vegas fan fest

LAS VEGAS - Les partisans se sont massés aux bords d'un tapis rouge long comme un pâté de maisons et ils ont assailli le devant de la scène. Des pères et des fils, des mères et des filles. Ils portaient des casquettes, des gilets et des chandails à l'effigie de leur équipe. Ils tenaient des affiches, des stylos et des téléphones. Ils criaient et ils chantaient.
Dix mille personnes, selon les estimations de Patrick Hughes, le président de Fremont Street Experience, un quartier de divertissement au centre-ville de Las Vegas.

Dix mille personnes. Pour une fête destinée aux partisans un dimanche après-midi. Pour une équipe d'expansion de la LNH à mi-chemin de sa saison inaugurale.
« Disons… Inattendu? », a lancé le gardien Marc-André Fleury en riant. « C'est complètement fou! »
N'est-ce pas là l'histoire de la saison des Golden Knights de Vegas? Inattendue? Complètement folle?
Cette fête devait avoir lieu le 3 octobre. Elle devait permettre de présenter l'équipe aux habitants de la ville. Or, elle fut reportée après que 58 personnes eurent trouvé la mort sur la Strip le 1er octobre dans la pire fusillade de masse de l'histoire des États-Unis.
Les Golden Knights ont plutôt visité les victimes, leurs familles, les premiers répondants et les banques de sang. Ils ont gagné leurs deux premiers matchs sur la route d'une façon dramatique, puis ils sont revenus à la maison pour remporter leur première partie au T-Mobile Arena le 10 octobre. Après une cérémonie d'avant-match émouvante qui a honoré les victimes et les premiers répondants et qui a rassemblé la communauté sous le thème de « Vegas Strong », ils ont encore gagné.
Et ils ont continué de gagner pour établir plusieurs records pour une équipe d'expansion. Ils présentent actuellement une fiche de 29-10-3. Avec 61 points en 42 parties, ils occupent le premier rang de l'association de l'Ouest et le deuxième de la LNH pour le pourcentage de points amassés (,726).
Las Vegas était censée vibrer pour sa première équipe sportive professionnelle d'une ligue majeure. Les Golden Knights étaient censés être assez bons, car le repêchage d'expansion de la LNH avait été conçu pour leur permettre de former une équipe plus talentueuse que les clubs d'expansion précédents.
Mais ça?
« Je crois que personne ne nous aurait imaginés là où nous sommes aujourd'hui », a admis le propriétaire Bill Foley. « Moi-même, je dois me pincer. »

bill foley

* * * * *
Les succès de l'équipe ont fait boule de neige autant sur la glace qu'à l'extérieur de la patinoire pour donner à Vegas une identité en dehors de la Strip. Ses partisans ont une équipe qui leur appartient, les parents ont un endroit où amener leurs enfants et les enfants ont un nouveau sport à pratiquer. Ça se mesure et ça s'observe.
Les Golden Knights jouent dans le T-Mobile Arena, qui est rempli à 103 pour cent de sa capacité. Ils y ont conservé un dossier de 18-2-2 et ils ont dû créer une liste d'attente pour l'achat de billets.
Les basses de la musique sont si puissantes pendant l'échauffement que les bouteilles d'eau vibrent sur la bande devant les bancs des joueurs. Les partisans sont bruyants. Et quand des partisans des équipes adverses viennent voir leurs favoris jouer et s'amuser en ville, l'ambiance est encore plus électrisante.
Ils étaient des milliers de partisans des Oilers d'Edmonton parmi la foule record de 18 351 spectateurs samedi soir, alors on a assisté à des duels d'hymnes nationaux et de chants. « Let's go, Oilers! » « Go Knights go! » Quand les Oilers l'ont emporté 3-2 en prolongation, les cris de joie ont fusé dans tout l'aréna. Après la rencontre, dehors sur la Toshiba Plaza et dans The Park, on se serait cru à Edmonton avec cette marée de maillots orange et bleu.
« C'est fou pendant les matchs », a déclaré l'attaquant Erik Haula. « Je ne suis jamais allé dans un amphithéâtre où c'est toujours aussi bruyant. C'est une atmosphère incroyable. Je ne m'y attendais pas du tout et tout le monde aime venir jouer ici. C'est probablement l'élément le plus étonnant. »
Il y a également les séances d'entraînement. Oui, les séances d'entraînement. Elles sont ouvertes au public au City National Arena, les nouvelles installations d'entraînement des Golden Knights à Summerlin, une communauté à environ 20 minutes à l'ouest de la Strip. Il y a environ 600 places assises et un espace pour accueillir des spectateurs debout à une extrémité de la patinoire.
Depuis la mi-décembre, les séances d'entraînement se déroulent fréquemment à guichet fermé. Vendredi, quand les Golden Knights se sont remis au travail après leur pause de cinq jours, les gradins et tout le reste de l'aréna étaient bondés. Alors, des partisans ont grimpé sur des bancs dans le vestibule pour regarder par les fenêtres.
Auparavant, des amateurs attendaient à l'extérieur pour avoir des autographes quand les joueurs sortaient du stationnement. Puis, d'autres se sont joints à eux et éventuellement, ils étaient près de 200 à attendre. Les joueurs s'arrêtaient pour signer des autographes, ce qui obstruait la sortie et les partisans se massaient dans la rue. Pour plus de sécurité, les Golden Knights ont alors créé un espace à l'intérieur où les jeunes de 14 ans et moins peuvent attendre les joueurs à leur sortie de la glace.
Les chandails de l'équipe sont tellement populaires que les Golden Knights ont dû se réapprovisionner à plusieurs reprises, selon le responsable du marketing Brian Killingsworth. Ils ont surpassé leurs prévisions de revenus dans les boutiques de l'équipe, soit l'Armory au T-Mobile Arena et l'Arsenal au City National Arena. Pas seulement leurs prévisions de revenus pour cette période-ci de l'année, mais pour l'année entière.
« C'est vraiment incroyable, a mentionné Killingsworth. Et on le voit. On le voit dans la communauté. On le voit partout. »
On voit des vêtements à l'effigie des Golden Knights partout en ville. On le voit quand les partisans se réunissent pour regarder les matchs à l'étranger de leur équipe, comme ils l'ont fait au City National Arena le 9 décembre. L'organisation a tenu une séance de patinage publique et elle a présenté la victoire de 5-3 des Golden Knights contre les Stars de Dallas sur un écran géant. Et c'était salle comble.
« Les enfants et les familles patinaient et quand on comptait un but, tout le monde criait de joie, a raconté Killingsworth. C'était très amusant, alors on va essayer de répéter l'expérience. »
Les Golden Knights viennent à peine d'entreprendre ce qu'ils espèrent être un investissement important dans le hockey mineur et leur programme « Learn to Skate » connaît déjà un succès monstre. Quatre-vingt-douze jeunes ont participé à la première session de cinq semaines du 12 septembre au 14 octobre, selon Killingsworth. La session actuelle qui va du 2 janvier au 24 février en compte 600.
Cela a tellement inspiré Peter Neal, le père de l'attaquant James Neal, qu'un jour, il est allé dans le vestiaire de l'équipe pour enfiler les patins de son fils et donner quelques leçons aux enfants. Il a été l'entraîneur de ses enfants quand ils étaient jeunes à Toronto et il est toujours entraîneur aujourd'hui.

vegas neal

« C'était drôle, a révélé James Neal. J'ai reçu quelques textos qui me disaient que mon père était sur la glace pour le programme "Learn to Skate". Je n'en revenais pas. C'est fou l'impact qu'on a dans la ville quand les enfants viennent voir nos matchs. Ils voient qu'on s'amuse et ils lisent notre enthousiasme sur nos visages, alors ça porte ses fruits. »
* * * * *
La région métropolitaine de Las Vegas compte 2,1 millions d'habitants et plusieurs viennent d'ailleurs. Ce sont des amateurs de hockey qui suivaient des équipes de hockey mineur locales ou d'autres formations de la LNH, mais d'autres ont découvert le sport grâce aux Golden Knights.
Farhan et Ellie Naqvi ont quitté Toronto pour s'installer à Las Vegas. Ils n'étaient pas des partisans des Maple Leafs de Toronto. Ils n'ont jamais assisté à une partie des Maple Leafs, mais Farhan est allé au match inaugural des Golden Knights à domicile et un déclic s'est produit.

naqvi vegas

« J'ai été tellement touché par ce premier match que je suis maintenant accro », a-t-il révélé.
Il a dit à Ellie qu'ils devaient y retourner avec leurs fils Shawn, 11 ans, et Daniel, 7 ans.
« Je lui ai répondu non, qu'on ne regardait pas le hockey. On n'y était jamais allé quand on était au Canada, a raconté Ellie. Mais il m'a convaincu d'aller voir un match. Donc, on y est allés, tous les quatre, et on a décidé qu'on devait se procurer des billets de saison. L'énergie est incroyable. »
Ils ont maintenant quatre billets de saison. Shawn et Daniel participent au programme « Learn to Skate ». Ils jouent au basketball, mais Daniel, en particulier, veut maintenant jouer au hockey.
« C'est devenu notre passion, a admis Farhan. On adore ça. On aime y aller avec les enfants. Je n'ai jamais vu un soutien aussi intense que celui-là, alors c'est génial. Et le fait qu'ils gagnent aide un peu, non? »
Pamela Salvador habitait dans le sud de la Californie avant de déménager à Las Vegas. Elle n'était pas une partisane des Ducks d'Anaheim ou des Kings de Los Angeles, mais elle et son mari, Ed Sidenstricker, ont assisté à une partie des Golden Knights. Puis, ils y ont amené leur fils de 6 ans, Rylan Sidenstricker.
Ils possèdent des billets de saison et Rylan participe au programme « Learn to Skate ». Il était sur la glace avec un chandail de Neal samedi matin, mais il va avoir besoin d'un chandail de Fleury parce qu'il veut être gardien de but.
« Sans les Knights, on ne serait pas ici, a affirmé Salvador. Il ignorait ce qu'était le hockey. »
Kelvin Marzan est originaire de Honolulu. Sa femme Valerie vient de Chicago. Il n'a jamais suivi le sport professionnel, mais elle, oui. Maintenant, les deux encouragent Vegas avec leur fils de 2 ans, Aden.

marzan family vegas

« On a la chance de pouvoir encourager notre équipe locale, a déclaré Valerie. C'est excitant. On a assisté à notre premier match et j'en avais la chair de poule. L'énergie et le soutien que donne notre ville à son équipe sont extraordinaires. »
Ils ont amené Aden à la fête des partisans.
« Aden, quelle est cette équipe? », a demandé Valerie en pointant le logo de Vegas.
« Les Knights! », a répondu Aden.
Ryan Leavitt, 7 ans, voulait devenir le Chevalier noir, mais maintenant, il veut devenir un chevalier doré. Sa mère, Katie, explique qu'il a délaissé Batman parce qu'il veut devenir un hockeyeur et il a demandé un équipement de hockey pour Noël.

ryan leavitt

Il ressemblait à un hockeyeur à la fête des partisans. Il portait une casquette et un chandail des Golden Knight. Grâce à un bâton élevé de son cousin dans la cour samedi, il avait même trois points de suture sur la lèvre inférieure.
* * * * *
Les Golden Knights n'ont plus besoin d'être présentés. La fête des partisans, qui a enfin eu lieu dimanche, fut une célébration de tout ce qui est arrivé lors des trois derniers mois et du lien qui s'est créé entre la ville et l'équipe.
Foley, l'entraîneur Gerard Gallant et les joueurs ont fait leur entrée par le gros gantelet au coin du boulevard Casino Center et de la rue Fremont. Ils ont défilé sur le tapis rouge allant de la rue Fremont à la 3e rue tandis que Chance, la mascotte, les survolait sur une tyrolienne. Ils ont signé des autographes, pris des autoportraits, fait des accolades et serré des mains. Peu importe s'ils étaient des joueurs du premier ou du quatrième trio, s'ils étaient des vétérans ou des recrues, tous ont été acclamés comme de véritables vedettes.

gallant

« On entend notre nom de tous les côtés, à gauche et à droite », a mentionné l'attaquant Pierre-Édouard Bellemare. « Les gens sont seulement contents qu'on soit là et ils sont toujours derrière nous. C'est incroyable. »
Foley est monté sur la scène de la 3e rue à l'extérieur du D Las Vegas, le casino du centre-ville officiel des Golden Knights, pour s'adresser à la foule.
« C'est tellement impressionnant, a-t-il dit. L'équipe s'inspire de vous autant que la ville s'inspire de l'équipe. Je suis très fier de notre équipe et de Las Vegas pour tout le soutien qu'elle apporte à cette merveilleuse organisation. »
Puis, les joueurs ont été présentés un par un en lançant des t-shirts dans la foule et en s'alignant côte à côte sur la scène pendant que les partisans scandaient « Go Knights go! » La foule était fière et bruyante. Les joueurs semblaient abasourdis.
« Je voulais filmer ça pour en garder un souvenir parce que c'était incroyable, a indiqué Bellemare. C'est une expérience unique. »
Et ce n'est que le commencement.
« C'est une très belle histoire jusqu'à présent, a ajouté Neal. J'espère qu'on va pouvoir la poursuivre. Cette ville va devenir une ville de hockey complètement folle. »