.
Jamais assez
Pendant la trentaine de minutes que dure notre entretien, Luneau raconte son parcours avec aplomb et parle avec passion de ce qui l'a mené jusqu'aux portes de la LNH. Surtout de ce qu'il doit encore améliorer pour atteindre ce dont il rêve depuis qu'il a commencé à regarder les matchs des Canadiens de Montréal à la télé.
Il évoque son esprit de compétition à plusieurs occasions: il veut être le meilleur dans sa connaissance du hockey, le plus flexible, le plus reposé, le plus fort, le plus endurant, etc. À un point tel où on doit lui demander si ça s'arrête quelque part.
« Je m'intéresse beaucoup à tout ce que je peux faire (en amont) pour être capable de me concentrer sur le hockey quand je suis sur la glace, répond-il. J'aime savoir que je n'aurais rien pu faire de plus pour être prêt pour un match. Ce n'est pas quelque chose de lourd, c'est quelque chose que j'aime faire.
« Si je ne le fais pas, je sens que je ne me suis pas donné toutes les chances de connaître le meilleur match possible. C'est un peu une obsession que j'ai d'être le meilleur que je peux dans tous les aspects. »
Se donner toutes les chances. La vie de Tristan Luneau tourne autour de cette philosophie depuis des années, et il en redemande encore et encore. Plus facile, désormais, de comprendre pourquoi son entraîneur lui prédit déjà une longue carrière.
« Ce sera un leader dans la LNH, un bel exemple pour les jeunes, a projeté Robitaille. Il va faire tout en son pouvoir pour représenter son organisation de la bonne façon. Tu veux qu'il porte le chandail de ton équipe. »
Photo : Jonathan Roy / LHJMQ