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BROSSARD -Marc Bergevin affirme que ce n'est pas un incident en particulier, une mésentente ou une prise de bec, qui l'a incité à remercier de ses services l'entraîneur des gardiens Stéphane Waite, après la deuxième période du match des Canadiens de Montréal au Centre Bell, mardi.

Le directeur général de l'équipe a assuré en visioconférence, mercredi, avoir longuement mûri la décision qu'il a prise.
« Je n'allais pas prendre la décision tant que je ne serais pas convaincu que c'est la bonne à 100 pour cent, même pas à 98 pour cent. J'ai eu cette certitude pendant la journée de mardi », a expliqué Bergevin, au lendemain de la victoire de 3-1 du CH contre les Sénateurs d'Ottawa.
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Bergevin est arrivé à la conclusion que Waite, qui était en poste depuis 2013, n'était plus l'homme de la situation afin de relancer Carey Price.
« Je n'ai pas basé ma réflexion que sur cette saison. J'observais la répétition de tendances des dernières saisons », a soulevé Bergevin, en reprenant les propos qu'il a tenus à la suite du congédiement de l'entraîneur Claude Julien et de son acolyte Kirk Muller, la semaine dernière.
« J'estimais qu'un changement de voix et de message était rendu nécessaire, a-t-il renchéri. Ma tâche consiste à fournir les meilleurs outils permettant aux joueurs de connaître du succès. Je ne fais jamais un changement pour en faire un. Il faut parfois écouter son instinct. Mon instinct me disait que c'était le moment de faire un changement. »
Il a mentionné que le successeur Sean Burke, qui est affublé du titre de directeur des gardiens dans une nouvelle structure restant à définir, possède le bagage nécessaire afin d'être cette nouvelle voix.
« Il a de l'expérience et de la crédibilité, a-t-il commenté. Il a porté les grosses jambières dans la Ligue. Il a fait du bon travail avec les gardiens en Arizona (Coyotes). Il peut se mettre dans la peau d'un gardien qui connaît des hauts et des bas. Il va aider Carey. J'ai confiance en lui. »
Price ne savait pas
Bergevin a indiqué que Price n'a aucunement été impliqué dans le processus décisionnel. Il a précisé que le gardien vedette a été mis devant le fait accompli, après qu'il eut répondu aux questions des journalistes mardi soir.
Il a précisé plus tard que l'entraîneur Dominique Ducharme avait été mis au courant, mais qu'il n'avait absolument rien à voir dans la décision. Et qu'il avait consulté l'éventuel remplaçant de Waite, objectivement, sans lui offrir le poste.
« Comme chef d'entreprise, le jour où je vais consulter un joueur pour avoir son opinion, ça ne marchera pas, a-t-il martelé. Jamais, je n'opérerai de cette façon. Carey a été prévenu après le match. Je ne lui ai jamais demandé ce qu'il pensait. Si je fais ça, c'est que je ne suis pas le bon gars pour le 'job'. »
Le DG a mentionné que Price a peu réagi en accueillant la nouvelle.
« C'est un homme de peu de mots. Il n'a pas dit grand-chose. Il a simplement dit qu'il comprenait et qu'il appuyait la décision », a rapporté Bergevin.
Une accumulation
En visioconférence mercredi, Price s'est dit reconnaissant à l'endroit de Waite pour tout le travail accompli au cours des sept dernières années et plus. Il a précisé avoir pu s'entretenir avec lui au téléphone, après le match. Price avait toutefois le regard résolument tourné vers l'avenir.
« Il faut aller de l'avant et vite. Ce n'est pas le temps de se morfondre. Il faut resserrer les rangs et revenir fort le plus rapidement possible. »
Price a tout de même reconnu que l'usure du temps avait fait s'effriter sa relation avec Waite.
« C'est une accumulation de petites choses, tant sur les plans psychologique que technique, a-t-il laissé tomber. Parfois, les changements sont bons. Une nouvelle voix peut être positive. Pas que je n'appréciais plus celle de Stéphane. »
Price s'est dit optimiste de pouvoir nouer des liens rapides avec Burke, qu'il connaît déjà quelque peu.
« J'ai déjà travaillé avec 'Burkie', mais pas longtemps. J'ai hâte de le faire plus étroitement. C'est un très bon gars. C'est facile de lui parler. Le plan n'a pas été encore établi, mais nous travaillerons à simplifier les choses. »
D'ici à ce que Burke et sa famille, qui sont établis en Arizona, complètent leur période de quarantaine au Québec, l'entraîneur des gardiens du Rocket de Laval Marco Marciano occupera le poste chez le CH. À sa première journée mardi, Marciano a déplacé beaucoup d'air avec Price et les deux autres gardiens, avant et après la séance d'entraînement de l'équipe.
« Il est très enthousiaste et il a de l'énergie à revendre. Ce sera agréable », a brièvement réagi Price au sujet de Marciano.
« N'allez pas là… »
Waite est la troisième victime collatérale des insuccès de Price cette saison, après Julien et Muller. Bergevin a toutefois mal digéré qu'on avance que les trois entraîneurs congédiés l'ont été en raison des contre-performances de Price - fiche de 6-4-3, moyenne de 2,96 et pourcentage d'arrêts de 0,893.
« N'allez pas là, ce n'est pas du tout ce qui a coûté les postes des trois entraîneurs », s'est-il presque emporté. « Je ne suis pas ici pour le protéger ni le blâmer. Nous gagnons et nous perdons comme une équipe. Ce n'est jamais la faute d'un seul joueur. »
La décision a tout de même sûrement été prise avec l'objectif de provoquer un électrochoc pour Price.
« Carey est un athlète fier. Il veut toujours 'performer' au sommet de son art. Pour avoir eu des discussions avec lui, il sait qu'il n'est pas à la hauteur et il est bien au fait des choses qu'il doit corriger. On n'a pas besoin de lui dire. Il demeure à mes yeux un des meilleurs gardiens de la LNH. Il a besoin d'aide et un gars comme 'Burkie' va l'aider. »
Soulignant ne pas être un expert en gardiens de but, Bergevin a utilisé la métaphore du golfeur qui a besoin d'entraîneurs pour chacun des aspects de son jeu.
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Annonce inusitée
Le moment du changement pour un entraîneur de gardiens, durant la saison régulière, est plutôt inusité. La façon dont on a communiqué la nouvelle à Waite, entre deux périodes d'un match, l'est tout autant.
« La raison pour laquelle je ne l'ai pas fait avant le match, c'est que je ne voulais pas que ça soit une source de distractions, a explicité Bergevin. Après deux périodes, Stéphane a terminé son travail pour la soirée. Je voulais que ce soit plus facile pour lui de récupérer ses affaires et de partir, sans qu'il n'y ait personne dans les alentours. »