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À première vue, Jérémy Lauzon a de grands souliers à chausser.
Le poste qu'il occupe désormais à la gauche de Charlie McAvoy, à la ligne bleue des Bruins de Boston, a longtemps appartenu à un certain Zdeno Chara. Mais maintenant que le défenseur format géant évolue sous d'autres cieux, le Québécois a sauté sur l'occasion qui se présentait à lui, et il compte bien laisser sa marque.

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« Tout au long de ma carrière, mon but était de jouer dans la LNH, mais aussi d'avoir un rôle important, a-t-il déclaré en entrevue avec LNH.com, vendredi. J'ai la chance de l'avoir en ce moment, et je me sens prêt pour ce défi-là. J'en veux toujours plus, ça fait partie du joueur que je suis.
« La saison dernière, j'ai mis le pied dans la porte et j'étais sur la troisième paire. J'étais super content, mais c'était clair que j'allais faire tout en mon possible pour gravir les échelons dans les années suivantes. »
Voilà qui est fait. Le départ de Chara vers Washington et celui de Torey Krug vers St. Louis ont ouvert la porte pour un virage jeunesse à la ligne bleue des Bruins, et le Val-d'Orien de 23 ans en est une des figures de proue. Ne lui reste plus qu'à prouver à l'organisation qu'il peut être à la hauteur en tout temps.
Et quand on dit être à la hauteur, il s'agit surtout de bien faire dans les limites du nouveau rôle qui lui est confié. Être à la hauteur de son prédécesseur serait un peu compliqué, dans tous les sens du terme.
« Nous ne leur demandons pas de remplacer les joueurs qui ont quitté, a déclaré l'entraîneur-chef Bruce Cassidy, il y a quelques jours. Nous leur demandons d'offrir le meilleur d'eux-mêmes chaque soir et de continuer à s'améliorer au cours de la saison. C'est le défi qui se présente à eux en ce moment. »
« Chara, c'est une légende, a renchéri Lauzon. Je serais très surpris s'il n'avait pas sa place au Temple de la renommée, un jour. Je veux me concentrer sur mon jeu. Si je commence à penser à remplacer Zdeno et ce qu'il apportait à l'équipe, ce serait facile de me perdre là-dedans. »
Lors du match d'ouverture de la saison - une victoire de 3-2 en tirs de barrage contre les Devils du New Jersey, jeudi - les Bruins ont aligné trois défenseurs de 23 ans; Lauzon, McAvoy et Jakub Zboril. Du haut de ses 24 ans et 297 matchs d'expérience dans la LNH, Brandon Carlo aurait pu passer pour un vétéran aguerri.
Le pire dans tout ça, c'est que des jeunes prometteurs comme Connor Clifton, 25 ans, et Urho Vaakanainen, 22 ans, attendent impatiemment leur tour sur les lignes de côté. C'est exactement pour cette raison que le Québécois sait que rien n'est acquis malgré cette belle marque de confiance.
Il devra continuer d'être un atout pour McAvoy sur une base quotidienne, sans quoi Cassidy pourrait être tenté d'essayer une autre recette.
« Je pense que j'ai prouvé durant le camp que j'avais ma place à ses côtés, a indiqué l'ancien des Huskies de Rouyn-Noranda. On ne se le cachera pas, McAvoy c'est un des meilleurs défenseurs de la LNH. Je joue pour le rendre meilleur, c'est là-dessus que je me concentre.
« Je le soutiens dans chaque zone, et je suis toujours là pour lui donner une option. On se complète bien parce qu'on est deux très bons patineurs. Ma force, c'est de gagner mes batailles à un contre un. Lui vient récupérer la rondelle et il fait son jeu. »
Point de bascule
L'émergence de Lauzon et l'arrivée de Zboril dans la formation viendront peut-être enfin mettre un petit baume sur le repêchage de 2015 de l'équipe, dont on a abondamment parlé.
On se souviendra que les Bruins avaient coup sur coup choisi Zboril, Jake DeBrusk et Zach Senyshyn en première ronde alors que Mathew Barzal et Thomas Chabot étaient notamment disponibles. Il s'agit probablement de l'exemple le plus utilisé après la phrase : « le repêchage n'est pas une science exacte ».
« Il y avait trois gars qui m'avaient convaincu, et Lauzon était l'un d'eux », s'est souvenu le recruteur québécois Denis Leblanc, victime d'une restructuration quelques mois avant cet encan, lui qui a travaillé pendant huit ans pour l'organisation bostonienne.
« Ç'avait été une bonne année pour les défenseurs de la LHJMQ, mais Chabot était une coche au-dessus des autres. Zboril était aussi sur notre liste, et l'autre était Lauzon. Il n'était pas spectaculaire, mais il était efficace dans les deux sens. Il m'avait convaincu. Le reste n'était qu'une question de développement. »
Ses trois saisons passées à Providence, dans la Ligue américaine, semblent désormais porter fruit. Sans le savoir à l'époque, les Bruins ont peut-être sauvé la mise en dénichant Lauzon au 52e échelon. Quand on dit que le repêchage n'est pas une science exacte…