Je souligne au passage que les trois profitent évidemment de Giordano et Hamilton derrière eux. Reste que leur stabilité détonne du reste de la liste, étant les seuls à s'approcher du cap des 400 minutes jouées ensemble.
Le trio de Sean Couturier, Claude Giroux et Jakub Voracek est le seul autre à avoir franchi le cap des 300 minutes de jeu, mais on l'a séparé depuis une dizaine de matchs. Ce geste, posé lorsque les Flyers étaient en pleine glissade au classement, a surement été fait pour freiner la glissade, mais en associant Voracek à Valtteri Filppula, on n'a pas vraiment réglé de problème fondamental. Filppula continue
à perdre la bataille du taux de possession
et Voracek
s'est simplement mis à couler avec lui
. C'est à se demander si on ne s'est pas inventé un problème en procédant de la sorte.
Les autres trios de ce classement ont connu des sorts plus divers. Ainsi, Patrice Bergeron, David Pastrnak et Brad Marchand n'ont pas souvent été réunis jusqu'ici, notamment à cause de blessures diverses. Mais en exactement 200 minutes, ils ont marqué 10 buts sans en accorder un seul ! Cette unité de choc, sans contredit l'une des meilleures de la LNH, pèse lourd dans la balance pour les Bruins de Boston et contribue à faire des Bruins une des équipes à surveiller en deuxième moitié de saison. Si on croise la présence de ce trio avec le fait que Charlie McAvoy est aujourd'hui capable d'accompagner Zdeno Chara et qu'on ajoute que Brandon Carlo patrouille désormais le flanc droit de Torey Krug, Boston possède un haut d'alignement capable de tenir tête à n'importe qui dans la Ligue.
Les Golden Knights n'ont pas mis beaucoup de temps à identifier leur premier trio et s'en tiennent fidèlement à lui depuis un moment déjà. Ce qui doit être souligné dans ce cas-ci, c'est que cette unité est aux deux tiers constituée d'anciens des Panthers de la Floride. Plus précisément, ces deux joueurs ont coûté une sélection au repêchage d'expansion (Jonathan Marchessault) et un choix de quatrième ronde (Reilly Smith). Toute une aubaine !
Je note enfin que les Maple Leafs de Toronto ont deux trios dans cette liste, ceux d'Auston Matthews et de Tyler Bozak. Le travail de reconstruction s'est achevé l'an dernier dans la Ville Reine, et la présence de Mitchell Marner et de James van Riemsdyk aux côtés de Bozak, dans l'ombre de Matthews, illustre bien à quel point cette équipe regorge désormais de ressources à l'offensive. Sachant qu'en plus, Nazem Kadri s'impose de plus en plus sur le plan défensif, on voit bien que la montée en puissance de cette équipe ne repose pas simplement sur la présence d'un attaquant surdoué.
À regarder ces unités, mais aussi à voir comment certains joueurs étoiles sont absents de cette liste (je pense notamment à Sidney Crosby et à Connor McDavid, bien entendu), j'ai l'impression qu'on voit ici illustré l'envers de ce que les duos défensifs nous ont montré. C'est-à-dire que, si on accepte des défenseurs qu'ils auront des passages à vide sur le plan défensif, on est beaucoup moins patient avec les attaquants.
L'utilisation du différentiel brut des buts prévus pour identifier les bons trios n'est pas innocente. Pour arriver à un bon différentiel, un trio doit avoir passé un certain temps ensemble. Or, les entraineurs n'ont pas beaucoup de patience pour les unités qui accordent trop de buts, peu importe si c'est une question de compétence ou de malchance.
Regardez la liste des trios les plus utilisés depuis le début de la saison. Outre deux unités identifiées plus haut (celles de William Karlsson à Vegas et la ligne 3M de Calgary), tous les autres ont outrepassé leur différentiel de buts attendus.